Le festival fête ses 10 ans: les recettes de la Commedia dell’arte à la niçoise
Le festival international des arts du masque, du geste, de l’improvisation, fête du 20 juin au 5 juillet 2025 son 10e anniversaire. Son fondateur décrypte l’événement populaire organisé dans toute la ville.
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Christine Rinaudo (crinaudo@nicematin.fr)Publié le 19/06/2025 à 14:33, mis à jour le 20/06/2025 à 10:18
Frédéric Rey, avant-hier. Photo Ch. R.Nice Matin
"Une culture de terrain… tout terrain." Voilà comment Frédéric Rey synthétise la puissance populaire du Festival de Commedia dell’Arte, dont on fête le dixième anniversaire du 20 juin au 5 juillet 2025, partout dans Nice. C’est lui, ce chef d’établissement culturel, responsable de la programmation artistique du Centre culturel de la Providence, du théâtre de la Semeuse, qui a créé ce festival international mettant à l’honneur les arts du masque, du geste, de l’improvisation, et accueillant des compagnies françaises, italiennes ou espagnoles.
Commedia dell’Arte. Un théâtre masqué, né le 25 février 1545 dans la région de Venise. Arte comme "art de la comédie au sens de métier, de technique, de savoir-faire", précise Frédéric. Un style dominant dans toute l’Europe influençant Molière, Shakespeare et d’autres auteurs, qui a connu bien des tribulations. Interdit par l’Église, par Napoléon, agacés par ce bon sens populaire mis en scène grâce aux masques représentant tous les péchés humains. "Les masques, ce sont nos démons. Mais il y a aussi des personnages non masqués, miroirs du peuple, symbolisant la vertu comme Colombine, personnage le plus intelligent. En outre, c’est une femme. La Commedia dell’Arte est le premier théâtre féministe, attirant plusieurs publics, masculins comme féminins."
Polichinelle au carnaval
Et pourquoi ce genre scénique non littéraire crève-t-il depuis dix ans les planches de Nice? Nice, où, d’ailleurs, le premier roi du carnaval était Polichinelle, personnage clé de la commedia napolitaine, mannequin bourré de paille trônant dans la vieille-ville. Frédéric Rey clame sa passion pour cette forme théâtrale: "Ma mère, qui a travaillé au TNN, a connu Carlo Boso, maître du genre, responsable d’une école à Versailles et chez qui je suis allé suivre des stages. Une révélation! Ce théâtre me parlait émotionnellement et entrait dans le projet associatif de La Semeuse: l’éducation populaire."
En 2014 naît le festival. "Je l’ai créé avec des anciens élèves du théâtre ou des passionnés comme moi. C’est parti du fait que Carlo Boso était dans la région. On s’est dit: ‘‘Pourquoi pas organiser un festival avec lui?’’ Je l’ai contacté. Il est venu. On a démarré ainsi. Dans la foulée, Jean-Luc Gagliolo, alors élu délégué au Théâtre, est venu assister à une représentation et a pris conscience du travail de Carlo. Il m’a conseillé de monter un dossier. Ce que j’ai fait. Des aides ont afflué de l’État, de la Région, du Département, de la Ville."
Une pièce à succès dont les actes s’enchaînent. "On part de la vieille-ville, proche du baroque italien, du Centre culturel de la Providence, où on met des tréteaux pour jouer. Ensuite, on a joué au théâtre de la Semeuse en même temps, puis on a eu la possibilité de jouer dans les quartiers les plus éloignés de la culture. Là encore, État et Métropole nous ont épaulés."
Là où vit le peuple
Au fil des ans, le festival a mûri, Carlo Boso est revenu régulièrement jouer à Nice. Des scènes, notamment gratuites, se sont multipliées en ville "pour aller vers les gens, leur amener Molière, Shakespeare dans des formats accessibles, offrir des spectacles en plein air, dans les squares, sur les places… Là où vit le peuple."
Reprises de grands classiques comme, cette année, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, Comme il vous plaira de William Shakespeare, Lettres à mes amants d’Isabella Andreini, ou créations nées d’écritures collectives telles que Leonardo: Da Vinci a Milano (Atelier Teatro): non seulement le public pourra savourer les textes, mais il pourra en outre comprendre, aimer le langage du corps, accessible même aux enfants. Un valet espiègle ou un capitaine fanfaron, tout le monde pige. "C’est la force de la commedia, ce fondement physique presque organique sur lequel tout le théâtre peut se construire. C’est cohérent et cela a du sens."
Festival Commedia dell’Arte, du 20 juin au 5 juillet 2025. Infos et rés.: Commedia-nice.com ou 04.93.80.34.12.
DRNice Matin.
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