Une conversation peut-elle décemment mal commencer quand Grégoire Bonnet vous embarque sur la nationalité de l’immense Willian Pacho, défenseur central équatorien du Paris-Saint-Germain au sourire rempli de dents blanches et à la saison exceptionnelle? La réponse est dans la question. Une fois cette mise en bouche – fort agréable – effectuée, il a été question de son dernier projet: La Manière forte. Projet réalisé par Vincent Primault, écrit par Lionel Olenga, et diffusé ce vendredi sur France 2, ce téléfilm – qui secrètement aimerait se transformer en collection – met en scène un Grégoire Bonnet, que le public a l’habitude de voir sous les airs joviaux de Philippe dans Scènes de ménages sur M6, dans la peau d’un flic à l’ancienne, Thierry Chevalier. "C’est un vieux con, n’y allons pas par quatre chemins", rigole d’emblée l’acteur de 59 ans.
Un anti "Capitaine Marleau"
Chevalier est un mix entre Charles Bronson, le commissaire Moulin, Jean-Paul Belmondo et Olivier Marchal. Flic à la retraite aux manières controversées, Thierry Chevalier doit reprendre du service pour enquêter sur une série de meurtres qui porte la signature de Gabriel Laporte, un tueur, toujours en prison, qu’il a lui-même arrêté en extorquant ses aveux… par la manière forte. Pour ce faire, il fait équipe avec la jeune Capitaine Wendy Kabongo (solaire Clarisse Lhoni-Botte) qui est tout ce que Chevalier déteste: féministe, écolo, végane, apôtre du wokisme. Cela tombe plutôt bien, Kabongo ne supporte pas ce que Chevalier représente. "Il est un peu misogyne, un peu réac, un peu raciste, il surconsomme de la viande, manie un humour un peu lourd, rigole Bonnet. Il n’a pas les codes de la société actuelle mais c’est un bon flic, avec du flair. C’est un anti Capitaine Marleau, j’avais ça en référence quand j’ai débuté le tournage."
Parfaitement écrites par Lionel Olenga (Le Code, Cherif, Engrenages), certaines répliques font mouche d’entrée. Oui, Chevalier aurait très vite pu être détestable, antipathique. Et, en fait, il se dégage de lui une forme de sympathie. "J’aime bien les personnages que l’on adore détester, poursuit Grégoire Bonnet. C’est un bon flic, à la ramasse, mais il a quelque chose de jovial. Et puis, j’ai adoré son style, ses bottes de motard, son fusil à pompe, son flingue, il a un truc ringard un peu classe."
Une complicité évidente à l’écran
Si le pilote marche aussi bien, c’est que le courant entre les deux acteurs principaux est immédiatement passé. "On ne se connaissait pas avec Clarisse, et on s’est beaucoup marré sur le plateau car tout était si bien écrit que chaque réplique faisait mouche", se souvient-il. "Il y a une complicité évidente entre les deux alors que Chevalier est un mec maladroit qui dit ce qu’il pense. C’est très jouissif de jouer des mecs qui ne me ressemblent pas, avec beaucoup de défauts. C’est toujours sympa d’essayer de faire rire avec les défauts des gens".
Habitué des planches, Grégoire Bonnet a toujours aimé jouer avec le public. "Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie plus jeune, c’était un peu le bordel dans ma tête, rembobine-t-il. Mes parents étaient catastrophés car j’avais commencé une école de commerce mais ça n’a pas marché, et puis j’ai fait un stage au Cours Florent et la magie a opéré d’entrée. J’aime faire rire, prendre de la place, j’aime le rythme de la comédie, la place des mots. En faisant beaucoup de théâtre, j’ai pris conscience que j’avais une forme de pouvoir comique. Et la réaction du public, en direct, c’est quelque chose de mystérieux, de magique. Même sur Scènes de ménages, où les textes sont écrits et répétés à la virgule près en amont car tout est une question de rythme, il faut être capable de faire mouche en une phrase, c’est d’une précision redoutable et à chaque lecture, on se marre franchement."
Alors que Scènes de ménages est parfaitement établie sur M6, Grégoire Bonnet aimerait installer son Chevalier sur la durée sur France 2. "Tout est entre les mains du public à présent", conclut-il.
, ce vendredi à 21h10, sur France 2.
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