Peace and Sport fête cette année ces 17 ans, que retenez-vous de cette aventure?
Au départ c’était une idée, une conviction. Que ce soit la mienne ou celle du Souverain. On ne savait pas ce que l’organisation allait devenir mais l’idée était très claire : montrer ce qu’on peut faire à travers le sport, surtout pour la paix. On voulait montrer la paix autrement parce que ce n’est pas seulement l’absence de guerre, c’est un équilibre qui est maintenu. Cet équilibre suppose le dialogue et le sport permet ce dialogue parce qu’il est dans la neutralité et dans l’universalité. On pratique un sport de la même manière dans le monde entier.
Est-ce qu’il y a un moment ou une rencontre sur le terrain qui vous a marqué?
Il y a une dizaine d’années, on a organisé les Jeux de l’amitié dans les Grands lacs entre le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo. Je me souviens que spontanément, sur une zone de frontière, des enfants de communautés différentes se sont mis à chanter. J’ai demandé quelle était la chanson. On m’a dit que c’était improvisé et que les enfants du Congo disaient qu’ils étaient au Burundi et qu’ils n’avaient plus peur. Dans ces moments, on se dit que ce qu’on fait peut servir à quelque chose. C’est un moment qui m’a remué.
Les porteurs des messages de paix que vous prônez, ce sont les sportifs. Vous leur donnez l’occasion d’avoir une scène sur laquelle s’exprimer?
On leur donne une voix singulière. Parfois ils l’ont déjà mais elle n’est pas structurée et organisée, alors on les aide pour optimiser cela et faire en sorte que, lorsqu’ils parlent, cela serve à quelque chose.
"Le droit de participer à un sport c’est le mérite et pas un passeport"
Certaines personnalités politiques déclaraient en France que le sport et la politique ne devraient pas se mélanger. Quel est votre avis?
Je pense que les deux font bon ménage. Si tout est politique, alors le sport peut l’être. Il y a des époques où le sport servait à faire la vitrine d’une idéologie. Pour moi, le sport doit être au-dessus. Par exemple à Paris, certains athlètes n’ont pas pu participer aux Jeux. Je considère que c’est contre la charte olympique. Le droit de participer à un sport c’est le mérite et pas un passeport. Je n’ai pas de problème avec les gens qui utilisent le sport à des fins politiques, c’est la réalité du monde. Nous, on l’utilise comme véhicule de neutralité pour rapprocher.
Avez-vous le sentiment que les sportifs, les footballeurs notamment, ont un discours un peu "lisse" en matière d’engagement politique?
Pas tous. Ils sont prudents justement parce qu’ils savent les risques qu’ils encourent en matière de communication. On est là pour les aider. Prenez Vinicius Jr. ou Jennifer Hermoso sur la lutte contre les discriminations. Et ce ne sont pas les seuls. Le sport n’est pas absent de tout cela. La ligne de Peace and Sport c’est d’utiliser l’universalité et la neutralité du sport pour rapprocher les communautés sans prendre parti. À partir de problèmes, on essaie de remettre les gens ensemble.
Le sport peut-il jouer un rôle encore plus important?
Oui, il faut continuer à expliquer aux gouvernants que le sport est un investissement et non une dépense. Il faut expliquer aux leaders du sport qu’on fait beaucoup plus que du sport quand on fait du sport.
Les awards
Outre la Marche pour la paix, le forum international Peace and Sport se tient tout au long de la journée (lire programme ci-dessous) entre le Fairmont Monte-Carlo et le Musée océanographique. En fin de journée, l’ONG monégasque remettra plusieurs récompenses dont celle de la personnalité de l’année et du sportif de l’année.
Un "award" mettra également en lumière un projet de sensibilisation à la paix à travers le sport. "Ces prix permettent de valoriser les meilleures pratiques et de les récompenser, défend Joël Bouzou. Valoriser ces pratiques permet de les faire connaître et de les dupliquer même si ce n’est pas nous qui les faisons appliquer. L’idée est que ce qui marche soit copié ailleurs et que l’influence du sport dans l’application de la paix augmente."
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