"Il suffit de 10cm d’eau pour qu’un enfant se noie": à Monaco, les enfants sensibilisés à la sécurité aquatique

À la vue d’un corps inanimé, le visage immergé dans l’eau, le temps de réaction est quasi instantané. Vêtu de son débardeur orange, le maître-nageur sauveteur plonge entre les lignes du stade nautique Rainier-III, s’approche de la victime avant de la positionner en sécurité contre lui et de la ramener sur la terre ferme.

Auprès des familles et nageurs qui profitent du plan d’eau en ce vendredi 25 juillet, la scène n’est pas passée inaperçue. C’est bien l’objectif: marquer les esprits. L’exercice a été répété à moult reprises, en cette journée mondiale de la prévention à la noyade, orchestrée en Principauté par la Fondation Princesse Charlène, dont c’est le cœur d’activité, et ses partenaires.

"L’une des 10 premières causes de mortalité chez les jeunes"

"Chaque année dans le monde, 300.000 personnes meurent de noyade, un chiffre qui a tendance à augmenter malgré les efforts mis en place", fait remarquer Xavier Archimbault, chef de projet à la Fondation Princesse Charlène.

Des chiffres – sous-estimés, faute de statistiques dédiées dans de nombreux pays – qui concernent essentiellement les jeunes de 1 à 24 ans. "C’est l’une des dix premières causes de mortalité chez les jeunes. Et cela ne se passe pas qu’en mer mais sur tous les plans d’eau: lac, rivière, fleuve, piscine et même dans une baignoire… Il suffit de 10 centimètres d’eau pour qu’un enfant, ne sachant pas tenir sa tête, se noie. Cela nous concerne tous", martèle-t-il.

Alors, forcément, dans les stands installés sur l’esplanade du port Hercule au milieu du village d’été, il était beaucoup question de sensibilisation aux bonnes pratiques, aux consignes à respecter pour une baignade en toute sérénité. Des principes de base répétés à longueur d’année en Principauté, où chaque écolier a la chance d’apprendre à nager.

Pêle-mêle: savoir nager ou disposer d’équipements de flottaison, vérifier la couleur du drapeau, entrer progressivement dans l’eau, bien s’hydrater et se protéger du soleil, ne pas aller loin dans l’eau seul, connaître les numéros de secours… "La priorité est toujours d’assurer une surveillance de ses enfants, même en présence de maîtres-nageurs. Une noyade est souvent la conséquence d’une négligence", confie Cédric, agent à la Division de police maritime et aéroportuaire.

Cela peut aussi, parfois, découler d’un excès de confiance, d’imprudence et/ou de méconnaissance de son environnement. Lundi 21 juillet vers 18h30, surpris par le changement météorologique et une mer devenue agitée, deux frères de 16 et 18 ans se sont trouvés en difficulté au Cap Martin. Accrochés à une bouée de signalisation durant 20 minutes, les deux touristes ont été secourus par la police maritime de Monaco et sa vedette Saint-Georges. "En deux heures, la Méditerranée peut changer d’aspect. Même pour un bon nageur, cela peut être délicat de rejoindre le littoral avec des creux de vagues."

"Le public, premier maillon de la chaîne de secours"

À côté, la Croix-Rouge monégasque et les sapeurs-pompiers de la Principauté tiennent un stand dévolu aux gestes de premiers secours. Le caporal Laurent Dinet, formateur, et le sapeur Sacha Martin, sauveteur côtier, détaillent aux visiteurs la bonne prise en charge d’un noyé et la chronologie d’un massage cardiaque. "Le premier maillon de la chaîne de secours est le public. Leur intervention est capitale car cela améliore les chances de survie. Chaque minute perdue sans gestes, c’est 10% de chances de survie en moins, détaille le caporal. La chose à ne pas faire, c’est justement de ne rien faire. C’est ce qu’on essaye d’inculquer aux gens: ils n’ont pas besoin de réaliser le geste parfait. Le plus important est de refaire circuler le sang et l’oxygène pour que la ‘‘pompe’’ fonctionne."

Selon l’âge de l’enfant, le massage cardiaque ne se réalise pas de la même manière. "Chez un bébé, on va utiliser deux doigts pour masser sur son sternum. Chez un enfant, une seule main et sur l’adulte, deux mains. On va aussi souffler moins d’air pour un bébé, du fait de ses capacités pulmonaires", rajoute Maria-Cécile Vanmoen, directrice adjointe en charge de la formation à la section secourisme de la Croix-Rouge.

Un test d’aisance aquatique

L’institution monégasque proposait aussi aux jeunes de tourner une roue afin de répondre à des questions sur la thématique des dangers du soleil: effets de ses rayons sur le corps, indices UV, crème solaire, coups de soleil…

À chaque bonne réponse, un goodies remporté. Une façon ludique d’apprendre, à l’instar du test d’aisance aquatique proposé par la mairie de Monaco au stade nautique. Au terme de 5 épreuves, comme effectuer un saut dans l’eau ou nager sur le ventre pendant 20mètres, les enfants repartaient avec une attestation en bonne et due forme.