Cette année, le changement de date du salon Top Marques au mois de mai (*) laissait craindre des débordements routiers de plus grande ampleur en Principauté.
"C’était l’édition de tous les dangers car elle se tenait en configuration Grand Prix avec la présence du circuit de F1, et non pas en phase de démontage comme c’est le cas en juin, confirme le commandant principal Fabien Vachetta, chef de la Division de l’événementiel et du cadre de vie à la Sûreté publique. Avec l’ambiance, les rails de part et d’autre et la présence des carspotters, on pensait que tout conducteur de supercars allait se prendre pour Verstappen ou Bottas, que les accélérations allaient être décuplées."
Entreposés dans deux parkings publics au port et à Fontvieille
Depuis des dérapages survenus en 2018 en marge du salon, notamment dans l’épingle du Fairmont avec le Youtubeur POG, lesquels avaient mis en péril l’avenir de la manifestation, le gouvernement princier avait renforcé son arsenal répressif et porté à 5 jours l’immobilisation de véhicules ayant servi à commettre des incivilités sur l’asphalte.
En 2019, 101 bolides avaient été mis en fourrière sur la digue du port Hercule; 53 puissantes cylindrées avaient été "stockées" en 2022 autour du chapiteau de Fontvieille, un chiffre porté à 64 en 2023 puis 44 en 2024.
Cette année, 46 voitures et 1 moto ont été contraintes de couper le moteur pendant 120 heures après une réitération de comportements inappropriés, voire dangereux en ville: bruit causé sans nécessité (régime moteur trop élevé, pétarades du pot d’échappement), vitesse excessive, imprudence au volant, franchissement de ligne continue ont été autant d’infractions constatées par la cinquantaine de fonctionnaires de la Sûreté publique, service général compris, tenant le terrain jour comme nuit. Jusqu’à 2h du matin, avec l’assurance que les rues étaient bien désertes.
"Cette décision n’est pas prise à la légère"
Cette année, les véhicules saisis ont été entreposés au parking public Chiron (au port Hercule), à l’abri des curieux et passionnés d’automobile. Puis au parking des Écoles à Fontvieille, à compter du samedi 10 mai, afin de libérer les espaces au port pour les besoins de l’Automobile Club de Monaco et du GP.
Les dérives routières ont été constatées sur l’avenue Princesse-Grace, à proximité du Grimaldi Forum, et principalement sur le tracé du Grand Prix: un drift dans l’épingle du Fairmont, un départ arrêté dans le tunnel Louis-II ou encore une accélération intempestive dans la montée d’Ostende. Et commises par des conducteurs en provenance de France et d’Europe, majoritairement, mais aussi par quelques locaux grisés par le contexte et la présence de carspotters surchauffés.
"La saisie reste l’ultime recours. Ce qui prime, c’est l’objectivité et cette décision n’est pas prise à la légère. S’il y a sanction, c’est qu’elle résulte d’un ensemble de paramètres et que le comportement déviant du véhicule a été constaté par différents fonctionnaires. On n’est pas là pour faire du matraquage policier et on ne joue pas avec le temps des gens", détaille le commandant Fabien Vachetta.
D’ailleurs, pour preuve du discernement affiché par les policiers monégasques, Fabien Vachetta dégaine le chiffre de 200 observations réalisées auprès de conducteurs. "On leur a expliqué ce qu’il venait de commettre avant de les inviter à faire preuve de davantage de prudence, sans pour autant les verbaliser. Par contre, on les prévenait que, la prochaine fois, on aurait des solutions moins conciliantes."
Parmi elles, les contraventions: 235 ont été dressées, dont certaines ont servi de base légale à une immobilisation du véhicule. Les amendes oscillant entre 37,50 euros, pour l’imprudence ou la vitesse excessive, et 300 euros pour le bruit causé sans nécessité.
"GMK joue le jeu"
"Le maître-mot de tout cela, c’est que le salon Top Marques doit se dérouler au Grimaldi Forum et non pas dans les rues de la Principauté. Sinon cela donne une mauvaise image du salon et du pays, conclut Fabien Vachetta qui, au passage, salue l’étroit partenariat avec les organisateurs du salon et l’influenceur GMK, dont chaque apparition publique draine des centaines de fans. Il peut vite attirer 500, 1.000 personnes sur la chaussée et cela nécessite des déviations de circulation. Pendant le salon, il joue le jeu et évite autant que faire se peut les apparitions intempestives en public et il demande à ses fans de le rejoindre au Grimaldi. C’est un effort qu’on apprécie."
À noter, enfin, que le dispositif gouvernemental d’immobilisation de 5 jours en cas de transgression du Code de la Route sera renouvelé pendant le Grand Prix de F1, du 22 au 25 mai.
* Top Marques se tient habituellement au mois de juin, mais la tenue du Blue Economic & Finance Forum au Grimaldi Forum a contraint les organisateurs à avancer la date.
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