Petites piqûres d'insectes, gros bobos potentiels... les réponses d'un entomologiste médical niçois

Pourquoi certains insectes en veulent-ils à notre peau? Peut-on éviter leurs piqûres? Comment les soigner? Dans quels cas faut-il consulter un médecin? Les réponses du Pr Delaunay, entomologiste médical.

La rédaction Publié le 26/05/2025 à 12:00, mis à jour le 26/05/2025 à 12:00

Aïe! Je me suis fait piquer! Moustiques, abeilles, guêpes, tiques, araignées ou chenilles processionnaires: les risques de piqûres sont accentués au retour des beaux jours. Comment se soigner et surtout, quels sont les signes qui doivent inciter à consulter un médecin? Avant de répondre à ces questions, le Pr Pascal Delaunay, parasitologue et entomologiste médical au CHU de Nice, nous renseigne sur ce qui motive ces petites bêtes à nous piquer ou à nous mordre.

Moustiques, tiques: pour se nourrir…

"Les moustiques, les punaises de lit, les tiques piquent pour se nourrir et se rapprochent volontairement de l’homme, en détectant ses émissions de gaz carbonique. Le taon entre dans cette même catégorie, à ceci près qu’il repère sa victime grâce à sa vision."

Les piqûres de ces insectes ne provoquent généralement qu’une allergie simple à leur salive – c’est le cas des punaises de lit –. Mais elles posent parfois un problème vectoriel: le moustique peut transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya ou le Zika, la tique, la maladie de Lyme.

Abeilles, frelons, araignées…: pour se défendre

Les abeilles, les guêpes, les frelons, les araignées et les chenilles processionnaires ne piquent, eux, que pour se défendre. "Leur piqûre est exceptionnelle, non désirée et elle produit une envenimation. Sa gravité dépend à la fois de la sensibilité individuelle, de la dose de venin et de la répétition des piqûres; le risque majeur étant le choc anaphylactique."

Se soigner seul ou consulter?

- En cas de simple inflammation

Avec les insectes de la première catégorie, ceux dont la salive provoque une réaction allergique simple, "la plupart du temps, un apaisant local suffit à calmer la piqûre, indique le Pr Delaunay. Il s’agit d’une inflammation plus ou moins importante selon la sensibilité individuelle, sans risque allergique grave, même si elle peut être très impressionnante".

S’il existe un risque vectoriel, "on doit être très attentif aux symptômes associés", tels que fièvre, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires… "Au moindre doute, il faut consulter un médecin." S’agissant des tiques, "toutes ne sont pas contaminantes. Il faut surveiller les signes cutanés: un érythème migrant (un cercle rouge autour de la piqûre) prouve la contamination. Il faut le montrer à un médecin généraliste qui pourra éventuellement prescrire un traitement antibiotique."

- En cas d’envenimation

Une envenimation peut entraîner une réaction très grave, caractérisée par une inflammation avec des problèmes respiratoires.

"Les gens qui se savent allergiques ont un kit de secours avec eux. S’il s’agit d’une première réaction, il faut agir vite et ne pas hésiter à composer le 15."

C’est avec les frelons que ce risque est le plus élevé: "c’est un insecte plus gros, la dose de venin est plus importante et surtout, ils peuvent attaquer à plusieurs."

Les piqûres des chenilles processionnaires peuvent également être dangereuses. "Attention aux chiens. les vétérinaires voient souvent des animaux avec la langue nécrosée parce qu’ils ont voulu goûter ou renifler les chenilles. Les enfants les touchent et se brûlent les mains. Et parfois des adultes reçoivent des poils dans les yeux parce qu’ils ont observé la colonne de trop près."

Chez le vétérinaire ou le médecin, la consultation est alors impérative.

Pour apaiser une envenimation simple, sans réaction grave, le Pr Delaunay conseille "d’approcher quelque chose de chaud de la peau car les venins sont souvent sensibles à la chaleur." Comme de l’eau chaude, le bout d’une cigarette, l’air chaud d’un sèche-cheveux…

En présence d’un dard, qui a souvent tendance à rester éperonné dans la peau (surtout pour l’abeille), "il ne faut jamais tenter de le retirer avec deux doigts ou une pince à épiler, car il comporte toujours sa poche à venin, met en garde le Pr Delaunay. En la pressant, on réinjecte une dose. Or c’est le venin qui est douloureux, pas le dard! Pour l’enlever, il faut araser la peau avec un couteau, une carte bancaire… On passe sous le dard pour le soulever délicatement."

- Éviter une surinfection

Quel que soit le type de piqûre, "il faut également faire très attention au grattage, surtout avec des doigts sales! On peut appliquer un antiseptique local, en crème ou en spray, ou bien savonner la peau pour ne pas risquer une surinfection potentiellement plus problématique que la piqûre elle-même."

Se prémunir des piqûres

S’il est important de se protéger des insectes qui piquent pour se nourrir, en respectant les consignes délivrées par les autorités (1), il est assez simple de se prémunir de ceux qui ne font que se défendre. "Le mieux, c’est de les laisser tranquille, conseille le Pr Delaunay. L’abeille ne cherche pas à s’approcher. La guêpe est omnivore, donc elle s’intéresse à ce que nous mangeons: il faut la laisser picorer pour qu’elle s’en aille ensuite. On peut aussi les piéger ou les éloigner avec de l’eau sucrée, mais si on les laisse “faire leur boulot", elles repartent tranquillement. »

Quant aux araignées, elles sont majoritairement insectivores et leurs piqûres sont très rares. "Il faut vraiment la déranger, en se retournant dans son lit ou en jardinant sans porter de gants."

C’est plus compliqué avec le frelon car il a une notion de territoire à défendre. Celui du frelon européen est assez petit, celui du frelon asiatique est plus grand et il est aussi plus agressif, donc plus dangereux. Dans les deux cas, il ne faut pas s’en approcher et il convient de faire appel à un professionnel de la désinsectisation pour les faire enlever et écarter tout danger. Même consignes pour les chenilles processionnaires qui descendent des résineux au printemps. "Si elles sont stressées, elles envoient des petits poils qui se cassent et libèrent un venin qui nécrose la peau. Pour les enlever, il faut procéder très rapidement, sans s’arrêter auprès d’elles, sans se pencher pour les observer. Mieux vaut faire appel à un spécialiste."

1. Sites web: www.ameli.fr/assure/sante/themes/piqure-moustique-maladies/prevention-commune www.ameli.fr/assure/sante/urgence/morsures-griffures-piqures/morsure-tique-maladie-de-lyme-que-faire

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