Qui a gagné? Qui a perdu? Quelles perspectives pour l’avenir? Les grands gagnants, contrairement à ce que pensent certains, sont bien l’Iran et les mollahs. Malgré l’action phénoménale des services secrets israéliens qui ont déblayé le terrain en faisant, selon le Premier ministre allemand Friedrich Merz, "le sale boulot", et l’intervention américaine digne de "La Guerre des étoiles" ("Star Wars"), l’Iran est toujours debout. Le guide suprême est sorti de son bunker et menace, comme avant, Israël de destruction.
Chasse aux "traîtres"
Ce pays, grand comme trois fois la France métropolitaine et habité par près de quatre-vingt-dix millions d’individus, ne s’est pas révolté. Aucune opposition du côté des royalistes ou de la gauche ne s’est manifestée pendant ces douze jours de guerre. Les Gardiens de la Révolution font déjà la chasse aux "traîtres" en posant des potences sur les places publiques, et arrêtent des Juifs au sein de la communauté - une des plus anciennes au monde.
Quant à l’arme nucléaire, chacun admet aujourd’hui que les installations iraniennes n’ont pas été complètement anéanties. Et que les 408kg d’uranium enrichi, que les Iraniens ont su soustraire aux bombardements américano-israéliens, même enrichi qu’à 60%, suffiraient à détruire la région entière. Pour terminer, le détroit d’Ormuz, par lequel transite plus de 30% du pétrole mondial, est toujours sous le contrôle de l’ayatollah iranien. Sans compter les réseaux terroristes dispersés dans la région et en Europe qui n’attendent qu’à être réactivés. On me signale un recrutement massif dans le Nord de la France.
Le grand perdant est donc Israël. Je le dis avec tristesse, parce que j’aime ce peuple jeune, enthousiaste et solidaire. Il fallait le voir, lors des alertes, descendre en ordre dans les abris. S’y entraider, débattre, chanter, danser. En effet, malgré ses services secrets universellement admirés, contrairement à ce qui s’est passé en 1967 pendant la guerre des Six jours lors de laquelle Israël s’est battue seule contre le monde arabe, cette fois, aux yeux de ses ennemis qui s’en souviendront, l’État juif a eu besoin d’un coup de main de l’Oncle Sam. Vladimir Poutine n’a pas manqué de réduire dans un discours Israël à une colonie américaine (comme l’Ukraine à ses yeux, d’ailleurs).
Même Donald Trump s’est permis de gronder l’État juif, comme on le fait avec un enfant trop turbulent. "Il faut qu’Israël se calme. Je leur dis maintenant: vous avez douze heures." Par cette menace, il espère obtenir de Benjamin Netanyahou le retrait complet de Gaza, condition posée par l’Arabie saoudite pour rejoindre le traité abrahamique.
Il reste peu de temps
Quant à l’avenir de Netanyahou lui-même, il dépend toujours de ses alliés suprématistes et haineux qui prônent le Grand Israël. L’opposition, elle, certes morcelée, peut encore, en acceptant de remplacer leurs voix à la Knesset, sauver le pays de ces fous de Dieu qui ont été, par deux fois dans l’histoire juive, responsables de la chute de Jérusalem, en 586 avant notre ère face aux Babyloniens, d’abord, puis en 70 après notre ère face aux Romains. Alors le gouvernement pourra enfin reprendre les accords de paix avec les Palestiniens et rétablir l’image d’Israël. Il reste peu de temps. Après tant d’autres, demain New York, la plus grande ville juive du monde, aura pour maire un musulman anti-israélien.
Et l’Amérique, dans tout cela? En l’absence dramatique de l’Europe, elle sera la seule à occuper l’espace politique et médiatique, laissant Vladimir Poutine et Xi Jinping suivre, devant leurs écrans de télévision, la série "Mission impossible", dans laquelle Donald Trump a remplacé Tom Cruise, quelque peu fatigué de la suite d’épisodes ayant fait le bonheur de nos enfants. "Au royaume des aveugles, dit le proverbe, le borgne est roi".
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