Son papa était marin, c’est pour cela qu’il est né à Toulon, Patrick D’Agostin. Il sera au bout du compte baptisé dès l’âge de six mois à Roquebrune-Cap-Martin. Le point d’ancrage de sa vie. Mardi 5 août, il mettra le cap sur le village et participera à la procession votive en campant le rôle d’un soldat romain et surtout il ouvrira le défilé. "Quand j’étais gamin, je portais les panneaux et puis il y a eu un petit break, je suis revenu et j’ai porté la Vierge autour de mes 20-30 ans. Il y a eu à nouveau une longue absence et c’est Alex Devissi [ancien président du comité du 5 août, Ndlr] qui m’a demandé de revenir". Depuis, Patrick est un fidèle figurant.
Les souvenirs d’enfance
Enfant, il vit rue du château, découvre la procession avec des yeux forcément naïfs. Malheureusement Patrick D’Agostin va subir une lourde opération du cœur en 2016, "les souvenirs s’effacent en raison des anesthésies que j’ai subies", confie-t-il. Malgré tout, l’homme est imprégné des traditions villageoises et se souvient notamment, "de la procession aux escargots, le Vendredi Saint, lorsqu’il y a le tambour qui résonne sous la voûte, pas loin de l’appartement de mon enfance. Ça me faisait peur!" Il se souvient aussi de la foule qui venait assister au 5 août et de son papa qui portait le Christ mort. Toujours cette même histoire de transmission, ce romantisme plus que religieux venant rappeler aux hommes depuis 1467 d’honorer ce fameux vœu éternel.
La foi, la croyance...
Patrick D’Agostin répond d’ailleurs avec vigueur et prestement lorsqu’on le questionne sur le sens qu’il donne à la procession. "C’est la tradition!" Cependant, tout homme a ses propres failles, ses interrogations, ses blessures. Interrogé sur sa foi et sa croyance, le figurant romain laisse planer un long silence et répond de façon tranchante. "J’étais croyant ". Il n’en dira pas plus. Pourtant, il a baigné dans une éducation catholique traditionnelle, "j’ai même été un des derniers à me marier à la mairie du village en 1980", dit-il.
"lorsque je défile, je pense à mon père, beaucoup, à mon fils qui rechigne à participer. J’aimerais bien un jour que ma petite fille y participe", glisse-t-il encore. Heureux d’ouvrir la procession, parfois il trouve, "qu’elle manque de solennité. C’est dû à l’époque à laquelle on vit. La tradition s’effrite et on voit bien que Josiane Marignani, la présidente du cortège du 5 août, a de plus en plus de mal à trouver des figurants". Et d’ajouter que la communication est certainement déficiente pour permettre de faire comprendre la portée de ce serment. À 67 ans, cet électricien à la retraite s’engagera donc une nouvelle fois sur le chemin menant à la chapelle La Pausa depuis l’église Sainte-Marguerite. Jamais à contre-courant de la tradition.
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