Un chemin des crèches pour célébrer la Nativité à Monaco

Après le chemin de Damas (cher à saint Paul), le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (via son populaire "Camino Francés") et bien d’autres lieux emblématiques de la chrétienté, en Principauté il y a foule actuellement sur le chemin des crèches. Une voie, à la fois de la foi et de la joie, à l’existence éphémère pendant les fêtes de fin d’année, le temps de célébrer la Nativité.

La forte fréquentation de cet itinéraire est autant diurne que nocturne où l’illumination dans la pénombre parfait plus encore l’esprit et la vision. Il suffit de gravir la déclivité accrue de la rampe Major depuis la place d’Armes pour retrouver dans l’effort l’ambiance magique de la fête de Noël.

Cette voie actée est bordée jusqu’au Rocher de quelque cinquante répliques de l’étable de Bethléem, venues en majorité de divers pays avec ses principaux personnages constitués de matières diverses.

Passé religieux et projet pédagogique

Meurtrières, courtines, barbacanes ou toute autre fente verticale pratiquée dans un mur de fortification des Grimaldi abritent enfant-Jésus, Marie, Joseph, bœuf et âne gris, entourés de chérubins ou santons. Ces créatures, symboles spirituels, "chantent la gloire de Dieu afin de délivrer des messages de paix et d’amour". Car à l’approche de la nuit de Noël résonne toujours l’Évangile de saint Luc. Ce Syrien d’Antioche invite depuis des siècles à contempler la crèche où se dévoile le mystère de l’Incarnation: "Dieu fait homme".

Certes, sur notre Globe, les initiatives plus temporelles des sapins décorés, illuminés, rutilants ne manquent pas pour célébrer ces festivités marquées prioritairement par l’échange de présents et d’agapes familiales. Mais à Monaco, Fabienne Mourou, l’initiatrice de l’événement, a su développer une piste passionnante.

Si son intention première conçoit la transmission d’un passé héréditaire religieux sous forme de présent pour toute la communauté de Monaco et les touristes, cette Monégasque veut aussi rapprocher l’image de Fra Angelico, représentant jadis pour la première fois le couple Marie et Joseph à genoux, d’un projet pédagogique.

"Il a été possible de le développer, énonce-t-elle, avec le concours de l’Éducation nationale. Cela a permis aux classes primaires, c’est-à-dire à des enfants de 7 à 10 ans, de confectionner des crèches afin de leur donner ce goût de la tradition du sacré. Les trois lauréats pour 2024 – FANB, Saint-Charles, Cours Saint-Maur – sont exposés sous la voûte proche de la place du Palais. Place où les participants, avec leurs professeurs, ont été récompensés par un goûter offert par la régie du Palais princier en présence de chorales et d’orchestres."

"Ouvrir une fenêtre sur la paix"

Outre l’amélioration bénéfique des fêtes de Noël, Fabienne Mourou veut également transmettre à travers les crèches un message largement corrélé aux conditions de vie et aux investissements dans le nerf de guerre!

Or, quelle ordonnance prescrire pour guérir ces maux sujets à la violence, au déchirement, au désespoir? "Ouvrir une fenêtre sur la paix, étaie-t-elle sans dessein théocratique, et sur la beauté du monde. Il faut réfléchir au sens de toute une vie intérieure afin d’argumenter ses réflexions sur le quotidien comme sur le futur."

Loin de se contenter de rappeler l’annonce de l’ange aux bergers, "dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur", cette femme de bonne volonté démontre sa préférence certaine pour la communication et la réconciliation.