En Turquie, des affrontements après la publication d'un dessin accusé de représenter Mahomet

Le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya a annoncé quatre arrestations dont celles de l'auteur du dessin, "D.P.", du graphiste et de deux responsables de la publication.

La rédaction (avec AFP) Publié le 01/07/2025 à 08:52, mis à jour le 01/07/2025 à 09:00
Joint par l'AFP, le rédacteur en chef du magazine, Tuncay Akgun, a assuré que l'image avait été mal interprétée. DR

Les affrontements ont éclaté à Istanbul, lundi 30 juin, après la publication par une revue satirique d'opposition d'un dessin accusé de représenter le prophète Mahomet, ce que les responsables de la publication ont vigoureusement nié.

Selon un correspondant de l'AFP, plusieurs dizaines de personnes en colère ont attaqué un bar fréquenté par le personnel de la revue Leman dans le centre d'Istanbul.

Les échauffourées ont rapidement dégénéré et impliqué 250 à 300 personnes, la police employant des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Les incidents ont commencé après que le procureur général d'Istanbul a ordonné l'arrestation de rédacteurs et collaborateurs du magazine accusés d'avoir publié un dessin qui "dénigre ouvertement les valeurs religieuses".

Le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya a annoncé quatre arrestations dont celles de l'auteur du dessin, "D.P.", du graphiste et de deux responsables de la publication.

Le ministère de la Justice a délivré six mandats d'arrêt visant notamment le rédacteur en chef et le directeur de la publication qui, tous deux, se trouvent à l'étranger.

"La personne nommée D.P. qui a fait ce dessin ignoble a été attrapée et placée en détention", a écrit sur X M. Yerlikaya, ajoutant: "ces individus sans vergogne devront répondre de leurs actes devant la justice".

Joint par l'AFP, le rédacteur en chef du magazine, Tuncay Akgun, a assuré que l'image avait été mal interprétée.

"Ce dessin n'est en aucun cas une caricature du prophète Mahomet. Dans cette œuvre, c'est le nom d'un musulman qui a été tué lors des bombardements d'Israël, il a été appelé Mohammed, c'est une fiction. Plus de 200 millions de personnes dans le monde islamique s'appellent Mohammed", a-t-il déclaré.

"Cela n'a rien à voir avec le prophète Mahomet. Nous ne prendrions jamais un tel risque", a-t-il ajouté. 

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Perquisition et mandats d'arrêt

Le bureau du procureur général a annoncé avoir "lancé une enquête sur la publication d'un dessin dans le numéro du 26 juin 2025 du magazine Leman qui dénigre ouvertement les valeurs religieuses".

"Le manque de respect envers nos croyances n'est jamais acceptable", a écrit sur X le ministre de la Justice, Yilmaz Tunc.

"La caricature ou toute autre forme de représentation visuelle de notre Prophète porte non seulement atteinte à nos valeurs religieuses, mais aussi à la paix sociale."

La police a perquisitionné les locaux de Leman, sur l'avenue Istiklal d'Istanbul, et des mandats d'arrêt ont été émis contre plusieurs autres responsables de la publication, a écrit sur X le conseiller à la présidence Fahrettin Altin.

Une copie de l'image en noir et blanc publiée sur les réseaux sociaux montre deux personnages dans le ciel, au-dessus d'une ville sous les bombardements.

"Salam aleykoum, je suis Mohammed", dit l'un en serrant la main de l'autre qui répond: "Aleykoum salam, je suis Musa (Moïse)." 

"Acte d'annihilation"

Sur X, Leman a défendu le dessin et estimé qu'il avait été sciemment mal interprété.

"Le dessinateur a voulu montrer la droiture du peuple musulman opprimé en représentant un musulman tué par Israël, il n'a jamais eu l'intention de rabaisser les valeurs religieuses", indique la magazine.

"Nous n'acceptons pas l'opprobre qui nous est imposé parce qu'il n'y a pas de représentation de notre Prophète. Il faut être très malveillant pour interpréter la caricature de cette manière", a-t-il poursuivi.

"Nous présentons nos excuses à nos lecteurs bien intentionnés qui, selon nous, ont été victimes de provocations."

Selon Tuncay Akgun, l'offensive judiciaire contre le magazine, bastion satirique de l'opposition lancé en 1991, est "incroyablement choquante, mais pas très surprenante". "C'est un acte d'annihilation", a-t-il dénoncé.

Créé en 1991, Leman est la cible des conservateurs de longue date, en particulier à la suite de son soutien à l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo en France après l'attentat jihadiste dans ses bureaux parisiens en 2015, qui avait fait 12 morts.

L'attaque avait eu lieu après la décision de Charlie Hebdo de publier à plusieurs reprises des caricatures du prophète Mahomet.

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