"Certains essaient d’importer la guerre au Proche-Orient": l’inquiétude du président du Consistoire de France

RELIGION Élie Korchia, président du Consistoire de France réunit les représentants de la communauté juive de France durant trois jours à Nice.

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Eric Galliano Publié le 06/07/2025 à 18:15, mis à jour le 06/07/2025 à 18:15
interview
Élie Korchia Le président de consistoire de France (à gauche) au côté de Franck Israël, président du consistoire régional Côte d’Azur et Corse. (Photo E.G.) Crédit photo Web uniquement.

Présidents de consistoires et d’associations juives, ils sont 160 réunis à Nice durant trois jours, pour une deuxième université d’été biennale. Le président du consistoire de France, Élie Korchia, en explique les enjeux.

En quoi consiste cette université d’été?

L’objectif est de réunir ces dirigeants des communautés juives de toute la France pour partager leur expérience, réfléchir au présent et au futur de la communauté juive en France.

Quels sont les enjeux?

Parmi les six grandes thématiques que nous avons choisi de traiter, il y a à la fois la lutte contre l’antisémitisme et l’antisionisme, qui est une problématique majeure depuis un an et demi. Il y a aussi une réflexion sur les actions que nous pouvons mener auprès de la jeunesse. Il sera aussi question de culture, avec la mise en place de programmes pour montrer la richesse, l’ancrage et l’importance du judaïsme en France. Nous aborderons enfin les relations entre la communauté juive de France et Israël, en présence de l’ambassadeur d’Israël en France. Aurore Bergé, ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes sera là, ce lundi soir, pour adresser son message à la communauté juive, notamment par rapport aux assises de lutte contre l’antisémitisme qu’elle a initiée et dont elle a livré un premier rapport il y a quelques semaines.

Vous avez un message à faire passer à la ministre?

Ce message, c’est qu’en dépit du climat anxiogène que nous connaissons, la communauté juive française ne baisse pas les bras. Elle continue à être très résiliente. Nous sommes la troisième communauté juive mondiale mais aussi, avec les États-Unis, celle qui a le plus de projets.

Ce climat est-il est entretenu politiquement?

Depuis le 7 octobre 2023, on constate jour après jour qu’à l’extrême gauche, et principalement du côté des élus LFI, certains essayent d’importer la guerre au Proche-Orient pour instrumentaliser la politique française. Nous le dénonçons. Nous n’acceptons pas que certains essayent de mettre de l’huile sur le feu alors que les actes antisémites ont flambé depuis octobre 2023 dans notre pays: plus de 1.000% au quatrième trimestre 2023 et encore une augmentation de 130% au premier semestre 2025.

Le président de la République a eu des mots très durs pour qualifier la riposte de Netanyahou et du gouvernement israélien à Gaza…

Qu’il y ait des positions, de la France ou d’autres pays, par rapport à la façon dont la guerre est gérée, c’est une opinion politique sur laquelle je ne vais pas me positionner. En revanche, on ne peut pas remettre en cause le droit et même le devoir d’Israël de défendre sa population dans une guerre existentielle contre un mouvement terroriste, le Hamas, qui a commis le premier pogrom du XXIe siècle en terre d’Israël. Israël a le devoir moral de remporter cette guerre. Ce qui est choquant, c’est de constater que certains, à l’extrême gauche, ont utilisé cette guerre pour essayer d’importer des éléments clivants pour diviser la société. On l’a vu aux élections européennes. LFI a fait quasiment toute sa campagne sur ce sujet. En 2024, le pic des actes antisémites a été atteint, fin mai début juin, au moment des élections européennes. Cela doit aussi nous interpeller.

L’incendie d’une agence Orpi à Golfe Juan, après une altercation avec une députée LFI, est-il une illustration de cette transposition du discours à l’acte antisémite?

On voit bien l’utilisation d’une altercation orale à travers les réseaux sociaux. Certaines personnes, chauffées à blanc, passent à l’acte et peuvent incendier une agence immobilière. Je rappelle que des faits particulièrement graves ont été commis dans notre pays au cours l’an dernier, avec notamment des synagogues attaquées à la Grande-Motte et à Rouen. L’instrumentalisation des déclarations qui mettent de l’huile sur le feu peut créer des débordements et des agressions physiques. Au cours du premier semestre 2025, plus des deux tiers des 500 actes antisémites recensés visaient des personnes.

Cette université d’été a lieu à Nice, ville qui a mis au fronton de sa mairie des drapeaux israéliens et qui a dû les retitrer...

J’ai entendu la position du préfet, fondée sur le risque de voir des drapeaux palestiniens être accrochés sur un grand nombre de mairies. Christian Estrosi a, finalement, a mis les portraits des otages encore détenus à l’intérieur de la mairie. Je pense que c’est tout à fait suffisant. Le soutien du maire de Nice après le pogrom a d’ailleurs été exemplaire.

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