À Fréjus comme dans toutes les mairies de France, il est d'usage de réserver un siège à la presse dans la salle du conseil municipal pour lui permettre d'assister à la séance dans de bonnes conditions. Et informer, ainsi, l'ensemble des concitoyens des décisions qui impacteront leur quotidien.
Mercredi soir, le maire Front national de Fréjus a remballé la chaise et la table, renvoyant le journaliste dans le public, au milieu de ses supporters, dans une ambiance de meeting électoral. On ne brandira pas, outrés, l'étendard de la liberté d'expression, dont le cousin le plus proche est la liberté de la presse.
On ne montera pas plus sur nos grands chevaux au prétexte que nous serions, nous, directeur de la publication, journalistes d'ici et d'ailleurs en France, les dépositaires du 4e pouvoir.
Pour autant, ce qui se passe à Fréjus ne saurait être traité comme un détail de l'histoire des relations du monde politique et d'un journal régional, Var-matin.
L'histoire, c'est celle d'un maire, pourtant sénateur de notre République, qui attaque votre journal sur tous les fronts, mais au seul bénéfice du Front national.
M. Rachline n'aime pas Var-matin. C'est son droit le plus strict. M. Rachline estime qu'il est le maire étalon, celui sur lequel tous devraient prendre exemple ; nul n'osera lui ôter sa liberté de penser.
Mais quand, sur la base du "on n'est jamais mieux servi [flatté] que par soi-même", M. Rachline décide de cadenasser le débat démocratique en transformant son bulletin municipal en seule et unique source d'information pour ses administrés… là, c'est une autre histoire.
En a-t-il le droit? On pourrait rappeler qu'un bulletin municipal est financé par l'argent des contribuables. N'appartenant ainsi à personne, il appartient à tout le monde.
On pourrait ironiser sur le retour du temps des Pravda municipales. On ne le fera pas ici. En revanche, la limite est franchie quand, au travers de son bulletin municipal, M. Rachline fait le procès non pas d'un journal, mais de journalistes qu'il attaque, critique, dénigre et stigmatise nommément.
L'arme de la dénonciation, de la vindicte populiste! Ailleurs, on appelle cela une fatwa. Et cela fait froid dans le dos...
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