Julien Denormandie, ministre actuel de l’Agriculture? :"C’est une hypothèse plausible, celle du jeune fidèle du président qui irait au combat et si les législatives ne tournent pas très bien, il pourra redevenir ministre. Mais il ne va peut-être pas créer un élan immense dans le pays. L’une des caractéristiques de ces cinq ans c’est que la décomposition politique n’est pas complètement achevée et la reconstruction n’est pas encore amorcée. LREM n’a pas vraiment pris racine. Localement le parti ne s’est pas vraiment implanté. Il a été créé autour de la personnalité d’Emmanuel Macron avec un corpus idéologique très incertain, pratiquement aucune personnalité d’envergure n’a émergé. Il y a eu quelques médiatiques comme Dupond-Moretti, ministre de la Justice, mais il n’a pas de base politique dans le parti macroniste. Lui, voudrait rester mais risque de devoir partir, car un ministre qui crée des problèmes devient un poids."
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie? "Il prendrait un risque en allant à Matignon tout de suite, sauf à être très optimiste sur la possibilité de rester. Mais je pense qu’il ambitionne d’aller à Matignon."
Jean-Michel Blanquer, pour l’instant ministre de l’Éducation nationale? "L’Élysée prenant toute la lumière, très peu de ministres ont émergé. Il a été encensé, puis on lui a trouvé tous les défauts possibles. Il n’a pas développé non plus un profil politique."
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne? "Elle a une expérience ministérielle mais pourquoi quitterait-elle son poste prestigieux à la BCE, pour un poste précaire de premier ministre, qu’elle n’est pas sûre de garder si les élections législatives tournent mal. Ce qui n’est pas exclu."
Christian Estrosi, le maire de Nice? "Il aurait le profil. Il est rallié à Macron. Il a un poids politique. Il est connu, sait faire des élections, donc il saura faire campagne et c’est une carte qu’il peut jeter si cela ne marche pas. Estrosi ferait une nouveauté, une ouverture. Et cela donnerait un signal vers la droite. Il permettrait de jouer cette carte de la modernité. Macron a siphonné la droite modérée, en tout cas, celle qui n’est pas partie chez Marine Le Pen ou chez Zemmour. Christian Estrosi ne veut pas, paraît-il, mais on ne refuse pas un poste de Premier ministre, sauf s’il se demande ce qu’il va devenir après les législatives. Estrosi est peut-être une solution, car pour que les macronistes gagnent une majorité absolue aux législatives, ils devront piocher encore un peu dans ce qui reste de l’électorat de Les Républicains, ceux que Mme Pécresse n’a pas réussi à retenir. Le réservoir de voix est plutôt du côté de la droite modérée qu’à gauche."
Darmanin, aujourd’hui ministre de l’Intérieur? "Il est jeune, vient de la droite et a donné plutôt satisfaction à l’Intérieur. Il pourrait prendre le risque d’aller à Matignon sans être sûr de s’y maintenir. Mais il est du gouvernement sortant, donc cela ne donne pas une impression de nouveauté."
Gabriel Attal, actuel porte-parole du gouvernement? "Il me paraît un peu jeune. Il aura une promotion ministérielle mais pas pour Matignon."
Olivier Véran, le ministre de la Santé? "Il va rester au gouvernement, avec peut-être un poste plus important. Mais nommer le ministre du confinement, du pass sanitaire et des vaccins à Matignon, serait un signal psychologique désastreux. Il a bien fait son travail dans des conditions difficiles mais n’a pas une grande surface politique personnelle."
Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité et président d’Agir? "Il vient de la droite mais n’a pas percé énormément."
Élisabeth Borne, la ministre du travail? "Elle remplit bien son rôle mais elle est peu connue, et elle n’est pas une ministre politique. Le premier ministre sous la Ve République c’est un peu le second chef, le chef opérationnel de la majorité. C’est un peu à lui de diriger la campagne tout en respectant les impulsions du président."
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