24 sièges pour une liste aux élections nationales à Monaco, du jamais vu depuis 25 ans

Il faut remonter à 1998 pour avoir le dernier scénario d’un hémicycle monochrome. En quoi l’échec des Nouvelles Idées pour Monaco interroge-t-il les Monégasques?

J. D. Publié le 07/02/2023 à 10:30, mis à jour le 07/02/2023 à 10:46
Jean-François Ottonello

Vingt-quatre sièges pour une même liste. Les Monégasques n’avaient pas vu pareil scénario depuis 1998, où l’Union Nationale Démocratique l’emportait pleinement alors que trois listes étaient en lice. À l’époque, les élus étaient dix-huit seulement et le mode de scrutin à deux tours.

En 2002, la réforme de la loi électorale instaure notamment une dose de proportionnelle, pour favoriser ainsi le pluralisme.

C’est d’ailleurs ce que stipule le site du Conseil national qui souligne: "Le mode de scrutin, à un seul tour, peut être qualifié de mixte: il combine en effet le scrutin plurinominal majoritaire, pour les deux tiers des sièges à pourvoir, et la représentation proportionnelle, avec répartition à la plus forte moyenne, pour le tiers restant. Ainsi, la présence d’une diversité d’opinions au sein de l’Assemblée est-elle garantie, en accord avec les valeurs démocratiques partagées par la société internationale d’aujourd’hui".

Mais, on le voit, le système a ses limites.

Jean-Charles Tonelli passé tout près de la victoire

Ce lundi, en pleine nuit, L’Union - Union Nationale Monégasque raflait 72.602 voix contre 8.401 à la liste des Nouvelles Idées pour Monaco (NIM). Un score qui n’a pas donné la possibilité à la liste conduite par Daniel Boéri d’avoir ne serait-ce qu’un seul siège, même si le suspens est resté jusqu’à la dernière minute pour Jean-Charles Tonelli, qui a obtenu 770 voix. Alors, dans le bureau de vote installé Salle Léo-Ferré dimanche soir, les colistiers de NIM étaient nombreux à réclamer une nouvelle réforme du mode de scrutin.

En attendant, 24 sièges raflés par une seule liste est-ce la marque d’une crise de la démocratie comme le disent certains? "Absolument pas", selon Brigitte Boccone-Pagès qui souligne que L’Union, par définition, n’est pas monochrome mais bien plutôt pensée dans le respect des différentes sensibilités.

Ce qui est certain, et tout le monde est unanime, c’est que l’entrée de NIM dans la course aux élections aura au moins permis aux électeurs de choisir. Même si l’équilibre des forces et des moyens manquait cruellement (24 contre 14, 260.000 euros de budget de campagne contre 65.000).

400 votes blancs et nuls: un record

Le second choc démocratique, c’est le taux de participation historiquement bas: 57,26% avec, de surcroît, un record de votes blancs et nuls (400 au total, soit 9,2%). Cela fait donc 3.948 bulletins pris en compte sur un total de 7.594 électeurs inscrits.

C’est donc une victoire sur fond de désaffection de l’électorat. Maintenant, les 24 de L’Union devront prouver que la formule, imaginée au sortir de la crise sanitaire, est véritablement gagnante.

Les 24 conseillers nationaux élus

Karen Aliprendi, 36 ans, en reconversion professionnelle pour devenir consultante, conseillère nationale sortante.

Nathalie Amoratti-Blanc, 58 ans, attachée de direction à l’A Qietüdine, conseillère nationale sortante.

Morgane Jade Aureglia, 37 ans, chef de projet pour la mise en place de solutions innovantes pour le gouvernement.

Maryse Battaglia, 66 ans, retraitée.

Régis Bergonzi, 45 ans, avocat-défenseur.

Corinne Bertani, 63 ans, directrice d’une agence de voyages, conseillère nationale sortante

Brigitte Boccone-Pagès, 63 ans, présidente du Conseil national, ancienne vice-présidente de la même institution.

Thomas Brezzo, 43 ans, avocat, conseiller national sortant.

Christophe Brico, 48 ans, fonctionnaire, jusque-là chargé des affaires économiques au cabinet de la présidence du Conseil national.

Philippe Brunner, 63 ans, médecin et chef du département d’imagerie médicale au CHPG.

Nicolas Croesi, 41 ans, agent immobilier et ancien adjoint au maire de Monaco.

Béatrice Fresko-Rolfo, 53 ans, présidente de l’œuvre de Sœur Marie, conseillère nationale sortante.

Marie-Noëlle Gibelli, 65 ans, retraitée du secteur de la santé, conseillère nationale sortante.

Jean-Louis Grinda, 63 ans, directeur des Chorégies d’Orange, ancien directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, metteur en scène, conseiller national sortant.

Marine Grisoul, 34 ans, responsable du pôle diététique gériatrique au CRIII, A Qietüdine et Cap Fleuri, conseillère nationale sortante.

Franck Julien, 58 ans, consultant, conseiller national sortant.

Mathilde Le Clerc, 31 ans, juriste dans l’Administration monégasque.

Franck Lobono, 55 ans, chef d’entreprises, conseiller national sortant.

Roland Mouflard, 38 ans, gérant de société.

Fabrice Notari, 64 ans, architecte, conseiller national sortant.

Mikaël Palmaro, 42 ans, employé de jeux européens.

Christine Pasquier-Ciulla, 58 ans, avocat-défenseur.

Guillaume Rose, 54 ans, directeur général exécutif du Monaco Economic Board, conseiller national sortant.

Balthazar Seydoux Fornier de Clausonne, 51 ans, dirigeant d’un cabinet de recrutement, conseiller national sortant.

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