Maire de La Trinité depuis 2020 après quatorze années sur les bancs de l’opposition, Ladilslas Polski est un maire de gauche attaché aux "valeurs républicaines", comme il aime à la rappeler.
Il défend sa commune, "ce petit bout de France où il fait bon vivre", dont il "ose dire modestement" avoir "rétabli une trajectoire saine et dynamique" alors qu’elle était "quasiment en faillite".
Une commune "aux nombreux défis" où il exerce aussi à la maison de santé comme médecin généraliste.
Lorsqu’on regarde les chiffres de l’INSEE, on constate que la population est restée stable ces dernières années à La Trinité.
Nous avons pris l’engagement de conserver un urbanisme maîtrisé et harmonieux. Nous sommes une petite ville à la campagne et je souhaite conserver cette identité. Je ne veux pas que ce patrimoine soit sacrifié sur l’autel de la construction mais il faut continuer à loger les actifs. Nous devons faire attention et avoir un urbanisme maîtrisé. Nous sommes soumis à une contrainte forte car notre commune est confrontée aux risques inondations.
Des risques qui pourraient modifier le programme local de l’habitat, comme vous l’avez souligné lors du dernier conseil municipal...
Nous sommes au confluent du Laghet et du Paillon. La constructibilité risque d’être remise en cause. Nous avons un rôle de pilotage qui consiste à se battre là où c’est cohérent et sécurisé. Sans oublier de conserver l’identité de la ville. Pour sortir du risque inondabilité, il faut aller en hauteur, monter sur les collines où la voirie n’est pas adaptée. C’est ce qui risque de figer la constructibilité. On travaille sur le prochain plan local d’urbanisme métropolitain. Notre richesse et notre contrainte: ce sont ces montagnes qui tombent dans la mer.
Où en est la ligne 5 du tramway? Un calendrier est-il établi?
En juillet 2024, nous avons voté au conseil métropolitain l’ensemble de la délégation d’utilité publique. C’est un vote historique! J’ai toujours défendu l’arrivée du tram’ à La Trinité. Le projet n’a jamais été engagé aussi concrètement qu’aujourd’hui. Le premier entretien que j’ai eu avec Christian Estrosi, le président de la Métropole, quand j’ai été élu maire, c’était pour lui dire que c’était pour moi un engagement fondamental. Et lorsqu’il m’a proposé d’intégrer l’exécutif de la Métropole, j’ai dit que je n’imaginais pas y participer s’il n’y avait pas une volonté partagée d’étendre le réseau de transport métropolitain vers l’est. C’est en 2020 qu’il a arbitré en faveur de la création de la ligne 5 du tramway.
La délégation d’utilité publique est un document qui rend irréversible le sujet. Pour des sujets de cette envergure, ce qui compte c’est que ce soit définitivement acté. Le temps de réalisation a pris un peu de retard et on est plutôt à l’horizon 2030.
Vous faites partie des maires qui ont signé la charte ‘‘de valeurs essentielles’’ envoyée à tous les élus de la Métropole lors de la démission de Christian Estrosi de son poste de président, le 10 juillet 2024. N’avez-vous pas eu le sentiment de signer un chèque en blanc?
Ce n’est pas une histoire de chèque en blanc et je suis très à l’aise avec ça. Quand on est dans une majorité – qui plus est dans un exécutif – ça veut dire qu’on vote le budget. Tout le monde sait d’où je viens et quelle est ma sensibilité politique. Je ne manque pas de l’exprimer régulièrement, y compris en conseil métropolitain. Et dès lors que les propositions concrètes ne correspondraient pas avec ce que je pense juste pour ma commune ou pour l’intérêt général de la Métropole, je conserve toutes libertés. Si vous ne voulez pas voter le budget, vous ne le faites pas, mais alors vous quittez l’exécutif. Je soutiens un budget interventionniste.
Moi je suis chevènementiste. Jean-Pierre Chevènement avait dit, de façon un peu provocatrice: ‘‘Quand on est ministre, on ferme sa gueule ou on démissionne’’.
Et puis, avec cette charte, il s’agissait aussi de mettre un cadre de valeur de refus des extrêmes. Et de dire: on refuse l’alliance avec LFI [1] et avec le RN [2]. Mais ça ne veut pas dire stigmatiser les gens qui votent RN. Ce n’est pas parce qu’on combat les idées et l’engagement des élus du RN qu’on n’est pas en capacité de porter un discours républicain envers ses électeurs. Avec cette charte, on refuse les alliances avec ceux qui sortent du cadre républicain. La responsabilité des élus est de garder une boussole pas une étiquette partisane.
Je suis très à l’aise avec ma boussole républicaine.
Que pensez-vous des maires "frondeurs" qui n’ont pas signé cette charte?
Je ne veux pas les appeler des frondeurs. Pour la plupart, ce sont des individus avec lesquels j’ai des rapports chaleureux. Chacun défend les intérêts de sa commune comme il l’estime utile. Je ne sous-estime pas non plus les tiraillements qui peuvent exister, les sentiments de conflit de loyauté. Moi qui n’appartiens pas à la sensibilité historique de la majorité métropolitaine, ou départementale, mon positionnement est respecté par les chefs des différents exécutifs. Je n’ai pas envie de jeter la pierre à mes collègues sur leur positionnement. Je crois simplement que nous avons tous intérêt à chercher en permanence l’esprit de rassemblement. C’est non seulement ce dont nous avons besoin pour mener à bien les projets d’intérêt général mais aussi le message dont ont besoin nos concitoyens.
Comment votre majorité municipale perçoit ce soutien à Christian Estrosi?
Nous sommes en phase. Notre équipe municipale, qui est une équipe de rassemblement et qui regroupe différentes sensibilités, est un alliage qui a bien fonctionné. Nous continuons d’être en phase sur la base de deux piliers. D’une part, la fidélité à un projet sur lequel nous nous sommes engagés auprès des Trinitaires. À un an des élections, on regarde dans le rétroviseur pour voir si les engagements qu’on a pris sont tenus. D’autre part, l’aspect des valeurs. Lorsque nous avions constitué notre équipe en 2020, nous avions acté que ce qui nous rassemblait était ces valeurs autour de la promesse républicaine. Et quand on parle de promesse républicaine, ça passe par l’éducation. Ces valeurs ont continué de nous rassembler, quelles que soient les sensibilités.
Lors des élections législatives, les électeurs trinitaires ont choisi Bernard Chaix, le candidat de l'Union des droites pour la République dans votre circonscription (la 3e), à 63,66%. Comment expliquez-vous ce résultat?
Le RN fait environ 60% au 2e tour de toutes les élections. Les gens votent pour un projet, pas pour une étiquette. Je ne suis pas de ceux qui se mettent une pince à linge sur le nez. Je mesure ce que les électeurs veulent dire. Il faut plus que jamais affirmer les valeurs de notre nation. La laïcité est une valeur exigeante, pas une valeur tiède. Nos concitoyens sont profondément républicains, même s’ils émettent un vote de colère. Ils veulent réaffirmer les valeurs et l’ordre républicain. La sécurité est la première des libertés.
Quels sont vos rapports avec votre député?
Ils sont cordiaux, nous nous connaissions déjà. Évidemment, on ne pense pas la même chose sur les sujets nationaux mais cela n’empêche pas de se respecter entre élus.
On vous imagine mal ne pas être candidat pour les élections municipales de 2026.
Le temps de la campagne n’est pas venu. Il reste encore beaucoup faire. Mais j’y réfléchis activement et je me prononcerai en temps utile.
1. La France insoumise.
2. Rassemblement national.
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