"Contrairement à Michael, j’ai eu une enfance": Leee John, le chanteur d’Imagination, parraine le lancement de la Jackson Family Foundation Europe à Saint-Tropez

Inutile de faire un dessin. Leee John en a fait remuer, des popotins, et favorisé la natalité à travers la planète, depuis la consécration avec Imagination au début des années 80.

Voici l’animal magnétique aux tenues d’anticipation assis sagement dans un sofa de la Do You Tropez Art Legacy, antre tropézien qui abrite la Jackson Family Foundation Europe, lancée vendredi soir et dont il est le parrain.

Affable et disert, le sexagénaire au regard félin et à la voix suave ponctue l’interview de ritournelles jacksonniennes. Leee réside entre Londres et l’Espagne, mais sillonne comme jamais les routes de France à travers ses différents projets artistiques.

Racontez-nous les coulisses de votre première rencontre avec Michael Jackson?

Je l’avais d’abord vu avec les Jackson Five au Rainbow Theater de Londres. J’avais tous leurs albums. En 1978, j’évoluais déjà dans le milieu musical, mais aussi de la presse, et après un de leurs shows, je me suis retrouvé dans cette soirée où étaient Michael [photo en médaillon, Ndlr], Marlon et Randy Jackson. D’ailleurs, seul lui parlait, car Michael voulait préserver sa voix. Par la suite, je l’ai revu backstage sur l’une de ses tournées – je sais qu’il adorait notre titre In and Out of Love – et j’ai fait plusieurs shows avec ses frères, The Jacksons, dont un au Palais des congrès de Paris. Off the Wall est de loin mon album solo préféré de Michael devant Thriller. Celui que tout artiste noir envie!

Sur quels points votre carrière et celle de Michael convergent?

Contrairement à lui, j’ai la chance d’avoir pu vivre mon enfance, même si j’ai été signé par EMI dès l’âge de 15 ans. Tout s’est emballé et boum, j’ai dégringolé aussi vite! Bien sûr, par la suite, j’ai connu la célébrité, mais j’avais la tête dans le guidon et je n’ai réalisé que bien après l’influence que l’on a pu avoir. Comme Michael, nous avons joué sur notre image, les costumes à thème – égyptien, romain, arabique… –, avec chaque fois cette hantise: "Qu’allons nous inventer après?" (rire) Et puis j’ai fini par forger mon propre style.

Au-delà de l’artiste, beaucoup prennent leurs distances avec la personne qu’il était. Et vous?

La musique et son héritage artistique prennent le dessus sur tout! Je ne crois pas à tout ça, rien n’a jamais été prouvé. Il y a l’appât du gain de parents et certains médias ont voulu le salir, comme cela a pu m’arriver à moi aussi, pour d’autres raisons. Voilà pourquoi je protège ma vie privée.

On connaît vos reprises d’AC/DC ou du titre Police and Thieves. Et la galaxie Jackson?

J’ai repris une fois I’ll Be There (il fredonne) pour un gala de charité, sans tomber dans l’imitation. Toutefois, durant les sessions de l’album Closer [Imagination - 1987, Ndlr], j’étais tellement sous le charme d’un de ses titres dans The Wiz, que j’ai chanté à sa manière. À la fin de la prise, le producteur m’a tancé: "Pouvons-nous avoir de nouveau le vrai Leee John?" (sourire).

Le duo avec Plastic Bertrand en 2022 n’était-il pas déséquilibré, vu sa voix quasi inexistante?

(Rire) Non, il a chanté avec un vocodeur (1), en référence à Herbie Hancock, donc tout allait bien. Et puis il est très charismatique, c’est un copain et on s’est beaucoup amusé à faire ce titre rétro-disco!

La forte connexion avec la France remonte à quand?

Mes parents viennent de Sainte-Lucie, donc j’ai des origines antillaises. J’ai visité Paris très jeune. Par la suite, j’ai vu Grace Jones au Palace. Waouh, quel choc! J’ai toujours eu en moi cette esthétique et sophistication française. Quant à la Côte d’Azur, c’est un délice car j’adore nager. C’est ma méditation.

Vous êtes d’ailleurs une créature aquatique dans un clip de Gorillaz. Les coulisses de cette collaboration?

Damon Albarn (cofondateur de Gorillaz et aussi de Blur) vit à dix minutes de chez moi à Londres! Donc il m’a demandé de poser ma voix sur son titre The Lost Chord très naturellement. Nous avons tourné ce clip très coûteux qui a demandé des heures de maquillage, sans parler du costume, pour me transformer en monstre marin! J’ai aussi fait quelques méga-shows avec le groupe. Tout cela m’a fait découvrir par un nouveau public!

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1. Un dispositif qui fabrique un son synthétique à partir d’une voix ou d’un son.