Procès pour corruption: 4 ans de prison et une forte amende requis contre l'ex-préfet Gardère

Mû par "l'appât du gain", il n'a pas su séparer missions publiques et intérêts privés: le parquet a requis mardi quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et 450.000 euros d'amende, contre l'ancien préfet Alain Gardère, jugé à Paris pour avoir accepté de multiples cadeaux en échange de services rendus.

AFP Publié le 11/06/2024 à 21:30, mis à jour le 11/06/2024 à 21:30
Le nouveau préfet délégué à la sécurité et à la défense de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Alain Gardère, salue les drapeaux à l'Hôtel de Police de Marseille le 30 août 2011, lors de sa cérémonie d'investiture AFP/Archives / GERARD JULIEN

Ex-préfet de police de Marseille (2011) proche de la droite, Alain Gardère, aujourd'hui âgé de 67 ans, s'est montré "manipulable et corruptible", a fustigé la substitut du procureur Carine Letor: il s'est prévalu de ses fonctions pour se faire offrir des voyages, repas au restaurant ou des soirées au cabaret, a-t-elle insisté.

Responsable de la sécurité des aéroports parisiens du Bourget et de Roissy en 2011-2012, puis directeur en 2015-2016 du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS, l'instance qui délivre des agréments dans ce secteur), M. Gardère, aujourd'hui à la retraite, est poursuivi notamment pour corruption passive, recel d'abus de biens sociaux, prise illégale d'intérêt et détournement de fonds publics.

Selon l'accusation, il aurait entre autres favorisé l'obtention illégitime d'agréments à des agents de sécurité privés et facilité l'obtention de marchés en matière de sécurité.

En acceptant des cadeaux, une "pratique habituelle" pour lui, ce "préfet de réseaux", franc-maçon, se rendait "vulnérable aux sollicitations", autrement dit "intéressé et influençable", car "il le savait, quand c'est gratuit, c'est qu'il y a une contrepartie", a insisté la magistrate.

Dans ce dossier, l'Etat a été "victime des agissements d'un agent public défaillant", a souligné de son côté Me Bernard Grelon, avocat de l'Etat, qui s'est constitué partie civile.

M. Gardère "donne le sentiment que tout cela c'est la normalité, car il n'a pas touché des pots-de-vin gigantesques, mais des repas ou de petits trajets", a-t-il concédé. Mais "faire croire que c'est la normalité, c'est justement ça l'atteinte à l'image de l'Etat", a-t-il plaidé, fustigeant "l'image détestable d'une haute fonction publique qui ne fonctionne qu'avec les copains et les réseaux".

Il est "inacceptable qu'un préfet, incarnation de l'Etat, puisse utiliser la puissance étatique pour favoriser son intérêt personnel contre l'intérêt général", a dénoncé quant à elle Inès Bernard, déléguée générale de l'association Anticor, qui s'est également constituée partie civile. "Si des mouvements populistes s'installent en France, c'est que la lutte contre la corruption ne fonctionne pas et que le citoyen perd confiance dans les institutions", a renchéri l'avocat de l'association, Me Jérôme Karsenti.

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