"Notre petit frère était le pantin": les sœurs de l'assassin du couple de policiers à Magnanville chargent l'accusé

Larossi Abballa, l'assassin d'un couple de policiers poignardés à leur domicile de Magnanville (Yvelines) en juin 2016, a été "endoctriné" par Mohamed Lamine Aberouz, seul dans le box des accusés, et son frère Charaf Din, ont soutenu jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris les sœurs aînés du meurtrier.

La rédaction Publié le 05/06/2025 à 15:46, mis à jour le 05/06/2025 à 15:47
Le 13 juin 2016, le commandant adjoint du commissariat des Mureaux Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, avaient été assassinés à coups de couteaux, sous les yeux de leur fils de 3 ans et demi. Photo AFP

Larossi Abballa, l'assassin d'un couple de policiers poignardés à leur domicile de Magnanville en juin 2016, a été "endoctriné" par Mohamed Lamine Aberouz, seul dans le box des accusés, et son frère Charaf Din, ont soutenu jeudi 5 juin devant la cour d'assises spéciale de Paris les soeurs aînés du meurtrier.

Le point soulevé par les deux sœurs de l'assassin domine tous les débats du procès en appel de l'attentat de Magnanville. Pour l'accusation, Larossi Abballa n'a pas agi seul et Mohamed Lamine Aberouz était son complice. La défense de l'accusé soutient le contraire.

Les frères Aberouz "ont télécommandé" Larossi Abballa, a affirmé Aamrana, 40 ans. "Mon frère n'a pas pu faire ça tout seul", a insisté Zahra, 37 ans. A les entendre, Larossi Abballa serait "une victime".

Sur les bancs de la cour d'appel, la mère de Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, égorgée sous les yeux de son fils de trois ans par Larossi Abballa, ne peut réprimer un frisson.

"Qu'est-ce qu'on lui a mis dans la tête pour le transformer en monstre?"

Jugé en appel pour "complicité", Mohamed Lamine Aberouz nie toute implication dans le double crime commis au nom du groupe Etat islamique (EI). Son frère aîné, Charaf Din, un temps mis en cause dans ce dossier avant d'être relaxé, doit témoigner devant la cour mercredi prochain. Depuis le procès de première instance, il a été mis en examen pour menaces de mort contre l'avocat de la famille de Jessica Schneider.

Les sœurs du meurtrier, abattu par des policiers du RAID intervenus pour libérer l'enfant du couple retenu en otage, dressent un portrait idyllique de celui qu'elles appellent "notre petit frère".

"Qu'est-ce qu'on lui a mis dans la tête pour le transformer en monstre?", s'interroge Zahra. "Il n'a pas pu rédiger seul la revendication" du double assassinat, dit-elle. "Ce ne sont pas ses mots. C'est de la folie".

La vidéo de revendication de l'assassinat des deux policiers montre Larossi Abballa, en gros plan, souriant, annoncer : "Je viens de tuer un policier, je viens de tuer sa femme, et derrière moi il y a le petit, je ne sais pas ce que je vais faire de lui encore".

"Notre petit frère était le pantin" des frères Aberouz, dit Zahra. "Il a été le corps, ils ont été la tête", soutient l'aînée Aamrana.

Quand on leur montre le couteau ensanglanté tenu par leur frère pour égorger Jessica Schneider puis, un peu plus tard, poignarder son compagnon Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, les deux femmes poussent un cri d'effroi. "Ô Seigneur !", s'exclame Aamrana en reculant.

"Vous savez des choses ?"

Vincent Brengarth, un des avocats de Mohamed Lamine Aberouz, aimerait savoir quels sont les éléments concrets qui permettent aux deux soeurs de mettre en cause son client. Aamrana et Zahra sont incapables de citer des rencontres ou des échanges entre leur frère et l'accusé.

"Vous savez des choses?", demande la présidente Frédérique Aline à Zahra. "J'en sais rien", répond Zahra.

Si le lien entre Larossi Abballa et Mohamed Lamine Aberouz n'est pas formellement établi, sauf par les traces ADN de l'accusé retrouvées sur l'ordinateur du couple assassiné, il n'en est pas de même concernant la relation entre le meurtrier et Charaf Din Aberouz.

Les deux hommes ont été condamnés pour association de malfaiteurs terroriste dans le cadre d'une affaire de filière d'acheminement de combattants islamistes vers les zones tribales afghano-pakistanaises.

Après leur sortie de prison -en septembre 2013 pour Larossi Abballa, la veille des attentats du 13 novembre 2015 pour Charaf Din Aberouz-, les deux hommes ont continué à se voir malgré l'interdiction qui leur avait été faite de communiquer entre eux.

Est-ce que Larossi Abballa fréquentait aussi Mohamed Lamine Aberouz ? La question n'a pas trouvé de réponse définitive jeudi.

"Aucune action de ma part n'a pu contribuer au passage à l'acte de Larossi Abballa", a insisté Mohamed Lamine Aberouz à l'ouverture du procès. L'interrogatoire sur le fond de l'accusé est prévu le 17 juin, les réquisitions du ministère public le 19. Verdict attendu le 20 juin.

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