Le 14 novembre, un passeur italien intercepté avec trente-sept migrants pakistanais à son bord écopait de six ans de prison, à Nice. Une peine sans précédent. Ce mercredi, un passeur pakistanais s’est vu infliger une condamnation à peine moins lourde : 5 ans ferme.
Ali Amjad, 36 ans, a fait presque aussi fort. Si l’on ose dire, tant ce dossier exhale les relents sordides du trafic d’êtres humains.
Le 1er novembre, vers 4 h 30, ce Pakistanais a été interpellé au péage de la Turbie par les CRS, qui l’ont confié à la police aux frontières. Trente et un compatriotes étaient entassés à l’arrière de son fourgon. Les malheureux voyageaient dans des conditions déplorables. Certains étaient pris de vomissements ou empêchés de satisfaire leurs besoins naturels, prisonniers d’un véhicule lancé à vive allure.
Ali Amjad l’assure : il n’avait pas entendu les coups sur la paroi du véhicule. Ni remarqué qu’une trentaine de personnes, dont deux ados, avaient grimpé à bord. Selon lui, ils auraient profité de son sommeil, dans une station-service, côté Vintimille.
Ses explications ne convainquent guère les magistrats. Certes, il n’avait pas des liasses de billets sur lui. Mais ce trajet en direction de Lille et ses allers-retours depuis septembre à la frontière franco-italienne, apparaissent plus que suspects…
Tribunal plus sévère que le parquet
De leur côté, les migrants n’ont pas vu le chauffeur. Mais ils affirment avoir embarqué à Bergame, dans la région de Milan, guidés par un passeur. Le scénario évoque davantage les circuits mafieux bien structurés qu’une opportunité saisie au vol.
Face à la gravité des faits, le tribunal présidé par Alain Chemama va au-delà des réquisitions du ministère public. Le procureur Brigitte Funel avait requis 3 ans de prison ; le tribunal porte l’addition à 5 ans ferme. Avec maintien en détention, interdiction de séjour en France pendant dix ans et confiscation du fourgon.
Les passagers brinquebalés sur l’A8 avaient été remis le jour même aux autorités italiennes. Sauf les deux mineurs. Eux, ont été placés en foyer par les services de protection de l’enfance.
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