Nice, 20 h hier. Des chants de supporters s'élèvent brièvement devant la caserne Auvare. Les Ultras niçois saluent la remise en liberté de Fred, l'un de leurs leaders historiques, contraint de séjourner en garde à vue tout au long de l'après-midi. Un affront, à leurs yeux. « Pourquoi tout ça ? Ce n'est pas un criminel, il n'y a rien de grave ! », s'insurgent certains, parmi la cinquantaine d'Ultras venus exprimer leur soutien.
Les faits qui ont valu ce traitement au président de la Populaire sud de Nice ne constituent assurément pas un crime. Mais peut-être un délit. « Participation au maintien d'une association dissoute » : tel était le cadre procédural de cette garde à vue. Une audition par la sûreté départementale dont Fred est ressorti libre, sans poursuite ni convocation ultérieure.
Passion ou provocation ?
Pour comprendre l'origine de ce nouvel épisode dans la relation tumultueuse entre supporters niçois et autorités, un petit rappel s'impose. 29 avril 2010 : le ministre de l'Intérieur publie un décret entérinant la dissolution de sept groupes de supporters. Dont la Brigade sud de Nice, emblématique des fanatiques de l'OGC Nice. Un demi-siècle durant, la BSN 85 a enflammé la tribune sud du stade du Ray. Elle paie alors les incidents reprochés aux supporters niçois.
Depuis, le peuple rouge et noir a déménagé à l'Allianz Riviera, et affiche fièrement ses couleurs dans la Populaire sud. Mais dimanche soir, lors du match Nice-Marseille, c'est aussi un immense « B.S.N. » qu'elle a déployé en lettres géantes lors de son tifo inaugural.
La passion dévorante aurait-elle viré à la provocation ? En tout cas, l'hommage à la BSN 85 n'a manifestement pas été du goût des autorités. Voilà ce qui a conduit la police nationale à interpeller le responsable de la Populaire sud, hier, en milieu de journée.
Le quadra n'a pas sollicité l'assistance de son avocat, Me Franck de Vita. « Il n'avait rien à se reprocher. Dès lors, il n'avait pas besoin que ses droits soient préservés à ce stade », explique le ténor niçois. Son client n'a pas souhaité s'exprimer à sa sortie du commissariat. Mais, indique Me De Vita, « les faits sont contestés dans leur principe ».
Plusieurs perquisitions
Hier après-midi, les policiers ont procédé à des perquisitions dans les locaux de la Populaire sud, à Nice-Est, ainsi qu'au domicile de son président. Pour le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, la découverte ou non d'éléments matériels serait déterminante pour la suite de la procédure. Hier soir, rien n'a filtré sur l'issue de ces perquisitions.
Etonné de l'empressement des autorités à réagir au tifo controversé, Me De Vita ironise : « Il y a incontestablement un état de non-urgence ! » Il est vrai que le match OGCN-OM a, aussi, été marqué par le nuage de fumigènes qui a entraîné un arrêt de jeu. A l'heure de l'état d'urgence et à quatre mois de l'Euro, l'introduction de tels objets pose assurément question. Mardi, un supporter niçois a été condamné en correctionnelle pour avoir craqué l'un de ces fumigènes.
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