Ce jeudi, Wojciech Janowski avait accusé Gildo Pallanca Pastor d’être le commanditaire du double assassinat d’Hélène Pastor et de son chauffeur, Mohamed Darwich. "Pour quel mobile aurait-il fait cela", avait interrogé, dubitatif, le président de la cour d’assises d’appel, Patrick Ramaël.
Janowski avait alors affirmé que les affaires du fils de la milliardaire assassinée périclitaient et qu’il n’aurait pas supporté les accès de colère de sa mère. Il aurait donc fomenté le machiavélique projet. Et tant pis si cette version ne pouvait pas cadrer avec les faits.
Bien avant le double assassinat, Gildo Pastor était en effet hospitalisé pour un double AVC. Il avait quasiment perdu l’usage de la parole, et ne se mouvait qu’avec grande difficulté.
Jeudi, depuis son box d’où il plastronne depuis trois semaines, le gendre d’Hélène Pastor semblait pourtant ravi de son petit effet. Ses accusations venaient planter un peu plus la lame du chagrin dans le cœur des parties civiles.
Problème: souvent Janowski varie. Ce vendredi matin, l’ex consul de Pologne en Principauté était de retour dans le box des accusés, pour la fin de son audition. Rien de changé en apparence. En apparence seulement.
"Est-ce que oui, ou non, vous accusez toujours aujourd’hui Gildo Pallanca d’être le commanditaire?", interroge le président. Wojciech Janowski prend son souffle un instant: "Non." Remous dans la salle.
Pas tant que les observateurs du procès ne soient habitués aux incessants revirements de l’accusé principal. Mais, la veille, il avait été si virulent, comme il l’a été depuis le début de l’affaire à l’encontre de Gildo Pastor, que cet acrobatique 360° semble fou. "Monsieur vous changez encore de version, c’est compliqué de vous suivre", note le président, agacé.
Qui a commandité?
Exit donc Gildo Pastor. Alors qui derrière ce double crime? Et si le commanditaire était une commanditaire? Aussi fou que cela puisse paraître de la part d’un homme qui déclame sans cesse son amour pour son ex-épouse, Janowski a écrit à son meilleur ami polonais qu’il se posait des questions sur… Sylvia Ratkowski Pastor.
En 2019, soit après le premier procès, il couche ces mots sur papier: "Je ne sais pas si ce n’était pas elle… Imagine les conséquences si c’était elle…" Voilà donc qu’il tente d’impliquer son ex-compagne. Celle à laquelle il avait dit en 2014, en larmes, yeux dans les yeux, lors d’une rencontre autorisée par la PJ, alors qu’il venait d’avouer en garde à vue et que Sylvia en sortait: "J’ai tué ta mère pour te sauver."
Question du président Ramaël: croit-il encore réellement à la culpabilité de Sylvia? Janowski affirme que non. Qui, alors, a commandité ces crimes si ce n’est ni lui, ni Gildo Pastor, ni son ex-compagne? "Quelqu’un au-dessus de Dauriac", rétorque-t-il comme on sort un lapin d’un chapeau. On ne saura pas qui.
Lors de ses deux procès, l’ex consul de Pologne aura donc accusé la terre entière du double crime, y compris lui-même par deux fois. Quitte à revenir à chaque fois sur ses paroles. N’en jetez plus, la barque est pleine.
Sur le banc de ses avocats, Me Jean-Jacques Campana et Me José Lapina, c’est la consternation. Le naufrage est total. D’autant que les dés de ce procès sont quasi jetés. Les parties civiles ont commencé à plaider vendredi, le verdict pourrait être prononcé en fin de semaine prochaine ou lundi 15 novembre.
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