"Je vous le dis les yeux dans les yeux, j’ai toute confiance en M. Messina, c’est très clair." Jurisprudence Jérôme Cahuzac, il ne faut jamais prononcer ces mots quand le vent est susceptible de tourner.
Cette phrase, prononcée lors du conseil municipal du 17 mai 2022 résonne encore dans la tête de nombreux Mentonnais. C’était au moment où Mathieu Messina venait d’être nommé P.-D.G. de la SPL des ports de Menton. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et le sentiment de confiance a laissé sa place à celui de la trahison pour le premier magistrat de la commune.
Alors que les premiers éléments de l’audit ont été dévoilés en exclusivité lundi dans Nice-Matin, laissant apparaître des montants astronomiques au titre de notes de frais, plusieurs voix se sont levées dans le Mentonnais mais il y en a bien une qui était attendue. Celle du maire de Menton, municipalité qui détient 80 % des parts de la SPL des ports de Menton.
"Je ne suis pas resté sans agir"
Yves Juhel a d’abord dénoncé "des faits graves" dont, il l’assure, il n’avait pas connaissance. Il a ensuite rappelé qu’il n’est pas resté passif durant toute cette histoire. Lors de la nomination de Marinella Giardina comme nouvelle P.-D. G. de la SPL, il explique être à l’origine de la feuille de route de cette dernière, sollicitant d’elle qu’elle demande la restitution du véhicule de fonction de marque Mercedes – détenu à ce moment-là par Mathieu Messina en Corse – et l’établissement de l’audit des comptes sur les six premiers mois de 2023, sous la gouvernance Messina.
"Un premier rapport a été établi le 27 juillet 2023 par la société d’expertise comptable PKF Arsilon et remis le même jour à Mme Giardina, rappelle Yves Juhel. Suite à la transmission de ce rapport, elle a immédiatement sollicité, dès le 28 juillet, du commissaire aux comptes de la SPL, une intervention rapide afin que celui-ci puisse établir à son tour, une analyse des comptes de la société sur la même période. Face à la gravité des irrégularités révélées par le rapport, qui m’a été remis le 7 août, je ne suis pas resté sans agir et j’ai décidé dès le 11 août d’alerter M. le procureur de la République de Nice dans le cadre des dispositions de l’article 40 du code de procédure pénale et lui ai transmis l’intégralité de ce rapport."
"Dans un souci de parfaite transparence"
Yves Juhel révèle avoir averti le Département des Alpes-Maritimes, actionnaire minoritaire (20 %) de la SPL, à propos de la situation le 14 août, "dans un souci de parfaite transparence", précise-t-il.
"Le commissaire aux comptes est intervenu dès le début de ce mois-ci et son rapport définitif sera remis le 29 septembre, reprend Yves Juhel. Comme je l’ai déjà écrit au procureur dans le cadre de l’article 40, dans l’hypothèse où les irrégularités révélées seraient confirmées par le rapport du commissaire aux comptes, ou toute infraction révélée, je déposerais plainte contre Mathieu Messina. Marinella Giardina en fera de même pour le compte de la SPL Ports de Menton et cette société se constituera partie civile dans toute procédure pénale qui serait initiée par le procureur de la République compte tenu de l’importance de ce préjudice."
Enfin, une réunion de majorité s’est tenue le 19 septembre dernier. À l’unanimité, Mathieu Messina a été exclu du groupe majoritaire. Il reste cependant conseiller municipal. Selon le Code général des collectivités territoriales, lui seul peut le quitter en démissionnant.
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