"Papa a coupé maman, il y avait beaucoup de sang": le récit glaçant des enfants qui ont vu leur mère poignardée à Nice

Fin 2023 à Nice, un ex-conjoint avait poignardé à trois reprises la mère de ses quatre enfants, sous les yeux de deux d’entre eux. Il a été condamné hier soir à sept ans de prison ferme, en présence de la victime.

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Christophe Cirone Publié le 17/05/2025 à 07:15, mis à jour le 17/05/2025 à 08:37
L’affaire a été jugée lors d’une audience spéciale, dans la salle des assises. Photo Christophe Cirone

Ils ne sont pas dans la salle, mais dans tous les esprits. À commencer par ceux de leurs parents. Ces deux ex-conjoints originaires de Moldavie se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Nice, ce vendredi après-midi. Gheorghe Efros, 34 ans, comparaît dans le box. Elena (1) prend place sur un banc à proximité, sans se constituer partie civile. Son ex-compagnon est poursuivi pour violences aggravées. Il avait initialement été mis en examen pour une tentative de féminicide.

Deux de leurs quatre enfants ont assisté à la scène, dans la nuit du 16 au 17 décembre 2023, boulevard Paul-Montel à Nice-Ouest. Au moment de rentrer chez elle, Elena reçoit trois coups de couteau, au flanc gauche et à la cuisse droite. Gheorghe Efros est interpellé dans un parking à proximité. Il présente des traces de sang et un état d’ivresse avancé. L’arme est retrouvée sous une voiture.

Récits d’enfants éloquents

Elena a deux semaines d’ITT (incapacité totale de travail). Ses jours ne sont pas en danger, mais le scénario fait froid dans le dos. Elle se montre peu loquace à la barre. Les récits des enfants, lus par la présidente Marion Menot, sont autrement plus éloquents.

"Papa est allé à la maison avec moi. Il avait un couteau. Il était énervé. Il a cru que maman, elle était avec un autre papa. Il m’a dit d’aller frapper à la porte pour être sûr qu’on lui ouvre", raconte Eva (1), 7 ans à l’époque. Elena rentre à cet instant. Elle était sortie acheter des couches. Son ex-conjoint l’agresse sous les yeux d’Eva et de Daniel, 4 ans. "Maman a dit: “Arrête, arrête de faire ça!" »

Une caméra de vidéosurveillance a mis des images sur ses mots. On voit Gheorghe Efros rentrer de force. La grand-mère d’Eva tente de la mettre à l’abri. On entend Elena crier, on la voit se débattre avec vigueur. Elle chute avec son agresseur à plusieurs reprises. Bientôt, du sang recouvre son flanc et macule le carrelage.

"Maman, elle a été coupée par papa, dit Daniel avec ses mots. L’arme était très grande, il y avait beaucoup de sang. Papa n’était pas bon avec maman. Il avait envie de voir maman morte." La présidente Menot se tourne vers le prévenu. "Vous ne trouvez pas que c’est un peu effrayant, que c’est une scène qui va les marquer durablement?"

Déjà condamné pour violences

Gheorghe Efros ne peut le nier. Oui, il était jaloux, nerveux, ivre et sous cocaïne, quand il est venu chercher sa fille chez son frère en pleine nuit. Mais il conteste les coups volontaires. Le couteau? "Je ne l’ai pas pris exprès pour elle. Je l’ai pris pour me protéger. Vous savez quel genre de chose se passe dans ce quartier-là..."

Mais l’ex-conjoint était réputé violent. Il était sous sursis probatoire pour avoir frappé Elena, déjà. Le procureur Ludovic Manteufel voit en lui "un individu dangereux, en situation de réitération", auteur de violences "presque habituelles". En défense, Me Louis Bensa appelle à "ne pas traiter M. Efros comme un criminel. C’est le destin d’une famille qui est en train de se jouer..."

Les faits sont gravissimes, mais la situation est délicate. Gheorge Efros vit en France depuis huit ans. Trois de ses enfants y sont nés. Le procureur requiert douze ans de prison; le tribunal s’en tient à sept. Pas d’interdiction de sol français, ni de retrait de l’autorité parentale – "de fait, il ne l’exerce pas". Mais à sa sortie, il aura l’interdiction d’approcher Elena pendant trois ans.

(1) Les prénoms ont été modifiés.

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