Alice Modolo, la rade et les pointus: et la flamme olympique jaillit des eaux à Villefranche-sur-Mer

Elle brandit la torche telle une statue éprise de liberté, son large sourire baigné de soleil, à l'image de la rade de Villefranche-sur-Mer. Alice Modolo salue la foule sous les applaudissements, à la proue d'un joli pointu bleu et blanc. Elle vient d'extraire une flamme aussi symbolique qu'olympique de la mer, pour l'amener à l'air libre, puis sur terre. L'image est belle. Si belle que, pour une fois, la championne d'apnée a le souffle coupé.

Après la Martinique, la Flamme a accosté sur la Côte d'Azur ce mardi matin. L'eau, l'air, la terre, le feu: qui d'autre qu'Alice Modolo pouvait jouer le cinquième élément, pour lancer la journée de la flamme dans les Alpes-Maritimes? L'apnéiste, première française à avoir franchi la barre des cent mètres en monopalme, n'aura pas eu à puiser bien profond dans ses capacités hors norme. Mais c'est bien par le fond, à une vingtaine de mètres de la surface, que l'Antiboise licenciée à Nice a récupéré un simulation de flamme, à impulsion électrique.

Dès l'aube, les grandes manœuvres ont débuté sur une mer d'huile. "La flamme est partie de Martinique hier, traverse les océans et sort d'en bas", annonce Joseph Strazzanti, chef d'orchestre de cette séquence maritime pour le Département. "La torche est un subterfuge, puisqu'on ne peut pas faire de feu sous l'eau." Mais sitôt la sirène Alice sortie des eaux, un "gardien de la flamme" lui en confie une autre, allumée au gaz. C'est elle qui va diffuser le souffle olympique à travers les Alpes-Maritimes.

"Faire partie de l'aventure"

Depuis le quai, le public familial scrute la scène qui se joue sur une barge, à une encablure du rivage. "On verra ça peut-être une fois dans notre vie", s'enthousiasme Laetitia Millet, 36 ans, venue avec son fils Gabriel et son ami Tom. Réveil à 5h45. "Ça pique un peu. Mais ça vaut le coup! La flamme, c'est le partage, l'échange. Elle a fait tant de kilomètres en rassemblant... C'est beau. C'est chouette de faire partie de cette aventure."

Christophe Galéa partage ce sentiment. Ce Cagnois de 53 ans accueille Alice et la flamme à bord de son pointu, L'Astérie, 81 ans au compteur. "C'est un véritable honneur, quelque chose d'unique", sourit ce membre de l'ABPV (association des bateliers plaisanciers de Villefranche). Ses cousins pointus lui font une haie d'honneur, au passage de la flamme. Accueil royal dans un décor majestueux.

8h15. Alice Modolo met pied à terre. Ça y est. La flamme olympique est dans les Alpes-Maritimes. Le président du Département Charles Ange Ginésy, le Prince Albert, le maire Christophe Trojani l'accueillent devant le bien nommé hôtel Welcome. Alice peut confier la torche au premier relayeur, Frédérick Seidita Aires. Cap sur l'emblématique citadelle. Puis sur Grasse, Cannes, Valberg, Antibes, La Colmiane en passant par Monaco et, enfin, Nice. Une journée loin des feux de l'actu politique, dédiée au partage de la lumière olympique.