"Saint-Tropez était déjà populaire avant l'arrivée de Brigitte Bardot"
Même si elle contribue au rayonnement mondial de la cité, Brigitte Bardot n’en est pas à l’origine. Le conservateur du musée de la citadelle, Laurent Pavlidis, rectifie les clichés liés à l’icône locale.
Agathe Joubert ajoubert@nicematin.frPublié le 04/08/2024 à 09:37, mis à jour le 04/08/2024 à 09:37
Saint-Tropez, le phare et le village.Photo Florian Escoffier
Ce n’est un secret pour personne, Brigitte Bardot est intimement liée à Saint-Tropez. "Elle contribue au rayonnement mondial de la commune", reconnaît Laurent Pavlidis.
Cependant, le conservateur du musée d’histoire maritime de la citadelle n’hésite pas à rectifier des préjugés sur l’icône locale, à commencer par celui "qu’elle aurait attiré les visiteurs à Saint-Tropez".
"Certes, sa venue a engendré une nouvelle vague de fréquentation, mais la destination était déjà bien prisée pendant l’entre-deux-guerres, date-t-il. À cette époque, il y avait déjà des estivants qui venaient passer leurs vacances."
L’historien a d’ailleurs conservé des archives de cette période. "Nous avons retrouvé une déclaration de René Girard qui était maire en 1944 et 1945. Après les bombardements et le Débarquement de Provence, il a insisté pour que le port soit déminé au plus vite afin que les vacanciers puissent revenir. Le tourisme avait déjà une place prépondérante dans l’économie locale", complète-t-il.
Refuge de talents
Laurent Pavlidis a d’ailleurs battu en brèche un deuxième cliché sur B.B. qui "la positionne comme l’une des premières personnalités" à venir s’installer dans la commune. "Saint-Tropez était déjà une terre d’artistes avant son arrivée, dépeint-il. Par exemple, elle a été fréquentée par de brillants acteurs comme Charles Vanel ou Jean Gabin dans les années 30."
Outre l’audiovisuel, de nombreux peintres ont également profité des jeux de lumière du village pour illustrer leurs œuvres. Paul Signac, chef de file du néo-impressionnisme a d’ailleurs "eu un véritable coup de foudre", dès son arrivée à la fin du XIXe siècle.
Un sentiment partagé par l’écrivaine Colette, qui a élu domicile dans le quartier des Canoubiers dès 1925 en achetant une bâtisse provençale renommée "La treille muscate". "Elle était venue pour profiter de la tranquillité de l’endroit, mais elle est repartie en 1938 pour fuir le monde qui venait s’installer. C’était déjà d’actualité", sourit le conservateur.
Plusieurs scènes du film ont été réalisées dans la cité du Bailli en 1932.DR.
Un village prisé des caméras avant "Et Dieu...créa la femme"
Si Brigitte Bardot reste le plus grand "mythe" de Saint-Tropez, ses œuvres ont également joué un rôle clé dans l’histoire visuelle, à commencer par le film de Roger Vadim, Et Dieu...créa la femme.
"C’est la première fois qu’une intrigue se déroule entièrement dans la commune ", indique Laurence Durieux, directrice du musée de la gendarmerie et du cinéma.
Si ce long-métrage sorti en 1956 a engendré une explosion médiatique du village, d’autres producteurs avaient déjà repéré les façades colorées du port varois bien avant...
Paysages variés
"Nous savons qu’un film publicitaire a été tourné vers 1905, mais nous n’avons jamais réussi à retrouver son nom et sa date exacte de sortie", décrypte-t-elle.
Les premières véritables archives remontent à 1916 avec le tournage de plusieurs séquences de la série muette Judex qui met en scène "un justicier s’opposant à un banquier véreux dans le cadre d’une vengeance familiale".
Viennent ensuite une dizaine de films tournés pendant l’entre-deux-guerres, dont le reconnu Maurin des Maures par André Hugon en 1932, adaptation du roman éponyme de Jean Aicard.
"Ce qui est plus surprenant, c’est que certaines plages ont servi de décor pour reproduire les paysages tahitiens à l’occasion du film Aloha, le chant des îles, réalisé par Léon Mathot en 1937", dévoile Laurence Durieux.
La directrice du musée a d’ailleurs retrouvé des photos de cette histoire où "deux aviateurs sont contraints d’atterrir et d’apprendre à survivre en plein cœur d’une île inhabitée en Polynésie".
En référence à ce tournage, plusieurs plages de Pampelonne ont notamment été baptisées du même nom que des îles polynésiennes, comme Tahiti ou Moorea.
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