Mercredi 10 septembre, le mouvement Bloquons-tout appelle à une action symbolique: renoncer aux paiements par carte bancaire et privilégier le cash. À première vue, l’idée peut séduire. Mais qu’en est-il vraiment de son impact?
Selon les experts, pour le consommateur moyen, la différence sera marginale. Les frais bancaires restent identiques, sauf dans des cas précis de retraits multiples dans une autre banque que la sienne, mais ces situations sont rares.
Pour les commerçants, l’effet est tout aussi limité. Le paiement en espèces est avantageux seulement pour les petites transactions, inférieures à 5 euros.
Pour des achats plus conséquents, comme un panier moyen de 50 euros, le coût du paiement par carte (15 centimes) reste très proche du coût du cash (12 centimes), si l’on prend en compte la manipulation et le transport des billets. De plus, accepter le liquide implique des risques supplémentaires, notamment celui du vol.
Les banques, premières concernées… mais à quel point?
En revanche, ce sont les établissements financiers qui sont les plus exposés. Chaque transaction en espèces leur coûte environ 20 centimes, entre perte de frais de paiement par carte et frais de manipulation du liquide (transport, entretien des distributeurs, approvisionnement).
Même en supposant qu’un foyer sur cinq se joigne à l’opération, l’impact resterait limité à quelques millions d’euros, une goutte d’eau sur l’ensemble du marché bancaire.
Et les scénarios extrêmes, comme un retrait massif de cash par les Français, semblent improbables.
Les estimations montrent que si 100.000 personnes participaient, elles retireraient peut-être 5 milliards d’euros. Or, les banques disposent déjà d’une réserve d’une vingtaine de milliards en liquide. La panique n’est donc pas à craindre.
Un démarche avant tout symbolique
En résumé, l’action du 10 septembre est avant tout symbolique. Elle permet de faire entendre une contestation envers les banques et les moyens de paiement modernes, mais son poids économique réel reste marginal.
Le boycott de la carte bleue n’est d'ailleurs pas une idée neuve. Déjà en décembre 2010, l’ancien footballeur Eric Cantona avait appelé les Français à retirer massivement leur argent aux distributeurs pour, selon ses mots, "créer une panique bancaire" à la suite de la crise des subprimes.
Résultat: un mouvement spectaculaire sur le papier, mais sans aucune conséquence réelle pour les banques.
Quelques années plus tard, en 2019, un appel similaire a été lancé lors des mobilisations des gilets jaunes. Là encore, la tentative de retirer massivement des fonds n’a pas provoqué d’effet notable sur le système financier.
Pour le 10 septembre, l’histoire semble se répéter: un geste symbolique, médiatique, mais dont l’impact concret reste très limité. Ni consommateurs, ni commerçants, ni même les banques n’en ressentiront les effets majeurs.
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