"Jouer au football est simple mais jouer simplement au football est la chose la plus difficile qui soit." La citation est celle du Néerlandais Johan Cruyff. Joueur révolutionnaire en son temps, l’homme aurait certainement fustigé la complexité footballistique de l’Est du département. Et surtout le gâchis causé par trois clubs qui se concurrencent et s’affaiblissent mutuellement. Le constat est d’ailleurs sans équivoque: aucune équipe ne joue au niveau régional, ni chez les jeunes, ni chez les seniors. Alors qu’ailleurs dans le département, des ententes et fusions se sont créées avec succès, le bassin mentonnais, lui, ne parvient pas à avancer. Et prive les enfants et les amoureux de football d’une belle évolution, d’une magnifique révolution.
Si à quelques mois des élections municipales, les politiques ont d’autres chats à fouetter, à bien y regarder, certains signaux font tout de même penser que le sujet ne les désintéresse pas…
Des subventions fluctuantes
Est-il nécessaire de rappeler que les trois clubs fonctionnent - principalement - avec de l’argent public? Des subventions attribuées par les municipalités qui sont le nerf de la guerre. À Menton, lors du dernier conseil municipal, le vif échange entre le maire Yves Juhel et son opposant Cédric Monteiro concernant le rapprochement entre l’Étoile et le Rapid a notamment animé les débats. On y a même appris qu’un projet de troisième club (?) ou académie (?) était dans les tuyaux. Surprenant, alors que la municipalité actuelle a reculé face à une idée de fusion de peur de la levée de boucliers des Etoilistes. Sa présidente en tête de proue. Le nom de l’ex-joueur professionnel Marco Simone revient avec insistance pour la création d’une académie.
Dans quel but alors que le football mentonnais est déjà divisé? Affaire à suivre. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la municipalité mentonnaise a baissé la subvention du Rosm - 90.000 euros en 2024 pour 65.000 en 2025 -, un très sérieux rabotage qui fait grincer des dents au Rapid. Alors que le centenaire de l’Étoile de Menton se profile (dimanche 1er juin), les Rouge et Blanc ont eux bénéficié d’une subvention de 35.000 euros plus une allocation exceptionnelle de 6.000 euros pour leur anniversaire.
Les hameçons roquebrunois
L’impact de la situation mentonnaise rejaillit depuis des années sur le club roquebrunois. Lequel accueille de nombreux jeunes joueurs de la cité des citrons. Patrick Cesari, le maire, a d’ailleurs manifesté à plusieurs reprises l’envie d’être aidé financièrement par Menton pour soutenir l’ASRCM. En vain.
Le premier magistrat a même demandé au maire de Menton, en conseil intercommunal, d’étudier la possibilité d’équiper le stade du Val d’Anaud d’un synthétique nouvelle génération pour les rugbymen du Webb Ellis… et les footballeurs de l’ASRCM. Avec une subvention municipale de 115.000 euros, l’ASRCM reste pour le moment le club référence dans le bassin mentonnais en matière de préformation, sauf qu’en football tout est affaire de cycles et que la donne peut changer. Les futures élections municipales permettront-elles au football local d’entrer dans une nouvelle ère? Rien n’est moins sûr.
Changer enfin d’ère
La ritournelle du "c’était mieux avant" est systématiquement avancée lorsqu’on parle du football des années 70, 80, 90… Un âge d’or pour de nombreuses générations de footballeurs très attachées - encore - à leurs couleurs. L’histoire des uns et des autres est évidemment chargée de sens, à l’instar du centenaire de l’Étoile de Menton qui va venir rappeler ce qu’est un football familial, solidaire et au fond amical. Sauf que le football a profondément évolué d’un point de vue structurel et que la guerre des clochers d’antan est aujourd’hui devenue un obstacle face à l’intérêt général.
Face au défi de former une jeunesse ensemble plutôt que de la diviser. Si d’aventure, la naissance d’une entente ou d’une réunion voyait le jour, le football en sortirait évidemment grand gagnant avec la possibilité de faire évoluer tous les jeunes à leur juste niveau. Voici ce que permettrait cette hypothétique nouvelle structure. Quant aux seniors, le schéma est identique. Sans oublier le passé, les dirigeants et les politiques ont la mission d’avancer sur un tel sujet pour permettre au football local de changer enfin d’ère et redorer le blason d’un sport local devenu plus polémique en coulisses qu’intéressant… sur le terrain.
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