Marco Simone n’empile plus les buts, mais son passé d’ex-attaquant vedette n’ira jamais aux oubliettes. L’Italien a de la mémoire et une passion intacte pour le foot. Il l’entretient et la chérit. Il sait, aussi, ce qu’il doit à l’AS Monaco dans son parcours: un titre de champion de France en 2000, une première expérience sur un banc en tant qu’entraîneur en 2011. Dans son esprit, il est donc apparu légitime de faire de la Principauté le socle d’un projet qui lui tient à cœur et qu’il juge "très très ambitieux": le Monaco United Football Club.
Cette nouvelle entité du ballon rond monégasque, l’ex-buteur l’a présentée ce lundi, et pas n’importe où. Il a choisi le Méridien et Monte-Carlo, là où il avait signé son contrat avec l’ASM il y a vingt-six ans. À ses côtés figuraient Morris Pagniello et Justin Davis, ses partenaires. Deux hommes à la tête du Racing City Group, une entreprise qui développe notamment des Academies partout dans le monde. Et qui seront là pour soutenir financièrement l’association.
"Ce n’est pas un projet à la légère"
"Trois mecs fous" selon Pagniello qui entendent développer un club mixte de dimension internationale. Ils imaginent les premiers matches de leur nouveau bébé dès septembre. Pour lancer l’aventure, deux effectifs Seniors (un masculin et l’autre féminin) ainsi qu’une école de foot féminin pour les 6-11 ans doivent voir le jour. Au sein de cette Academy, "plusieurs équipes" devraient être constituées dixit Simone, autour d’un projet mêlant sport et études.
"Nous ne prenons pas les choses à la légère, argue Davis, dans un costume noir. Nous reconnaissons le riche héritage sportif et culturel de la Principauté. C’est à la fois un privilège et une responsabilité de faire partie de cette légende. Nous voulons créer une institution sérieuse et durable. Cela implique des investissements importants. Au cours des douze ou dix-huit prochains mois, notre déploiement comprendra l’acquisition de logements, notamment d’hôtels pour héberger à la fois les talents locaux et les nombreux joueurs internationaux qui nous rejoindront depuis les quatre coins du monde. On a une longue route devant nous."
Objectifs: D1 et finale de Ligue des champions féminine
Pour ses Seniors féminines, le fil rouge de son projet, Simone à un rêve qu’il dévoile fièrement. "La Ligue 1 (la D1 Arkéma) d’ici quatre ou cinq ans", pose l’ancien attaquant du Milan AC, qui ne sait pas encore dans quel championnat seront inscrites ses joueuses "Ce sera en Division 4 ou 5", indique-t-il. "Les choses sont en cours", rassure-t-il, alors qu’un numéro d’affiliation est nécessaire pour jouer et s’obtient auprès de la Fédération française de football.
Assis à sa droite, Pagniello va plus loin. "La première chose est de remplir le stade et d’amener cette équipe en finale de la Ligue des champions. On se donne cinq ans pour être compétitifs à un niveau mondial."
Quels moyens?
La question de l’argent est toujours épineuse dans le football. Hier, aucun chiffre précis n’a été communiqué sur l’investissement réalisé par le Racing City Group. Davis s’est contenté de préciser qu’il pouvait s’appuyer sur "les bons responsables financiers qui peuvent garantir les fonds nécessaires pour le club."
"Les budgets de Lyon et Paris sont compris entre 12 et 15 millions d’euros ou entre 10 et 13. Ce sont des fourchettes, répond Marco Simone. Vous pouvez imaginer qu’on ne parle pas de millions d’euros au Monaco United. Mais il y aura le budget pour que les équipes soient compétitives."
Quels effectifs?
Dans son communiqué de presse de lancement, le MUFC annonce son souhait "d’accueillir entre 30 et 50 joueuses et joueurs par équipe, répartis entre les sections féminine, masculine et les jeunes." Une ambition légitime freinée par la réalité d’une entité à construire de A à Z. Marco Simone n’a pas esquivé le souci du recrutement. "On est short, le voyage a été long pour préparer la saison, confesse le technicien de 56 ans. Comme quand j’étais joueur, je travaille à l’instinct et je suis sûr que malgré les difficultés, n’importe quel projet peut trouver sa route."
Ce lundi après-midi, à Menton, 30-35 joueuses ont été observées à l’occasion d’un Open Training pour rattraper le retard lié à la gestion d’autres sujets.
Pas un "adversaire" de l’AS Monaco
Dans une Principauté où l’ASM, octuple championne de France, tient déjà une place majeure, le MUFC n’a pas été pensé dans l’optique de lui mettre des bâtons dans les roues. "On n’est pas là pour déranger ou être en conflit, mais peut-être pour améliorer la concurrence. C’est la base pour grandir. À Milan, au-delà de l’antagonisme, deux grands clubs existent dans la même ville, souffle Simone, qui n’exclut pas des échanges à l’avenir. Mais dans le contexte actuel, il n’y a pas de comparaison possible avec l’ASM qui doit être respectée."
"On est un complément de l’ASM, pas un concurrent", juge Pagniello.
Si l’ASM n’est pas partie prenante de ce projet, qui n’a pas été davantage rattaché à l’ASM Football féminin, pensionnaire de D3, c’est pour une raison spécifique. "On ne voulait pas être dépendants de quelque chose alors qu’il y a une cohésion entre nous, affirme Simone. Il faut aussi la volonté de tout le monde pour forger un projet. Nous, on a voulu créer une association."
Ils ont dit :
Valérie Gauvin (Ambassadrice du Monaco United FC) :
« On a besoin de développer le football féminin notamment en termes d’infrastructures. Concurrencer Paris et Lyon dans le futur ? Ce serait superbe mais il ne faut pas brûler les étapes. Il faut construire pour avoir quelque chose de solide. »
Adil Rami (Ambassadeur du Monaco United FC, comme l’ancien Monégasque Jérémy Menez) :
« Le foot féminin, je le suis et je le regarde. Je trouve qu’on n’en parle pas assez alors qu’on a de belles équipes. Il m’a fallu quinze secondes pour me dire que ce projet était quelque chose d’énorme. J’aime parler foot avec des personnes qui me ressemblent et qui ont la passion. Je vais ramener un beau sourire (rire). Monaco, ce n’est pas très loin de Fréjus (sa ville d’origine), c’est la classe, l’élégance et une folie. Est-ce que je pourrais jouer pour l’équipe Seniors masculine ? Bien sûr. Je suis tellement élégant (rire). Je ferai quelques matchs. J’ai toujours rêvé de jouer à Monaco (rire). »
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