Attaque en berne, entêtement avec le 4-4-2, défense aux abois... Comment expliquer la débâcle de l’AS Monaco à Bruges (4-1), jeudi en Ligue des champions?

Amorphe, submergée et sans réaction, l’AS Monaco a pris la marée pour son premier match de Ligue des champions, jeudi soir à Bruges (4-1). Plusieurs facteurs expliquent ce crash.

Article réservé aux abonnés
Christopher Roux Publié le 20/09/2025 à 13:00, mis à jour le 20/09/2025 à 13:00
Lamine Camara et ses coéquipiers vont devoir se ressaisir, ce dimanche contre Metz (17h15). Photo AFP

Rouge de honte, les Monégasques sont revenus de Bruges avec des bleus sur le corps et à l’âme. Ils sont rentrés avec la sensation d’avoir passé 90 minutes dans le tambour d’une machine à laver. Bruges a cogné fort dans tous les compartiments du jeu.

Après la panne d’avion de la veille, les Rouge et Blanc ont bien décollé jeudi, mais égaré des valeurs cardinales en soute. Ils ont oublié que la Ligue des champions, même face au vice-champion de Belgique, sanctionne l’à-peu-près et la suffisance.

Plusieurs points expliquent cette gifle monumentale (4-1).

Une attaque en détresse

Le premier grain de sable est à retirer de l’animation offensive. Dans la Venise du Nord, Monaco a encore été consternant et atone. Jouer dans la largeur n’était pas une option. Folie, dribbles, centres de qualité et percussions sont des armes restées dans l’armurerie.

Adi Hütter s’entête avec un 4-4-2 qui déséquilibre son équipe plutôt que ses adversaires. À Auxerre, samedi dernier en fin de match, l’entraîneur monégasque s’était agacé. Son collectif se montrait incapable de mettre sous tension l’AJA. Sa faible maîtrise l’avait exposé aux contres et au danger, à onze contre dix. L’Autrichien avait levé les bras, comme démuni. Le succès avait été au bout (2-1) mais la chance et son souffle avaient été de bons amis.

Deux visages incarnent cette tristesse offensive: Mika Biereth et Folarin Balogun. Depuis le début de la saison, les deux buteurs n’ont claqué qu’un but en cinq matchs, celui que l’Américain a planté contre Strasbourg (3-2, le 31 août). Leur complémentarité technique est poussive.

Le Danois joue plus bas qu’il ne le devrait, loin de la surface. Il tient le rôle de neuf et demi dévolu à Breel Embolo la saison dernière, mais cela inhibe ses qualités. Intéressant sur des déviations et des remises, il pioche davantage quand il doit jouer de son corps, garder les ballons et apporter du liant au jeu. Le New Yorkais, lui, n’a pas vocation à décrocher puisque sa vitesse est son atout pour dévorer la profondeur, ce dont Biereth n’est pas capable. Bref, Monaco a le nez dans l’impasse.

Après la débâcle, et pour la première fois, Hütter a envisagé un changement de système. 4-2-3-1, 3-4-3, 4-3-3, l’Autrichien prendra-t-il un virage et le bon? "Il faudra avoir les idées claires et faire la bonne analyse. Nous avons des occasions à saisir dans d’autres configurations. Nous allons rebondir", a-t-il promis, conforté par les débuts réussis d’Ansu Fati, buteur en sortie de banc, et le profil d’agitateur de Stanis Idumbo. Le Belge de 20 ans n’a pas encore joué mais l’Autrichien "croit" en lui et ses dribbles.

L’irrégularité des jeunes

Monaco apparaît aussi en difficulté dans sa politique sportive. Durant l’intersaison, des jeunes se sont interrogés sur leur temps de jeu (Ilenikhena, Cabral, Diop, Benama, Michal, Bouabré, Lienard, Ouattara…). Certains souhaitaient un prêt ou un transfert et sont restés, d’autres sont partis, et l’ASM doit canaliser leur soif. Cette nouvelle génération est moins patiente et il faut promettre sans mentir, faire jouer sans cramer et recruter sans bloquer. Un équilibre délicat que le Rocher n’a pas encore trouvé.

Cet été, au milieu, le board a fait le choix de ne pas remplacer Soungoutou Magassa ou Moatasem Al-Musrati. Le premier a rejoint West Ham, l’option d’achat du second n’a pas été levée. Il le fallait pour offrir des perspectives aux enfants de la Diagonale, Mamadou Coulibaly et Aladji Bamba. L’ASM a aussi fait le pari Paul Pogba, mais le champion du monde 2018 ne sera prêt qu’après la trêve d’octobre.

Avec les premières blessures de la saison, notamment celle pour plusieurs semaines de Denis Zakaria à l’adducteur, Bamba et Coulibaly ont été envoyés au feu plus tôt que prévu. À Bruges, sur la grande scène, la marche était trop haute à 19 et 21 ans. "Aladji (remplacé à la pause jeudi) a été fantastique à Auxerre, a rappelé leur coach. Ils sont jeunes, j’aime les faire progresser mais ils ont des hauts et des bas."

Faillite défensive et absence de révolte

Privé de clean-sheet sur ses cinq premières rencontres avec 9 buts encaissés, Monaco fait grise mine. À Bruges, le milieu de terrain s’est ouvert aux quatre vents. "Ils avaient des idées précises sur la façon de repartir de derrière et on a eu du mal à les gêner", a dressé le défenseur Eric Dier, en grande difficulté.

"Nous n’étions pas assez stables dans les lignes, les distances entre les joueurs étaient trop importantes. Bruges nous a ouvert les yeux avec cette performance. Nous ne sommes pas assez compétitifs", a alarmé Hütter, dépité par l’absence de réaction en seconde période.

"C’est ce qui a été très choquant, a abondé le directeur général Thiago Scuro. Normalement, l’équipe est très courageuse, compétitive et énergique. Nous devons en tenir compte, travailler en interne et nous améliorer. Tout ce qui s’est passé ce soir (jeudi) ne se reproduira plus jamais à l’avenir."

Sans emballer, l’ASM pointe quand même à la 3e place de L1, avant la réception de Metz ce dimanche (17h15). L’un des rares motifs de satisfaction actuelle. Battre les Lorrains est une obligation après le crash européen. Chocolat à Bruges, Monaco ne peut pas l’être en L1. Trébucher sur un promu qui n’a pas encore gagné ne ferait qu’augmenter la pression.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.