Tous les buts n’ont pas la même signification ni la même saveur. Le timing n’est jamais anodin et peut en dire long sur la tournure d’une soirée et surtout son issue. Samedi soir, l’ASM avait déjà desserré l’étreinte grâce à Al-Musrati (2-1, 68’) mais il était préférable qu’elle en remette une couche pour laisser couler le money-time paisiblement dans le Chaudron. Alors Balogun s’en est chargé, prenant la profondeur au millimètre pour convertir l’offrande d’Akliouche et de nouveau faire trembler des filets.
"Je pensais que j’étais peut-être hors-jeu donc j’étais un peu nerveux à l’idée de célébrer", a-t-il avoué après coup. Ces dernières semaines, l’Américain avait gratté des minutes et laissé gambader ses jambes pleines de gaz quand son coach avait décidé de le lancer dans la mêlée. Alors, forcément, sa première titularisation depuis un soir de décembre à Marseille était entourée d’une certaine excitation.
L’anxiété avant la confiance
Pour lui comme pour l’assistance, qui espère toujours le voir lancer pour de bon son aventure contrastée sur le Rocher. "Avec certaines blessures comme l’épaule, c’est difficile de retrouver toutes les sensations, a-t-il admis avant de quitter le stade. Ça prend du temps et je ne savais pas quand j’allais revenir. J’ai été un peu anxieux, mais au final, je suis content d’avoir pris le temps. Maintenant je suis vraiment en confiance."
Tous ses gestes n’ont pas été réussis et le déchet s’est parfois invité dans le jeu de l’ancien buteur de Reims, mais son absence longue durée n’a semble-t-il pas brouillé ses automatismes ni ses connexions. Sa remise en une touche sur le premier but a donné de la vitesse à l’action et témoigné d’un flair qui ne s’est pas envolé. "C’est un joueur que j’aime, témoigne Krépin Diatta. Dans la semaine je lui ai dit: 'Tu es de retour et je pense que tu peux beaucoup nous aider.'"
Balogun l’a fait en posant une vraie emprunte sur le match, puisqu’il est aussi impliqué sur l’action du deuxième but avec un centre à l’origine. Un retour gagnant après sept mois de galère.
Alors qu’on la pensait enfin lancée avec trois buts en trois matchs au cœur de l’automne, sa saison s’est stoppée au moment où son épaule s’est disloquée. Un passage de quelques semaines par l’infirmerie, un retour prometteur à Marseille et une rechute le poussant à passer par le bloc pour consolider l’édifice ont ensuite freiné sa dynamique. De quoi laisser planer quelques doutes sur la suite des événements et d’un exercice qui aurait dû l’installer réellement en Principauté.
"Tout le monde connaît Balo, décrit Diatta, qui n’a pas besoin d’être beaucoup poussé pour complimenter son numéro 9. Quand il s’est blessé, il était dans une phase ascendante avec trois buts d’affilée. Ça nous a un peu handicapés. C’est un joueur qui prend souvent la profondeur, qui nous permet d’étirer la défense adverse pour pouvoir donner de la liberté aux numéros 10. On a vu son importance, il a fait énormément de courses, il a proposé. On avait besoin de son aide."
La connexion des Gunners
Et lui d’opportunités pour exprimer de nouveau son talent, près de deux ans après son arrivée pour une somme estimée autour de 30 millions avec un statut de buteur dans les bagages. Si la blessure de Biereth ne s’avérait pas trop sérieuse, la paire pourrait faire mal face à l’OL. "On a bien combiné sur le premier but, confirme Balogun. Je suis familier avec lui, on a joué ensemble à Arsenal donc on a une bonne connexion. Avec Breel aussi, on essaie d’être de plus en plus proche."
Mi-avril, Embolo décrivait son collègue américain comme "introverti" mais les deux hommes ont des profils complémentaires et offrent un choix intéressant à Hütter. Un coach forcément ravi de pouvoir compter un atout de plus dans sa manche.
commentaires