"En acheter c’est financer aussi le terrorisme": à l’occasion du lancement de la campagne estivale de lutte contre la contrefaçon, les pouvoirs publics alertent les consommateurs
"Acheter une contrefaçon n’est plus un acte anodin: c’est financer le crime organisé, le terrorisme, tous les crimes que l’on condamne", alerte Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale de l’Unifab.
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Julie BaudinPublié le 22/07/2025 à 06:45, mis à jour le 22/07/2025 à 06:45
Le marché illicite de la contrefaçon pénètre aujourd’hui tous les circuits de distribution légitime et concerne tous les secteurs et pas seulement celui du luxe : textile, cosmétiques, jouets, électronique, pièces automobiles…
Photos J.B. et Sébastien Botella
Près de 22 millions de produits contrefaits ont été saisis par les douanes en France en 2024 - quatre fois plus qu’en 2020 - pour une valeur estimée à 645 millions d’euros. Et 660.000 articles ont été saisis dans les régions Sud et Corse.
Le département des Alpes-Maritimes étant particulièrement concerné puisque 230.000 produits contrefaits y ont été confisqués et détruits l’année dernière.
Pour le 1er semestre 2025, les chiffres s’envolent déjà: 300.000 contrefaçons diverses et variées ont été saisies par les douaniers à Menton, Nice ou encore la Turbie.
Entre les marchés, les vendeurs à la sauvette - surtout en été - et de plus en plus le e-commerce et les réseaux sociaux, les voies d’approvisionnement ne manquent pas.
Des organisations criminelles impliquées activement dans la contrefaçon
Nice Matin.
Ce lundi à Cannes (1), lors du lancement de la campagne nationale contre la contrefaçon orchestrée par l’Unifab (Union des fabricants qui regroupe 200 entreprises et fédérations professionnelles), les différents acteurs de cette lutte ont livré ce constat alarmant.
"Malgré tout le travail que nous avons accompli depuis des années, on se retrouve encore aujourd’hui à devoir protéger nos concitoyens des conséquences sanitaires, environnementales, économiques et sociales (38.000 emplois détruits en France par an) de la contrefaçon, a livré Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale de l’Unifab.
Et le problème, c’est qu’aujourd’hui, acheter une contrefaçon n’est plus un acte anodin: cela finance aussi le crime organisé, le terrorisme, tous les crimes que l’on condamne. Il faut en être conscient..."
L’Unifab met notamment en avant un rapport d’Europol qui affirme que des dizaines d’importantes organisations criminelles sont impliquées activement dans la contrefaçon, dont le Hezbollah, la Corée du Nord ou encore la mafia italienne.
Une lutte difficile
Nice Matin.
Face à ce fléau de la contrefaçon qui ne fait que s’accentuer depuis des années, la lutte s’avère compliquée. En effet, ce marché illicite pénètre aujourd’hui tous les circuits de distribution légitime et concerne tous les secteurs et pas seulement celui du luxe: textile, cosmétiques, jouets, électronique, pièces automobiles…
"Les contrefacteurs emploient des techniques de plus en plus ingénieuses confirme Delphine Sarfati-Sobreira. Ils s’adaptent au marché économique mondial et détournent l’attention des douanes."
L’Unifab met notamment en garde contre le nouveau phénomène des "Dupes" "qui ne sont rien d’autre que des produits de contrefaçons déguisés en synonyme de bonnes affaires mais qui n’en sont pas et qui violent les droits de propriété intellectuelle."
Nice Matin.
Elle explique aussi que les contrefacteurs "acheminent des composants via plusieurs pays pour masquer l’origine réelle" et ont relocalisé "les unités de production aux portes de l’Europe, parfois même en France".
Un combat qui doit être aussi politique a insisté David Lisnard le maire de Cannes et président de l’association des maires de France, ainsi que la députée Emmanuelle Hoffman et la sénatrice Nathalie Goulet.
"Nous sommes face à une criminalité à bas bruit qui produit presque deux fois plus d’argent sale que le narcotrafic dont on parle beaucoup, a expliqué la sénatrice Nathalie Goulet. La contrefaçon est une source importante du financement du terrorisme, malheureusement on en parle très peu. Cela a l’air absolument anodin pour un consommateur d’acheter un faux, alors que dans les faits cela peut présenter un danger conséquent. N’oublions pas que les frères Kouachi avaient en partie financé leur attentat contre Charlie Hebdo en vendant de fausses Nike."
2/3 des 15-34 ans ont déjà acheté une contrefaçon
Nice Matin.
Face à cela, l’Unifab a dévoilé hier les résultats d’un sondage Ifop réalisé auprès des Français âgés de 15 à 34 ans: 2/3 ont déjà acheté une contrefaçon. D’où l’intérêt de sensibiliser, encore et toujours, le consommateur.
Cette année encore, l’Unifab décline donc sa campagne sur onze visuels qui sont affichés depuis ce lundi sur plus de 300 emplacements publicitaires urbains, ainsi que dans les gendarmeries, aéroports, postes de douane, etc.
En parallèle, une importante présence digitale est déployée sur les réseaux sociaux pour cibler notamment les jeunes. Et tout l’été, des ambassadeurs sillonneront les plages azuréennes à la rencontre du public et distribueront flyers goodies pour expliquer en quoi l’achat d’un faux est nuisible et dangereux.
1. L’ancien maire de Cannes, Bernard Brochand, a été président du Comité national anti-contrefaçon (CNAC) dès 2004. Il avait lancé une campagne locale contre la contrefaçon dès 2002.
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