"Les repères sont en train de se perdre". L'expert en communication Jean-Luc Mano décrypte le symbole de la gifle portée à Emmanuel Macron

Nice-Matin a demandé à Jean-Luc Mano, communicant et spécialiste en stratégie politique ce que représentait la gifle reçue par Emmanuel Macron, ce mardi 9 juin et quelle portée celle-ci pouvait avoir.

Propos recueillis par Amandine Rebourg Publié le 09/06/2021 à 10:45, mis à jour le 09/06/2021 à 14:24
Jean-Luc Mano, communicant et spécialiste en stratégie politique Photo F.C.

Ce mardi 8 juin, le chef de l'Etat a été agressé par un individu lors d'un déplacement dans la Drôme. Si le profil des deux individus arrêtés ne semblent, pour l'heure, pas très clair, Emmanuel Macron a toutefois voulu relativiser ce geste.

Il a dénoncé des "faits isolés", commis par "des individus ultraviolents" qui ne doivent pas, selon lui, "prendre possession du débat public".

Pour autant, cette gifle heurte et indigne la classe politique qui, d'une seule voix, a condamné ce geste. Nice-Matin a demandé à Jean-Luc Mano, communicant et spécialiste de la stratégie politique, ce que représentait cet acte et quelle portée celui-ci pouvait-il avoir. 

Que représente ce geste donné à un président de la République ?

C’est par la force de l’image, un événement colossalement médiatisé dans la seconde. Si on le relativise de façon historique, ce n’est pas la première fois qu’il y a des moments violents entre un président en déplacement et des individus. On se souvient de Nicolas Sarkozy bousculé, de l’homme qui avait tiré sur le président Chirac…

Dans un climat où l’on voit des manifestations multiples de violences dans la société, c’est significatif que les repères sont en train de se perdre. Des gens se sentent autorisés à agresser le chef de l’État. Cela accentue l’impression globale d’une société qui se radicalise, a du mal à vivre en commun et ne respecte plus les institutions.

Est-ce annonciateur d’une campagne présidentielle très dure ?

La campagne sera violente car il y aura de la violence politique. Des responsables ont perdu le sens des valeurs politiques et de la démocratie en niant parfois la vérité. Ils sont dans des attaques exacerbées où l’on est dans l’anathème, cela encourage des gens à passer à l’acte. Pour la première fois dans l’histoire démocratique, il est possible qu’une force d’extrême droite remporte une élection présidentielle, démocratique et légale.

C’est un enjeu pour les partisans d’extrême-droite et pour ceux qui, en face, ne veulent pas en arriver à cette situation et évidemment cette possibilité tend les rapports politiques.

Mais il faut relativiser. La France a vécu des campagnes électorales où des colleurs d’affiches se battaient et où il y avait des morts mais ces violences allaient en déclinant. Néanmoins, il y a une tradition des violences politiques. C’est un pays qui a déjà pratiqué l’affrontement violent.

Cette image va très probablement faire le tour du monde, quelle portée va-t-elle avoir ?

Il y a deux images qui seront vues à travers le monde: celle de la gifle qui sera sur le plan international, accompagnée de l’idée que définitivement ce pays va mal. Ce qui s’est passé au Capitole est une violence d’une autre nature, et ce n’est pas spécifiquement français.

L’autre image sera celle d’Emmanuel Macron, président qui tient bon, qui décide de continuer d’aller au contact, voir des gens sans mobilisation policière et continue à faire son travail de président pour affirmer que le chef de l’état est partout chez lui.

Est-ce un reflet de la société française ?

Cela dit de la société que l’exacerbation des oppositions, que le ton général, que les idées deviennent secondes et que l’anathème remplace l’argument, encourage un certain nombre de gens à des passages à l’acte qu’ils l’auraient pas osé il y a vingt ans. C’est un reflet préoccupant de ce qu’est la société mais ce sont des phénomènes nouveaux et minoritaires. La société française résiste face à ses dérives.

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