"Ces attaques sont souvent politiques": après les sabotages du réseau électrique dans les Alpes-Maritimes, Alain Bauer décrypte les profils possibles des auteurs et les failles du système

Différentes infrastructures électriques dans les Alpes-Maritimes et le Var ont été la cible d’attaques depuis vendredi. L’analyse du criminologue Alain Bauer.

Article réservé aux abonnés
Sandie Navarra Publié le 26/05/2025 à 07:00, mis à jour le 26/05/2025 à 07:00
Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers. Photo Frantz Bouton Photo Frantz Bouton

Depuis vendredi, trois attaques ciblant des infrastructures électriques ont été recensées entre le Var et les Alpes-Maritimes: un poste électrique incendié dans l’usine RTE de Tanneron, un pylône scié à Villeneuve-Loubet, et un transformateur réduit en cendres à Nice. Action coordonnée ou acte de malveillance isolée? L’enquête se poursuit.

Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers et auteur - entre autres - des ouvrages Opération Zelensky et Menace sur Taïwan parus en mai, livre son analyse sur ces événements inquiétants.

Qui pourraient être les auteurs de ce type de sabotage? Un groupe organisé ou des profils isolés?

En général, les profils de ceux qui attaquent des infrastructures électriques ou de communication sont essentiellement "politiques", avec des revendications spécifiques contre l’État, les entreprises ou l’écologisme dit "radical". Plus récemment, la guerre menée par la Russie en Ukraine a permis de constater une multiplication d’opérations contre les câbles ou les réseaux de communication, les usines d’armements ou les dépôts de munitions et des infrastructures importantes. Je raconte les dessous de ses sujets dans mes derniers livres.

Ces groupes peuvent-ils être instrumentalisés par d’autres pays?

Bien sûr. Il y a de plus en plus de sous-traitance par des États, mais aussi des groupes criminels. L’ubérisation se développe massivement.

Ces attaques peuvent-elles s’inscrire dans une logique de protestation écologique, en lien avec des événements décriés comme le Festival de Cannes ou le Grand Prix de Monaco?

C’est une possibilité. Les actions de ce type sont nombreuses contre des projets nouveaux. En revanche, c’est plus rare quand il s’agit d’infrastructures anciennes, et moins ciblées.

Peut-on parler de terrorisme dans ce cas?

Il n’y a pas de diction du terrorisme, et le terme est galvaudé. Pour ce qui me concerne, tant qu’il n’y a pas une volonté d’attenter à la vie humaine, il s’agit d’un acte criminel, mais rien de plus.

Les pouvoirs publics ont-ils pris la mesure de ce type de menace?

Faiblement. Comme pour le terrorisme, le risque de conflit militaire, le narcotrafic ou encore les ingérences étrangères, l’État écoute peu et réagit lentement, alors même que les agents de terrain et les experts multiplient les alertes.

Doit-on craindre une montée en puissance de ces attaques?

Oui. Il y a des effets d’organisation (une même équipe qui a prévu une série d’attaques) ou de copie (la relative facilité de commission crée des vocations).

Comment mieux sécuriser ces infrastructures?

Il faut repenser la sécurité en intégrant trois niveaux: la périphérie (des alarmes pour détecter les menaces à distance), le périmètre (sécurisation directe autour de la cible), et le compartimentage (limiter les dégâts en isolant les parties du réseau). Cela impose une réflexion approfondie sur la redondance et la résilience du système.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.