En Principauté, l’été 2025 se vit au rythme de l’engagement en faveur des océans. À la salle d’exposition du Quai Antoine Ier, l’exposition "Demain l’Océan?", visible jusqu’au 7 septembre, offre un regard artistique pluriel et engagé sur le devenir du monde marin. Un projet porté par la Direction des Affaires Culturelles de Monaco, en écho à la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3) qui s’est tenue en juin à Nice et au Blue Economy & Finance Forum organisé au même moment en Principauté.
"L’idée est d’aborder la sauvegarde des océans à travers le prisme de l’art, pour sensibiliser le public autrement. Via les œuvres et le regard des artistes, nous pouvons davantage toucher l’âme des gens", explique Françoise Gamerdinger, directrice des Affaires Culturelles. "C’est aussi un cadeau symbolique pour les 20 ans de règne de notre Souverain."
De l’Horizon au Déluge
Le parcours, structuré en six séquences thématiques - L’Horizon, La Faune et la Flore, Habiter le rivage, Prendre la mer, La mer en danger, Avant le déluge - invite le public à une immersion sensorielle et critique dans l’univers océanique, mettant en lumière sa beauté autant que sa vulnérabilité. Trente-quatre artistes issus des cinq continents y présentent soixante et onze œuvres réalisées entre les années 1990 et aujourd’hui, explorant divers médiums: peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation, dessin ou broderie.
"Ce n’est pas une exposition sur l’océan, mais une exposition sur notre rapport à l’océan", détaille l’historienne et commissaire Élodie Antoine. "Les œuvres ne cherchent pas à illustrer un propos scientifique ou à dérouler un inventaire de catastrophes, mais plutôt à activer une réflexion, parfois intime, sur notre lien à ce milieu en mutation."
Cette dernière est accompagnée de Thomas Guillaume, plasticien-scénographe et chef costumier des Ballets de Monte-Carlo en tant que responsable de la scénographie de l’exposition. La diversité des points de vue est assumée. Certaines œuvres sont poétiques, d’autres plus politiques. Elles s’articulent dans un parcours volontairement libre, où le visiteur est invité à construire son propre cheminement, entre émerveillement et inquiétude.
Toucher le public en plein cœur
Parmi les pièces les plus marquantes, difficile de rester de marbre face à l’œuvre de Malachi Farrell "Fish Flag Mourant". Elle se compose de plusieurs poissons tels des jouets articulés, chacun portant la peau d’un drapeau national. Certains sont en train de mourir, d’autres sont suspendus, presque morts. Autour d’eux, un étang pollué, avec de l’eau mousseuse et des déchets, symbolise la confrontation entre les sociétés humaines et la nature sauvage.
"Nous sommes naturellement attirés par cette performance, même si elle peut faire peur. C’est tout de même une approche importante pour le public que nous touchons en plein cœur. Mais l’aspect des poissons comme des jouets pour enfants peut aussi convenir aux plus jeunes. C’est une exposition pour tous les âges ", ajoute Françoise Gamerdinger.
Les visiteurs pourront également découvrir les photographies sous-marines de Nicolas Floc’h qui capturent la lumière des profondeurs et documentent la transformation du paysage sous-marin. "Les photos ont été prises dans le Finistère. Nous ne voulions pas représenter que la Méditerranée ", souligne Élodie Antoine. Ils pourront aussi par exemple se perdre dans les scintillements de l’installation vidéo de Jennifer Douzenel et des broderies de Tia Thuy-Nguyen.
En quittant l’exposition, les visiteurs sont accompagnés par le chant des baleines, symbole d’une vie sous-marine à protéger dans les années à venir. Dans une Principauté historiquement tournée vers la mer, "Demain l’Océan?" s’impose comme un événement phare de l’été culturel en Principauté. Une exposition qui ne donne pas de leçons, mais qui invite chacun à s’interroger : quel monde voulons-nous laisser aux générations futures ?
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