Chaque été, les tirs du Festival international d’art pyrotechnique embrasent la baie de Cannes. Un site qui, en plus d’offrir un "miroir magnifique", grâce à la mer, impose des contraintes techniques et écologiques particulières.
"Il y a une partie des déchets qui tombe dans l’eau, reconnaît Yann Rodriguez, programmateur du festival et coordinateur technique. On a des bateaux qui viennent, directement après le feu, ramasser tout ce qu’il y a à la surface. Et si on a raté des choses, on a des plongeurs qui viennent le lendemain matin."
Autre avantage du tir en mer: l’éloignement. "On est au milieu de 400 mètres de vide, on peut avoir des gros calibres. Les distances de sécurité sont extrêmement faciles à avoir", poursuit-il.
Contrairement à un spectacle en pleine ville ou en forêt, les risques d’incendie sont aussi nettement moindres.
Une volonté assumée de limiter l’impact
Depuis plusieurs années, la mairie et le Palais misent sur la durabilité du festival. Financé uniquement par des recettes privées issues des salons professionnels, l’événement ne repose plus sur l’argent public.
Côté environnement, plusieurs mesures ont été mises en place: suppression de l’aluminium dans les mortiers, interdiction des bombes en plastique, remplacement des coques par du papier biodégradable, limitation de l’usage du sable.
"On préfère avoir quelques erreurs dans les tirs que de laisser une feuille d’aluminium au fond de la mer", affirme Yann Rodriguez.
Une approche assumée, renforcée par la sélection de produit de meilleure qualité: "Un bon produit va rester 4, 5 ou 6 secondes dans le ciel. Un mauvais va s’allumer et s’éteindre immédiatement."
"Il y a encore de la pollution dans l’air"
Laurent Lombard, fondateur de l’association Opération Mer Propre, constate une nette amélioration: "Il y a 15 ans, les bombes étaient en plastique. Aujourd’hui, elles sont en papier compressé."
Selon lui, les déchets de feux d’artifice ne représentent plus que 2 à 3% des détritus retrouvés en mer dans la baie de Cannes.
Cependant, l’impact aérien reste une réalité. "Il y a encore de la pollution dans l’air car, dans la fumée, il y a des produits chimiques", précise-t-il.
Concernant les spectacles de drones, présentés parfois comme une alternative, il tempère: "S’ils tombent à l’eau, ils polluent aussi, surtout à cause des batteries au lithium."
"Les gens sont plus sales que les feux"
Chaque année, Yann Rodriguez se fixe un nouvel objectif environnemental. En 2025: la réduction du sable utilisé pour caler les mortiers. "On teste un système avec des racks en acier. Si c’est validé, on pourra quasiment enlever le sable."
Laurent Lombard, lui, reste lucide: "Les gens sont plus sales que les feux. Le lendemain, les plages sont sales." Un constat, qui rappelle que le comportement du public est tout aussi déterminant que les efforts des organisateurs pour préserver ce cadre exceptionnel.
Quid à Mandelieu et à Antibes?
À Mandelieu, un nettoyage systématique des plans d’eau est assuré après chacun des quatre spectacles organisés par la Ville (Fête du Mimosa en février, 15 juillet, 9 et 23 août).
Une société spécialisée intervient dès la fin du tir, pour collecter les déchets de surface, puis revient, le lendemain matin, avec deux scaphandriers afin de nettoyer les fonds marins.
Pour les événements privés, la municipalité impose aux artificiers d’assurer la dépollution et de fournir un compte rendu. Les frais sont pris en charge par la Ville uniquement pour les feux qu’elle organise.
À Antibes, la procédure est comparable. "Après chaque feu d’artifice, le plan d’eau est nettoyé en surface par des bateaux et, le lendemain, des nageurs plongent afin de collecter les déchets éventuels en fond marin", explique Sarah Castanie, de la CCI Port Gallice.
Elle précise que les feux sont réalisés avec des matériaux biodégradables en carton et que "les artificiers sont dans l’obligation de nettoyer leur plan d’eau une fois les festivités terminées".
Ces pratiques, désormais systématisées, visent à réduire l’impact des spectacles pyrotechniques sur le littoral.
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