Comment et sur quelles bases vous avez pris la décision hier de reporter la rentrée?
Sur la base de prévisions météo qui étaient, en début d’après-midi dimanche, assez alarmistes sur la possibilité de cumul orageux et de précipitations très importantes dans notre département. Nous nous sommes appuyés sur les données du centre de Météo France d’Aix-en-Provence. Et nous avons dans le département des prévisionnistes au niveau du service départemental d’incendie et de secours qui tiennent compte de cette matière première et en fonction de leur connaissance fine du département poursuivent la modélisation et les messages de conseils qui nous sont adressés. Et puis nous avons aussi comme source Vigicrues, sur le niveau des cours d’eau.
À quel moment vous avez pris la décision?
Vers 16h, elle a été immédiatement relayée par communiqués de presse et sur les réseaux sociaux avec un soin particulier à ce que la diffusion soit la plus large possible. Le site internet de la préfecture a relayé l’information, avec beaucoup de trafic sur les publications. Les principaux organes de presse ont également été prévenus et les maires des principales villes ont été appelés par les sous-préfets.
Quel a été le déclic, à quel moment où on se dit bon on reporte ou on ne reporte pas?
La bascule, ce sont des cumuls de précipitations dépassant les 100 mm en un temps limité, en quelques heures seulement, avec une mer Méditerranée chaude, supérieure à 23 degrés. Et donc le risque d’une convergence entre des masses orageuses venant de la terre et des masses d’air venant de la mer qui provoquent non seulement des noyaux orageux très actifs mais aussi une sorte de blocage sur le département du Var à la convergence entre ces deux phénomènes. Et cette convergence elle se réalise en ce moment, peut-être d’ailleurs de façon plus intense encore que ce qu’on pouvait prédire hier après-midi. Hier après-midi, on était plutôt sur un balayage d’ouest en est avec un phénomène qui venait de la vallée du Rhône et qui passait sur les bouches-de-Rhône avant de nous atteindre. Ça, ça a eu lieu en deuxième partie de nuit.
Et en ce moment?
On est sur un scénario de remontée d’une zone orageuse depuis le golfe du Lion, avec un risque de blocage sur certaines parties du territoire qui sont plutôt des parties méridionales du Var. Et donc on est passé d’un scénario de balayage du sud vers le nord depuis la côte.
Quelles étaient les craintes au moment de reporter la rentrée?
Du fait que les orages se produisent à un moment d’affluence à l’entrée ou à la sortie dans les établissements ou au moment de la pause méridienne avec tous les parents d’élèves présents, les équipes enseignantes et les enfants, il y avait un maximum de risques. Nous voulions éviter de les mettre en situation de danger sur les trajets. Puis ensuite dans les établissements scolaires pour un épisode intense qui est limité dans le temps, limité à 24 heures. Et donc le fait de reporter de 24 heures réduit le risque.
Certains parents d’élèves se demandaient ce matin si ces mesures étaient vraiment justifiées...
Je comprends les interrogations. Je comprends aussi la gêne occasionnée pour les parents dont c’était sans doute aussi la rentrée au travail. Et ça, on ne le mésestime pas. Ça faisait partie des critères de décision. En même temps, notre département a déjà connu l’intensité que peuvent atteindre de tels orages, avec les conséquences dramatiques qui peuvent les accompagner. Le scénario qui est en train de se mettre en place avec des flux qui viennent de la mer, des cimes orageuses très intenses qui bloquent à l’approche du littoral, c’est exactement le scénario du 15 juin 2010. C’est exactement le scénario du 20 mai dernier au Lavandou. Et donc la culture du risque chez nos habitants varois est suffisamment développée pour que tout le monde comprenne, je pense, que face aux indices qui étaient en ma possession, il n’y avait pas d’autres décisions possibles. Avec toujours l’espoir – et j’insiste sur ce point – que le phénomène passe à côté, qu’il soit moins intense, qu’il se concentre sur la mer ou sur des zones non habitées. Ce qui serait le meilleur scénario pour aujourd’hui.
Faut-il encore s’attendre à des inondations dans la journée ou autres dangers dus aux conditions climatiques?
Absolument. Nous restons en vigilance orange, une vigilance très élevée. On regarde les radars météo qui nous viennent de la mer avec beaucoup d’attention. Nous sommes d’ailleurs en train de repositionner les moyens spécialisés du SDIS, des sapeurs-pompiers à l’endroit où les impacts pourraient être les plus importants. Et donc, le temps de la pause méridienne, le temps de la sortie des classes aurait aussi appelé notre attention. Et c’est très bien que nous n’ayons pas cette inquiétude supplémentaire face à un phénomène qui peut encore évoluer de façon très aiguë. Là, on a des radars qui nous montrent des noyaux orageux qui viennent de la mer et qui arrivent sur Toulon, Hyères, Carqueiranne...
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