Si vous aimez les chiffres, attendez-vous à en recevoir de pleines brouettes. La Conférence des Nations unies sur l’océan, c’est d’abord cela : l’occasion d’opposer les milliers de milliards de tonnes de glace perdue à la surface du globe à la quantité équivalente de dollars amassés par des industriels sans scrupule.
On vous parlera des 15 000 kg de plastique rejetés chaque minute dans les vagues, des canicules qui dévastent la biodiversité marine. On verra des milliers de chercheurs peindre un tableau terrifiant, que quelques dizaines de chefs d’État feront mine de découvrir avec surprise et gravité.
Tout cela peut se résumer en une phrase : notre mer agonise et, jusqu’à présent, tout le monde s’en moque. Parce qu’il y a toujours du poisson dans nos assiettes et des galets sur nos plages. Parce que, surtout, c’est notre mode de vie qui est en cause. Les navires géants ne transportent rien d’autre que ce que nous voulons bien acheter. Ce commerce n’existe que parce que nous lui permettons de prospérer.
Le regard de Monsieur et Madame Toutlemonde
Certains attendent beaucoup des discours prononcés à Nice. Qu’en restera-t-il lorsque les projecteurs de l’actualité seront happés par d’autres drames ? Peut-on vraiment compter sur ceux qui ont si longtemps nié ou négligé ces problèmes pour les résoudre ?
Le risque de ce sommet, c’est qu’il se résume à brasser de l’air en eaux profondes. Certes, ce n’est pas un mince exploit, mais pas exactement de ceux que l’on espère.
La vraie réussite de l’Unoc ne résidera pas seulement dans les décisions contraignantes adoptées – ou non – par les leaders présents à Nice, ni même dans les moyens mis en œuvre pour les faire appliquer. Elle se lira d’abord dans le regard de Monsieur et Madame Toutlemonde. Sans une prise de conscience collective, le scénario du pire restera le plus probable.
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