Exposition immersive autour de Claude Monet aux Carrières des Lumières des Baux-de-Provence

Proposer une exposition sur Claude Monet comporte le risque de faire du déjà-vu, tant le maître des impressionnistes a déjà été mis à l’honneur. Malgré cela, pour leur programmation de 2025, les Carrières des Lumières ont opté pour celui qui s’est éteint en 1926 à Giverny.

"Il y a mille et une façons de raconter Monet. C’est un artiste qui a été extrêmement prolifique. De nombreux aspects de sa création ont déjà été explorés, mais pour moi, l’important était de montrer comment une époque influe sur un artiste. Ici, avec le progrès technique, l’apparition du chemin de fer et les changements socioculturels, comme l’essor des stations balnéaires, on voit à quel point ces évolutions influencent l’artiste", plaide Nicolas Charlin, le directeur artistique de cette exposition.

On retrouve ainsi le travail de Monet à Londres, avec le brouillard qui s’étend sur les rives industrielles de la Tamise, ou encore ses peintures de 1888 réalisées entre Antibes et Monaco, où il séjourne. Il écrit d’ailleurs à l’époque: "Il faudrait peindre ici avec de l’or et des pierreries", tant il est envoûté par les couleurs.

La touche de Monet disséquée

L’essor du chemin de fer trouve aussi un écho dans les toiles projetées sur les roches des Baux-de-Provence. Si Monet a peint plus de 3.000 toiles, tout n’est évidemment pas présenté.

On retrouve des œuvres incontournables, comme Les Nymphéas ou la série sur la cathédrale de Rouen, mais aussi des pièces plus rares. C’est là tout l’avantage des expositions immersives.

"On voulait cocher certaines cases incontournables, mais aussi proposer des œuvres très secrètes. On retrouve des Monet aux quatre coins du monde, dont certains dans des collections privées, inaccessibles au public. Nous donnons ici l’occasion de les découvrir", détaille Nicolas Charlin.

Les moyens techniques permettant d’animer les toiles offrent également une plongée dans la "touche" de Monet, ce coup de pinceau reconnaissable sur lequel le metteur en scène s’est amusé à zoomer.

Dans ce type de création, il faut cependant trouver le bon équilibre entre la majestuosité de l’œuvre originale et la volonté de la moderniser grâce aux effets vidéo. Une ligne de crête sur laquelle le directeur artistique de l’exposition s’est aventuré.

"Il ne faut pas avoir peur de franchir certaines limites", explique celui qui réalise ici sa première création pour les Carrières. "Bien entendu, il ne faut pas trahir la vision de l’artiste, mais si l’on veut voir l’œuvre accrochée à un mur, le musée d’Orsay est parfait. Nous, nous proposons autre chose: retranscrire une atmosphère, une impression, afin de créer une ambiance. Il faut savoir doser. Mais à partir du moment où l’on montre d’abord l’œuvre dans son intégralité, je pense qu’on peut ensuite se permettre de la déstructurer ou de mettre en avant certains aspects."

Dans l’ensemble, le pari se révèle réussi, même si, à vouloir trop en montrer, on a parfois l’impression de passer à côté de certaines œuvres.

Il est aussi parfois difficile de retrouver toute la magie des couleurs originelles de Monet. Mais l’exposition demeure incontournable pour les amoureux de l’artiste et pour ceux qui souhaiteraient le faire découvrir aux plus jeunes.