Lors de ses plus belles années, avant la pandémie de Covid-19, la patinoire en plein air installée sur le stade nautique Rainier-III drainait jusqu’à 35.000 personnes de décembre à mars. Une infrastructure largement plébiscitée, donc, mais sacrifiée fin 2022 dans le cadre du plan de sobriété énergétique du gouvernement princier. Car trop gourmande en électricité [237.641kWh en 2021-2022 malgré les mesures mises en place, ndlr] et, de facto, pas en cohérence avec les engagements environnementaux portés par le prince Albert II sur la scène internationale.
Cet hiver, les familles ainsi que les patineurs, hockeyeurs et curleurs du Skating Club of Monaco (SCOM) seront à nouveau orphelins de la patinoire. Sur les réseaux sociaux, cette fédération sportive en avait informé "avec tristesse" ses adhérents (lire notre édition du 10 octobre). Une information officiellement confirmée par Patrice Cellario, conseiller de gouvernement-ministre de l’Intérieur, lors des récents débats budgétaires au Conseil national, alors que les élus partaient en quête de réponses.
Les élus demandent une solution alternative
Si ces derniers ne remettent pas en cause l’impact énergétique de cet équipement, ils réclament toutefois une solution alternative pour contenter la jeune génération et éviter qu’elle ne déserte la Principauté. "Pourquoi ne pas envisager la couverture temporaire du stade nautique Rainier-III, avec un dispositif indoor, comme c’est le cas avec certaines structures du Monaco Yacht Show, questionne Mathilde Le Clerc. Ce dispositif permettrait de préserver un impact énergétique maîtrisé tout en développant d’ailleurs des opportunités événementielles permettant des animations supplémentaires."
Fabrice Notari suggère, quant à lui, l’utilisation "de matériaux synthétiques et recyclables reproduisant à 95%" la sensation de glisse de la glace.
Selon Patrice Cellario, l’hypothèse d’une patinoire artificielle a été écartée "quasiment de manière définitive par la fédération de patinage". Il s’est, néanmoins, montré intéressé par les références techniques afin de relancer les discussions avec le SCOM. "C’est une affaire complexe car il y a des éléments contradictoires en jeu, a reconnu Patrice Cellario. Il y a cet aspect sportif, d’abord. Avec un équipement disponible à proximité, il est plus facile de développer un vivier et d’amener des jeunes vers la discipline. De l’autre, il y a des éléments en termes d’énergie, d’image, surtout quand on a un chef d’État comme le nôtre qui promeut le développement durable et la sauvegarde de la planète. Le dossier mérite analyse et nécessite d’avoir des éléments tangibles pour un arbitrage."
Des études sont en cours, soit pour examiner de nouvelles techniques susceptibles de réduire drastiquement l’impact énergétique, soit pour mesurer la faisabilité et la pertinence d’une infrastructure couverte. Pour l’heure, donc, rien n’a été définitivement tranché sur l’avenir d’une patinoire en Principauté. L’exécutif se laisse le temps.
"Briser l’élan"
L’élu Roland Mouflard, lui, a craint que l’absence de la patinoire ne "brise l’élan" des sportifs monégasques susceptibles de se préparer à des échéances internationales. "Aucun Monégasque ne pourra participer aux J.O. dans cette discipline dans la mesure où cet équipement n’est pas en place et la fédération nationale non approuvée au niveau international car sans équipement." Réponse de Patrice Cellario: "Nous n’avons pas de piste de ski, ni de bobsleigh en Principauté, mais nous avons des athlètes qui obtiennent des résultats aux championnats du monde ou aux Jeux Olympiques. Nous regardons avec attention la difficulté pointée du doigt par la fédération de patinage. Des patineurs s’entraînent à l’extérieur et pourront vraisemblablement participer à des compétitions internationales malgré l’absence de patinoire en Principauté. Sachant que celle-ci n’existait d’ailleurs que de début décembre à début mars. Ce n’était pas un équipement qui permettait un entraînement toute l’année…"
Quelles activités à la place de la patinoire ?
"Chaque fois que les jeunes peuvent faire du sport, il ne devrait pas y avoir de négociation. Ce n’est pas normal que la patinoire disparaisse", a estimé l’élu Balthazar Seydoux. Patrice Cellario, conseiller de gouvernement-ministre de l’Intérieur, a déclaré que ce n’était pas seulement une question de sport. "L’an passé, une patinoire à rollers avait été installée à la place de la patinoire. Il n’y a pas eu la même fréquentation." Alors que la patinoire avait comptabilisé 26.941 entrées lors de l’hiver 2021-2022, la Roller Station recensait 16.205 visiteurs un an plus tard. La structure n’a pas été renouvelée cet hiver. La mairie prévoit cette année un village des sports et une autre installation, en plus du village de Noël. Une communication officielle sur le sujet devrait avoir lieu dans quelques semaines pour détailler le programme de Noël.
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