"Je suis très fier de mon parcours": de la troisième division au Top 10 de la Grande Boucle, le Niçois d’adoption Jordan Jegat illumine le Tour France

C’est l’une des belles histoires du Tour. Il y a encore trois ans, Jordan Jegat évoluait dans l’anonymat du peloton Continental, la troisième division du cyclisme professionnel.

Dimanche, le Breton de 26 ans, installé à Nice depuis juillet 2023, a bouclé son deuxième Tour de France avec un immense sourire et une place dans le top 10 du classement général.

Une 10^e position conquise à la veille de l’arrivée, au terme d’une échappée audacieuse vers Pontarlier, qui résume parfaitement son style: du panache, de l’audace, et une régularité impressionnante.

"Je ne me suis pas surpris", assurait au téléphone au surlendemain de l'arrivée, le grimpeur de la formation TotalEnergies. "Je voulais m’approcher d’une victoire d’étape. J’ai été régulier en étant acteur chaque jour".

À Carcassonne puis à Pontarlier, Jegat s’est montré à la hauteur, terminant parmi les meilleurs dans l’échappée. Et surtout, il a su résister quand tant d’autres ont cédé, comme à Mûr-de-Bretagne, où à quelques encablures du domicile familial, il a terminé tout près des géants du peloton.

"Le plus dur, ça a été le début du Tour, dans le Nord, avec la pluie et la tension. Mais aussi les jours où les jambes ne répondaient plus et où seul le mental permettait d’avancer".

Le soutien du public a souvent fait la différence. "Au col de la Loze, j’étais vidé et je n’avais plus d’oreillette. Mais les spectateurs criaient "pense au top 10!", ça m’a porté".

Cette 10^e place, il est allé la chercher avec panache, notamment dans deux grandes échappées qui lui ont permis de reprendre près de dix minutes aux leaders.

"Ce résultat ne reflète pas uniquement mes performances en montagne, c’est aussi le panache. C’est la preuve qu’on peut exister au haut niveau sans être dans une grosse équipe". Il est, avec le Norvégien Tobias Johannessen (Uno-X Mobility), l’un des deux coureurs issus d’une ProTeam (deuxième division) à figurer dans le top 10.

Jordan Jegat est également le premier coureur de TotalEnergies à entrer dans les dix premiers du Tour depuis Pierre Rolland, 10^e en 2015, quand l’équipe s’appelait encore Europcar.

"J’espère que ça donnera de l’espoir à d’autres"

 

Installé à Nice depuis l’été 2023, Jegat a trouvé un véritable cocon d’entraînement. "J’adore les routes, le climat, la proximité de l’aéroport. Et je roule souvent avec les cyclistes professionnels de la région, surtout Louis Barré, Thomas Bonnet, Antoine Berlin et Julien Bernard".

Avec Kévin Vauquelin, 7^e du général et Gaudois de cœur, il a aussi noué une belle amitié. "On se voit plus en dehors que sur le vélo mais on se tire vers le haut". Cette amitié nourrit une saine émulation. "On est concurrents, mais on reste amis. On essaie de s’entraider au maximum".

Aujourd’hui encore, le jeune homme peine à réaliser. "Je suis très fier de mon parcours. J’espère que mon histoire donnera de l’espoir à d’autres". Usé mais comblé par ces trois semaines de rêve, Jegat savoure.

"Cette année, j’ai fini fatigué physiquement et mentalement. Mais ce top 10, c’est une vraie fierté". Déjà de retour en selle, hier au Critérium de Lisieux, il participera au Tour de l’Ain du 6 au 8 août, avant un repos bien mérité à Nice.

Un nouveau Jordan a éclos. Et il s’épanouit sur la Côte d’Azur.