"L'enfant et les sortilèges" : Les Ballets de Monte-Carlo en mode superproduction ce mercredi soir au Grimaldi Forum
La première de L’Enfant et les sortilèges réunira ce soir au Grimaldi Forum 240 artistes sur scène. Un défi technique et artistique qui s’inscrit dans l’année hommage au prince Rainier III.
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CEDRIC VERANYPublié le 20/12/2023 à 12:02, mis à jour le 20/12/2023 à 12:02
Sur la scène de la Salle des Princes, les danseurs en pleine répétition de leur pas, n’ont pas encore revêtu leurs costumes.Cyril Dodergny
Dans un spectacle vivant qu’il soit dansé, joué ou chanté, tout est question de rythme. Et les répétitions servent à la recherche de cette cadence parfaite. Déjà une semaine que la compagnie des Ballets de Monte-Carlo a annexé la Salle des Princes du Grimaldi Forum devenue son antre de travail pour une création hors norme, choisie en hommage au prince Rainier III, L’Enfant et les sortilèges.
Cyril Dodergny.
L’œuvre de Maurice Ravel - qui était l’une des préférées de l’ancien souverain - a été créée en 1925, avec une chorégraphie de George Balanchine pour donner vie au livret signé Colette, sur la scène de la Salle Garnier. Autant dire que de bonnes fées se sont penchées sur le berceau de cet Enfant qui, dans cette version 2023 jouée à partir de ce mercredi, devient une superproduction qui mêle comme rarement les talents de la Principauté : les Ballets ; l’Orchestre Philharmonique sous la direction de David Molard Soriano ; les Chœurs de l’Opéra dirigés par Stefano Visconti ; une académie lyrique créée pour l’occasion par Cecilia Bartoli et le chœur d’enfants de l’Académie de Musique.
« Ensemble cohérent »
Au total le spectacle mobilise 240 artistes. « Cela correspond exactement à ce que je souhaitais : réunir pour cet hommage au prince Rainier toutes les institutions sur le même plateau », souligne en coulisses Jean-Christophe Maillot, capitaine à la barre de ce navire. C’est lui qui a distribué l’espace pour ce spectacle qui ne rentrait pas sur la scène de la Salle des Princes, pourtant la plus vaste du pays.
Cyril Dodergny.
Le plateau est donc réservé aux danseurs ; les musiciens sont dans la fosse. Les voix lyriques sur une passerelle à jardin, les chœurs sur les balcons. « Je sais que ce n’est pas la position idéale pour les choristes. La difficulté est que tout le monde, à juste titre, se préoccupe de son domaine. Les musiciens veulent jouer juste, les chanteurs aussi, les choristes veulent être entendus. Et personne n’existe sans l’autre. La seule chose qui compte, au final, c’est que l’ensemble soit cohérent dans le regard du spectateur. »
« Un spectacle de 7 à 77 ans »
Jean-Christophe Maillot s’est déjà frotté à cette œuvre. C’était en 1992, avant même qu’il ne prenne les rênes de la compagnie monégasque. « Cette nouvelle création n’a rien à voir avec celle de 1992 mais j’ai un sentiment assez nostalgique, quelque chose de l’ordre du bilan. C’est un spectacle d’une très grande importance affective et émotionnelle pour moi. »
Cyril Dodergny.
Pourtant, en direction du public, le chorégraphe-directeur des Ballets de Monte-Carlo entend proposer lors de ces soirées une bulle de poésie dans un mois de décembre morose. "Quand on est un jeune artiste, on veut que chaque œuvre ait une influence. Avec cette conviction que l’art peut changer le monde. Puis, le temps passe et l’on s’aperçoit que si déjà on peut donner un peu d’amour aux gens en faisant un spectacle c’est déjà beaucoup. Une forme d’humilité vient avec le temps. Ce n’est pas si simple de faire quelque chose de léger, de pétillant. Mais je peux le dire, nous arrivons, là, à faire ce fameux spectacle pour le public de 7 à 77 ans."
La parole aux artistes...
Pour la compagnie des Ballets de Monte-Carlo, la fin d’année est chargée avec trois nouvelles créations : L’Enfant et les sortilèges et La Valse cette semaine, Carmen pour la semaine suivante. "C’est énorme", admet Jean-Christophe Maillot. Les journées de répétitions suivent souvent ce schéma : deux heures le matin sur un spectacle, puis deux heures sur un autre dans l’après-midi et enfin trois heures en soirée sur le troisième. "Les danseurs ont un appétit qui dépasse l’entendement. Probablement parce que ce sont des gens assez jeunes. Et le fait qu’ils sachent que leur carrière est courte, compresse l’énergie et le temps d’un individu."
Le choix du live
Si souvent la compagnie s’accompagne de bandes-son préenregistrées, cette fois, la musique sera 100 % live à leurs côtés. L’Opéra de Monte-Carlo s’est chargé de caster de jeunes voix lyriques pour incarner les personnages. Retenues à l’audition, Cécile Madelin et Mathilde Le Petit, prêteront en alternance leur voix à l’Enfant du spectacle, incarné sur scène par la danseuse Ashley Krauhaus.
"C’est une place artistique qui n’est pas évidente à trouver car la danseuse fait la partie scénique de notre rôle et nous ne sommes que la voix du personnage. On aimerait faire le rôle entièrement bien sûr, mais c’est intéressant, en ce qui me concerne pour une première prise de rôle mais aussi pour cette recherche d’équilibre avec les danseurs", souligne Cécile Madelin. Même enthousiasme chez Mathilde Le Petit. "Ce projet permet de se professionnaliser davantage dans des maisons prestigieuses", admet la chanteuse entre deux répétitions pour trouver le bon équilibre entre leur partition et celle des danseurs.
Décor et costume revisités
À côté des performeurs, Jerome Kaplan a donné vie sur ses cahiers de dessin au spectacle en mars dernier. Le concepteur du décor et des costumes n’en est pas à son coup d’essai avec Jean-Christophe Maillot, dont il est un fidèle. En 1992 déjà, il habillait la première version de L’Enfant et les sortilèges. "Je souhaitais qu’on le reprenne depuis toujours, sourit-il. Pour les costumes, c’est un mélange de la production de 1992 et d’aujourd’hui et j’ai totalement repensé le décor. Comme souvent, je commence par la scénographie puis les costumes précisent ma vision."
Le tout est empreint de beaucoup de poésie pour accompagner ce conte onirique avec une intervention de dessins de l’artiste belge Ines Reddah projetés de manière numérique. Avec parcimonie. "Souvent la modernité est une chimère, assume Jerôme Kaplan. Les gens pensent qu’en prenant une technologie, ils vont être modernes. En fait pas du tout, ils peuvent être extrêmement ringards. Alors qu’avec un bout de tissu on peut aboutir à un truc très moderne."
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