Au moins 14 personnes, dont trois enfants, ont été tuées à Kiev lors d'une des plus importantes attaques aériennes russes contre l'Ukraine, ont annoncé ce jeudi 28 août les autorités ukrainiennes, Volodymyr Zelensky accusant Moscou de préférer "continuer à tuer" plutôt que négocier une paix.
Dans le même temps, la Russie a affirmé avoir touché des cibles "militaires". Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir lancé une "frappe groupée" contre "des entreprises du complexe militaro-industriel et des bases aériennes militaires ukrainiennes", disant avoir atteint tous ses objectifs.
Moscou assure toujours ne viser que des installations liées à l'armée en Ukraine, bien que des villes de ce pays aient été ravagées.
La Russie aurait tiré 598 drones et 31 missiles balistiques et de croisière, selon les données préliminaires, 563 drones de combat et drones leurres ainsi que 26 missiles ont été abattus ou brouillés, a précisé l'armée de l'air dans un communiqué.
Tôt jeudi, les secouristes et les habitants s'affairaient à ramasser des débris dans les rues du centre de Kiev, a constaté un journaliste de l'AFP. Une frappe a creusé un cratère fumant dans un immeuble d'habitation de plusieurs étages, le coupant en deux.
Le bras d'honneur de Vladimir Poutine à la paix
Les efforts diplomatiques s'étaient pourtant récemment accélérés, sous la houlette du président américain Donald Trump, mais ils n'ont pas encore donné de résultats concrets et la Russie a intensifié ses attaques aériennes contre l'Ukraine.
Le bâtiment de la mission de l'UE à Kiev a été endommagé par une frappe russe "délibérée", a par ailleurs annoncé le président du Conseil européen, Antonio Costa, promettant que l'UE ne se laisserait "pas intimider".
Volodymyr Zelensky a dit attendre une "réaction" de la part de la communauté internationale, notamment de nouvelles sanctions contre Moscou.
Il a appelé la Chine, alliée de la Russie, et la Hongrie (membre de l'Union européenne mais restée proche du Kremlin), à faire pression sur Moscou.
Kiev de nouveau touchée
Kiev, très loin du front et dotée d'importantes défenses antiaériennes, a été longtemps relativement préservée des attaques aériennes, comparé à d'autres parties du pays.
Mais la capitale a été la cible de frappes meurtrières ces derniers mois, la Russie lançant des attaques de drones et missiles records vers son voisin.
Selon l'administration militaire de Kiev, l'attaque de jeudi a été menée à l'aide de drones et missiles qui ont frappé la capitale en plus de 20 endroits.
Des reporters de l'AFP ont entendu de puissantes explosions et vu un missile être abattu.
Une école maternelle et un centre commercial ont été touchés, selon les autorités locales.
Quid du sommet du 15 août en Alaska?
Fin juillet, des bombardements russes avaient fait plus de 30 morts à Kiev, l'une des attaques les plus meurtrières dans la capitale en plus de trois ans de guerre.
Ces frappes avaient poussé le président américain Donald Trump à accroître la pression sur Moscou pour accepter une trêve et conduit à sa rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine, en Alaska le 15 août.
Après ce sommet, suivi par une visite à Washington de M. Zelensky accompagné de ses alliés européens, le dirigeant américain a dit vouloir préparer une rencontre en face-à-face entre les présidents russe et ukrainien.
La perspective d'un tel sommet semble depuis s'éloigner, la Russie ayant fait comprendre qu'il n'était pas à l'ordre du jour.
Avant la conclusion d'un hypothétique accord de paix, l'Ukraine veut obtenir des garanties de sécurité des Occidentaux pour dissuader Moscou de toute nouvelle attaque.
Zelensky à New York ce vendredi
M. Zelensky a annoncé que des membres de son équipe allaient rencontrer, vendredi 29 août à New York, des représentants de l'administration de Donald Trump.
Pour mettre fin à son assaut, la Russie réclame notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l'Alliance atlantique. Des conditions que Kiev juge inacceptables.
Côté russe, l'armée a indiqué avoir intercepté 102 drones ukrainiens, alors que les attaques aériennes de Kiev ciblant les raffineries ces dernières semaines ont fait flamber le prix de l'essence.
Quelles ont été les réactions internationales?
Emmanuel Macron a dénoncé jeudi la "terreur" et la "barbarie" de la Russie après les bombardements de la nuit en Ukraine, et condamné "avec la plus grande fermeté ces attaques insensées d'une grande cruauté".
"629 missiles et drones en une nuit sur l'Ukraine: voilà la volonté de paix de la Russie. Terreur et barbarie", a-t-il écrit sur X.
"Soutien total au peuple ukrainien, compassion profonde pour toutes les familles endeuillées", a-t-il ajouté.
Le premier ministre britannique Keir Starmer a accusé Vladimir Poutine de "saboter les espoirs de paix" après les frappes russes sur Kiev.
"Poutine tue des enfants et des civils et sabote les espoirs de paix. Ce bain de sang doit cesser", a déclaré sur son compte X le dirigeant britannique.
Le bureau du British Council a été "gravement endommagé" dans l'attaque nocturne et sera "fermé au public jusqu'à nouvel ordre", a par ailleurs annoncé l'organisation britannique sur son compte Facebook.
"À la suite de l'attaque perpétrée pendant la nuit contre Kiev, notre bureau du British Council a été gravement endommagé", a indiqué l'organisation, dont les locaux se trouvent dans le centre-ville, non loin du bâtiment de la mission de l'Union européenne, également affectée par ces frappes.
commentaires