Livre, album, tournée et spiritualité nouvelle: Natasha St-Pier se confie avant ses concerts dans les Alpes-Maritimes

Entre son véritable patronyme (Saint-Pierre), ses chansons aux titres évocateurs tels que Je n’ai que mon âme ou Un ange frappe à la porte, et le fait qu’elle soit l’arrière-arrière-arrière-petite-cousine du pape Pie X, guère étonnant que Natasha St-Pier cultive sa spiritualité.

Comme on en a la confirmation avec son livre Mes très chères saintes, dix femmes inspirantes, paru aux éditions du Rocher.

Du courage de Jeanne d’Arc à la résilience de la Vierge Marie, l’artiste canadienne a eu à cœur de replonger dans ces parcours hors normes: "Elles ont toutes en commun d’avoir refusé les carcans, d’être mises dans une case par rapport à leur sexe. Elles l’ont fait, non pas par féminisme, mais parce qu’elles avaient une mission, la foi, et parce que leur désir, leur destin, étaient plus fort que la société autour."

L’idée d’un prêtre féministe

Un projet que la gagnante de Danse avec les stars en 2024 portait en elle depuis des années: "Tout a commencé, nous a-t-elle confié de sa voix veloutée au téléphone, lorsque j’ai été invitée à chanter dans une église où le prêtre, plutôt féministe, ce qui est assez rare, venait de recevoir un autel sur lequel il a fait graver par une sculptrice le nom de dix femmes importantes dans l’église, car on ne parlait pas assez d’elles à ses yeux."

C’est ainsi que dans la continuité de ses opus Thérèse, vivre d’amour (2013) et Thérèse de Lisieux, (2018) germe en Natasha l’idée de son album Croire (2020). Sans pour autant atteindre son but: "Je n’étais pas parvenue totalement à ce que je voulais exprimer, et c’est là où je me suis dit, il faut que je fasse un livre."

Des parents altruistes

Au-delà de l’éducation reçue au Canada, où les cours de catéchisme étaient obligatoires lorsqu’elle était enfant, elle a été portée par la figure maternelle: "J’ai une maman très spirituelle. Très tournée vers les autres: infirmière de formation, avant de terminer sa carrière au ministère de la Santé, elle a soigné bien des gens. J’aurais voulu faire son métier. Quant à mon père, il était professeur pour les enfants ayant des difficultés d’apprentissage, et il a commencé en tant qu’enseignant dans les prisons pour mineurs. J’ai donc eu la chance d’avoir des parents au tempérament altruiste."

Un humanisme perceptible également chez cette belle "d’âme" qui, à 44 ans, à la fois chanteuse, animatrice, auteure, professeure de yoga et désormais comédienne (notamment dans Léo Mattéï, Brigade des mineurs sur TF1) semble parfaitement accomplie.

Thérèse de Lisieux invoquée pour son fils

Grâce aussi à la maternité: "Je ne sais pas si j’ai atteint un accomplissement, mais j’ai un enfant. Et dans un monde en transition, très individualiste, dans lequel arrive toute cette technologie, où il va falloir faire la différence entre les humains et les robots, qu’allons-nous apporter de plus? Comment y trouver sa place, lorsqu’on est un enfant, qui devra choisir un métier, construire sa vie, s’exprimer? Le fait d’être maman me pousse à réfléchir, à vouloir construire le meilleur."

Maman d’un petit Bixente de neuf ans né avec quatre malformations cardiaques, qui va bien aujourd’hui, elle avait invoqué Thérèse de Lisieux, "par besoin de croire en quelque chose de plus grand que l’humain pour ne pas m’écrouler". Et d’ajouter: "Je n’ose pas prier directement Jésus, Dieu, car parfois j’ai l’impression de déranger, comme une enfant qui importunerait un parent très occupé. Je préfère passer par la grande sœur. Pour moi les saintes, c’est un peu cela."

En finir avec la quête de perfection

Demeurée humble malgré un succès précoce, à l’âge de 15 ans, elle se remémore cette époque où elle avait cessé de se laisser façonner, grâce à Pascal Obispo. "Il m’a dit: ‘‘Tu sais, tu as le droit d’avoir une opinion même si tu n’as pas d’expérience’’. À partir de là, j’ai cessé de dire oui à tout."

Autre déclic, l’expérience Danse avec les stars: "Jusque-là, j‘avais toujours eu l’impression que pour être aimée du public, il fallait que je sois parfaite. Mais après ce premier prime, qui a été émotionnellement très chamboulant, j’ai reçu des messages comme celui de cette maman qui m’avait écrit: ‘‘Ma fille est très exigeante envers elle-même, et d’avoir vu une star s’autoriser à lâcher-prise, ça va sûrement l’aider’’. J’ai compris que les gens ne m’aimaient pas parce que j’étais parfaite, mais parce que je les faisais se sentir bien. Et que mon métier, ce n’était pas de toucher la perfection, ni vocale, ni physique. Mais d’apaiser les cœurs. Et ça a été une belle réconciliation avec moi-même."