Clovis Cornillac en chef torturé et Julia de Nunez en quête de vérité dans le film "La Réparation"

Cinéma Après plus de 10 ans d’absence, Régis Wargnier revient avec « La Réparation », où comment la vérité peut guérir les blessures et réparer les vies brisées.

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Karine Michel Publié le 15/04/2025 à 19:18, mis à jour le 15/04/2025 à 19:18
Clovis Cornillac et Julia de Nunez. Photo Nour Films

Il parle volontiers de Toulon, la ville où il a grandi – "elle est mal aimée cette ville, et rien que ça, ça me donne envie de l’aimer" – et on l’invite, forcément, à venir y tourner.

Régis Wargnier y pense: "Je rêve d’être dans une grande ville, de marcher et au bout, il y a la mer…" L’eau, son élément. "C’est vrai qu’elle est toujours très présente dans mes films", analyse le cinéaste, de passage à Toulon pour présenter son nouveau film, La Réparation.

L’histoire d’une jeune femme qui perd, le même jour dans des circonstances qu’elle ignore, son père et son jeune amant.

Son père est un chef renommé, qui attend sa troisième étoile et qui disparaît le jour de l’annonce… Deux ans plus tard, elle reçoit une invitation pour assister à des rencontres gastronomiques à Taïwan. Elle s’y rend sans se douter qu’elle va découvrir la vérité.

C’est dans le Finistère – "à 20 minutes de chez moi" –, qu’il a trouvé le décor essentiel à la trame. Celui de la disparition: la forêt, dense, traversée par la rivière. L’eau, encore une fois personnage secondaire de cette histoire. À la fois intrigante, dangereuse ou moteur. Réparatrice.

Deux chefs étoilés en cuisine

Voisin, Le Moulin de Rosmadec, table étoilée dirigée par le chef Sébastien Martinez. C’est là qu’il pose ses caméras pour filmer la brigade de cinéma emmenée par Clovis Cornillac.

"Ils ont tout de suite accepté. Le chef voulait absolument participer, c’était une chance pour eux de découvrir le cinéma et ils nous ont aidés à découvrir la grande cuisine."

Ce sont d’ailleurs les employés du chef Martinez qui forme la brigade sur l’écran. "On s’est arrangé pour réaliser la majeure partie du tournage pendant leur fermeture annuelle", poursuit le réal’ encore ravi de l’expérience. Nourrissante.

"Ça a marché parce que Clovis [Cornillac] a tout de suite joué avec eux." Talent d’un acteur qui ne reculera jamais "devant une bonne bouffe, un bon vin". "On a passé deux soirées au Moulin, lors des fermetures, avec le chef, son sommelier… Ce qui est un peu plus dangereux (rires) Et puis surtout, Clovis s'est familiarisé avec les lieux."

Des ingrédients qui ont nourri le récit.

À Taïwan, où se déroule la deuxième partie du film, c’est dans les pas du chef André Chiang que le cinéaste a placé ses caméras, s’installant dans le restaurant de ce grand chef (doublement étoilé) asiatique formé en France, à Montpellier chez les frères Purcell.

"André a fait le parcours inverse du chef de mon film: il a quitté son pays pour se former en France avant de retourner en Asie. A Singapour d’abord, puis sur son île, Taïwan."

La gastronomie comme "décor"? "C’est une bonne école en matière de transmission. Comme le cinéma d’ailleurs", sourit Régis Wargnier.

La transmission, l’un des moteurs de l’œuvre du cinéaste oscarisé pour Indochine. "C’est un aspect dont nous avons beaucoup parlé avec Julia de Nunez. Son personnage, Clara, ne veut pas de cet héritage que son père veut lui léguer."

Inspiration, audace et discipline

C’est le thème de la disparition pourtant, qui lui a donné envie de rompre son silence cinématographique. Des proches touchés par l’absence avec laquelle il faut apprendre à vivre, la police qui arrête les recherches… Wargnier reprend un scénario écrit il y a plusieurs années. Le chef était déjà là aussi, "mais peut-être pas dans la bonne direction". Le film, une réparation pour lui aussi.

"En cuisine, il faut de l’inspiration et de l’audace", dit Clovis Cornillac.

Comme dans le cinéma non? "C’est ce que je pense. Et je rajouterai une chose. En fait, Spielberg dit que faire de la mise en scène, est assez compliqué parce qu'il faut avoir en même temps des choses un peu contradictoires. Il faut être un chef d'armée. Emmener l'équipe au combat mais aussi être ouvert à l'inspiration et à la sensibilité. Il faut être dans la force et l'entraînement. Et en même temps être totalement disponible à un changement, une idée. Une pluie qui arrive qu'on n'attend pas, un rayon de soleil, un acteur qui fait autre chose. Je dirais donc que pour faire du cinéma il faut de l’inspiration, de l’audace et de la discipline."

Notre critique

Dix ans d’absence. Comme si, avec La Réparation, Régis Wargnier nous partageait la trajectoire de vie qu’est celle de son héroïne, Clara: apprendre à vivre avec l’absence.

Pour son retour sur grand écran, il signe une carte qui manque un brin de saveurs, malgré un casting relevé: Clovis Cornillac en chef inspiré mais père torturé, Julia de Nunez (BB dans la série Bardot) en fille en quête de vérité. Julien de Saint-Jean (Arrête avec tes mensonges, Le Comte de Monte Cristo) et le comédien taïwanais JC Lin, brillant de justesse, complètent ce casting 3 étoiles.

Reste que l’histoire nous perd dans les chemins qu’il emprunte pour parler de tous les sujets qui lui tiennent à cœur: la vie, de disparition, la transmission, la réparation. On relève les décors naturels à couper le souffle, aussi bien en France qu’à Taïwan. De jolis grains de sel, pas suffisants cependant pour ne pas laisser le spectateur sur sa faim.


De Régis Wargnier (France), avec Julia de Nunez, Clovis Cornillac, Julien De Saint-Jean... Drame. 1h44. Notre avis: 3/5.

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