Ce mardi 1er juillet, la commune de Breil-sur-Roya a officiellement lancé les travaux de démolition de l’immeuble Guidi. Un chantier hautement symbolique qui marque la fin de quinze années d’attente et le début d’un vaste projet de transformation du centre historique.
Avant: un immeuble vide et condamné depuis 15 ans
L’immeuble Guidi n’a pas attendu la tempête Alex pour poser problème. Déjà condamné et sous arrêté de péril depuis près de 15 ans, il avait été évacué en raison de la présence de gypse dans les sous-sols du village. Ce matériau, instable au contact de l’eau, provoque des affaissements et menaçait l’intégrité du bâtiment.
" Cet immeuble Guidi, si on fait l’exception de la chapelle de la Miséricorde qui avait dû être confortée à la fin des années 80, est finalement le premier édifice à subir les conséquences de ces mouvements de terrain, qui plus tard ont touché l’immeuble de l’ancien bar des Alpins et qui, lors de la tempête Alex, ont touché tous les autres bâtiments de la place Brancion ainsi que l’immeuble de l’hôtel Roya ", a souligné le maire, Sébastien Olharan.
Les premières démarches avaient été initiées sous la municipalité de Joseph Ghilardi, aboutissant à un confortement du bâtiment " pour le faire tenir debout ", notamment à la demande des Bâtiments de France qui souhaitaient une approche globale de la place. C’est ensuite sous le mandat d’André Ipert que l’État a accepté que les Fonds Barnier soient mobilisés exclusivement pour l’immeuble Guidi. Une nouvelle évaluation des Domaines avait permis d’obtenir l’accord de tous les copropriétaires.
Depuis cinq ans, l’équipe municipale actuelle a repris ce chantier: rachat des lots, études techniques, collaboration avec les Architectes des Bâtiments de France, obtention du permis de démolir, consultation des entreprises... Un projet complexe porté par la SPLA (Société publique locale d’aménagement) rattachée à la Carf pour le compte de la commune.
Pendant: un chantier maîtrisé, entre démolition et conservation
Le chantier a été officiellement lancé ce mardi matin, en présence de nombreuses autorités: Laura Raynaud, sous-préfète de Nice-Montagnes; Yves Juhel, président de la Carf; Patrick Cesari, vice-président du Département et président de la SPLA, ainsi que de nombreux élus locaux et anciens maires.
Les travaux ont cependant débuté dès le 26 juin et concernent non seulement la démolition de l’immeuble, mais aussi la sécurisation des bâtiments mitoyens, également fragilisés. Le maire a expliqué que pour éviter un effet domino, une partie de l’immeuble Guidi sera conservée afin de soutenir les édifices situés à l’arrière.
" C’est un projet très important, très onéreux, et qui est le fruit d’un très long travail. Je me réjouis évidemment aujourd’hui de le voir aboutir. Je m’en réjouis d’autant plus que nous l’attendions depuis longtemps. Nous savons ce qu’a coûté à notre village cet immeuble Guidi tenu par tous ces systèmes de contrefort, avec ce périmètre de sécurité qui vous impute une bonne partie de la place Brancion depuis une quinzaine d’années. Et nous avons aujourd’hui réellement le besoin de tourner la page, de retrouver une vraie vie sur cette place. "
Pour les habitants et commerçant, le chantier ne sera pas sans conséquences. Le café des Alpins, actuellement relogé dans un chalet provisoire, restera maintenu pendant toute la durée des travaux, estimée jusqu’à mai 2026.
Le coût total de l’opération s’élève à 3,5 millions d’euros, financés à 75 % par l’État (2,7 millions) et 25 % par le Département (800 000 euros). Le chantier est conduit sous maîtrise d’œuvre d’Aster BTP.
Après: la place Brancion en voie de renaissance
Pour préserver l’harmonie architecturale de la place Brancion, une partie de la façade de l’immeuble Guidi sera reconstituée en "trompe-l’œil": une enveloppe vide mais comportant de vraies arcades et fenêtres, masquant les contreforts nécessaires à la stabilité des bâtiments adjacents.
" Même si tout le monde est heureux de voir aboutir ce projet, c’est malgré tout une forme d’échec collectif de devoir démolir cet immeuble qui a une histoire. C’est une ancienne caserne de chasseurs alpins, remarquable et considérée comme telle par les Monuments historiques, et c’est aussi l’immeuble dans lequel ont vécu et grandi bon nombre de familles breilloises. Ces dernières voient avec une certaine douleur la commune en arriver à cette solution. C’est donc évidemment un aboutissement aujourd’hui, de tourner la page de 15 années de difficultés, mais il y a malgré tout une petite pointe au cœur de voir cet immeuble devoir être démoli", a expliqué le maire de Breil.
La commune prévoit à terme une requalification complète de la place, avec la démolition progressive des bâtiments mitoyens jusqu’à l’A Ca d’Breï (qui n’est pas concernée). Un projet d’envergure estimé à 23 millions d’euros, dont 17 millions déjà financés par l’État via les Fonds Barnier – hors immeuble Guidi.
En s’attaquant enfin à cet immeuble figé depuis 15 ans, la commune tourne une page difficile. Ce chantier ouvre la voie à un projet ambitieux de revitalisation du centre historique, pensé sur le long terme.
Le début d’un long projet de redynamisation et de préservation du centre historique de Breil.
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