Du système D au high tech, les secrets de fabrication de la famille Povigna pour la création des chars du Carnaval de Nice

Depuis des décennies, Jean-Pierre Povigna et les siens règnent sur le monumental carnavalesque. Des fous du roi et du surpassement esthétique autant que technique.

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Christine Rinaudo Publié le 27/02/2025 à 16:30, mis à jour le 27/02/2025 à 16:30
Photo Justine Meddah

Les Povigna. Une monarchie à la niçoise. Plus que des artisans. Des souverains de la démesure. Le roi, la reine, les géants gonflés de technologie et débordant de beauté, cette famille les engendre dans une cour des miracles à sa façon. Hors norme.

Une fois de plus, cette dynastie royale a gratifié le carnaval d’un monarque époustouflant. Sans doute l’un des plus beaux sires issus de son savoir-faire. Un Poséidon d’environ 18 mètres de hauteur, tout en muscles, plein de cheveux ondulés, d’écailles, de couleurs féériques et pailletées voguant sur un vaisseau fabuleux entre le drakkar et le bateau pirate. Apparition somptueuse, devant comme derrière. Monumental et gracieux en même temps.

Une allégorie exubérante. Tout le contraire des Povigna. Les hommes comme les femmes de cette tribu sont taciturnes, silencieux. Des taiseux, pas du tout dans le paraître, ne sollicitant pas la médiatisation. Leur fierté? "Le regard émerveillé du public", répètent-ils en boucle.

Le système D du patriarche

Il y a quand même un sacré talent derrière ce mur de discrétion. Porté par Jean-Pierre, le patriarche, 82 ans. Toujours devant le char du roi. Son char, qu’il prépare au hangar de Richelmi, sa maison. Souvent seul, dès l’aube ou accompagné du tout aussi discret Nordine. Ils n’ont même plus besoin de se parler tant ils sont complices. Les ossatures métalliques, les mouvements, ça les connaît. Petit-fils, fils, neveu de carnavaliers, Jean-Pierre, c’est le système D en bleu de chauffe: "Mon père a amené la ferraille quand tout était encore en bois, nous a-t-il souvent confié. Moi, j’ai pris le relais avec les vérins, que j’allais chercher dans les casses, les pompes, les matières modernes. Je montais des moteurs avec des essuie-glaces. Les mécanismes, c’est nous qui les avons lancés."

À chacun sa mission

Nous… Les 2 fils. Pierre, 57 ans, architecte à la base. Gilles, 50 ans, électrotechnicien. Eux ont fait évoluer Carnaval vers le high-tech en développant les automates géants, les robots sculpteurs de polystyrène, la toile de spi, la mousse Plastazote, les arts de rue… Ils font aussi des manèges, des sculptures gigantesques, travaillent pour des parcs d’attractions en Chine, à Paris, ce qui les familiarise avec de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux, des effets de lumière inédits.

D’autres membres sont entrés dans le cercle pour parfaire Sa Majesté et ses sujets. Marie, 28 ans, et Louanne, 25 ans, les filles de Pierre. La première ponce, peint avec délice. Elle le dit à qui veut l’entendre: "Je veux faire ma vie là-dedans." La seconde, infographiste, s’occupe de la communication, des réseaux sociaux, mais aussi de la peinture, de la couture, des finitions, et grimpe même sur des échasses lorsque la compagnie de son père part en spectacle.

Il y a aussi Françoise, l’épouse de Pierre, la costumière du roi, de tous les mannequins vêtus ou motifs en tissu, des jeunes animant les chars…

Dans la fratrie, Gilles et son épouse, Nadia, qui gère l’entreprise de son mari, ont transmis les gènes festifs à leurs trois fils : Sébastien, 27 ans, qui pilote les engins, soude, assemble les structures, Vincent, 24 ans, à l’aise avec l’électricité, la lumière, l’hydraulique, Jean-Pierre, 19 ans, qui s’initie à la soudure et aide au montage. Une famille, un clan, auquel s’agrège Anthony, le cousin fidèle, volontiers soudeur. Un étonnant club des onze.

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