C'est leur nouvelle destination privilégiée: pourquoi les Américains débarquent sur la Riviera française

C’est le Débarquement depuis l’an passé des Américains qui déferlent à l’est de la French Riviera ! Si la venue de cette population outre-Atlantique a toujours existé sur notre rivage méditerranéen, il semble que cette fois, cet afflux soit d’une ampleur inégalée vers Menton qu’elle choisit comme destination privilégiée sur la Côte d’Azur.

Au premier abord, plusieurs explications sont avancées: le microclimat de la Cité des citrons, la douceur de vivre loin des catastrophes naturelles ou de l’ère trumpiste... Un constat que fait depuis près d’un an Sébastien Loffredo, qui tient l’Agence du Grand Palais avenue Édouard VII à Menton.

"Cela fait trois générations que ma famille a connu des vagues de clientèles étrangères dans son agence immobilière, et notamment les Italiens, qui cherchent désormais à revendre leurs biens car ils sont trop taxés. Mais, je n’ai jamais vu ça! Depuis près d’un an, on assiste à une arrivée massive d’Américains, et pour être complet, il y a aussi des habitants en provenance du Royaume-Uni, d’Europe du nord, de Belgique, de Suisse et des pays asiatiques qui cherchent à s’installer sur notre territoire, mais pas dans les mêmes proportions" précise le professionnel, qui est très actif sur les réseaux sociaux et reçoit régulièrement des demandes émanant des États-Unis. "On se met à leur disposition en leur proposant des biens par visio, qu’ils sélectionnent avant de prendre leur billet pour venir les visiter, mais aussi pour découvrir la ville, ses jardins, etc. Ils apprécient le caractère indépendant de notre agence, cela les rassure dans leur recherche, eux qui ont l’habitude des mandats exclusifs immobiliers dans leur pays".

Une terre magique et de... contrastes

Si les Alpes-Maritimes ont toujours été une terre propice à leur accueil, les curseurs se sont déplacés à l’extrême est du département, là où ils peuvent accéder à un immobilier moyen ou haut de gamme – à partir de 250.000 euros pour une petite résidence secondaire et jusqu’à 2 M d'euros en moyenne –, qui est à leur portée et sans avoir à faire de crédit. Il y a aussi ceux qui visent des biens prestigieux, comme cette villa mentonnaise, située sur les hauteurs de Garavan, qui est en cours de négociation à 5,5 M d'euros.

"Ces acquéreurs ont la plupart du temps entre 60 et 65 ans, ce sont des cadres supérieurs, des militaires à la retraite, mais il y a aussi des familles avec un fort pouvoir d’achat. Les jeunes essaient d’abord de gérer à distance leur entreprise par le télétravail avant de s’installer définitivement ici" fait remarquer Sébastien Loffredo.

"Et c’est un plus pour Menton, car non seulement, ils sont des consommateurs de qualité, mais ils développent aussi des projets professionnels impliquant souvent leur nouveau lieu de résidence. La ville est devenue attrayante aussi pour les actifs".

Si certains d’entre eux retrouvent à Menton et Roquebrune-Cap-Martin un peu de leur Californie natale, sans les violents incendies et autres perturbations naturelles, d’autres apprécient le cadre de vie de la Riviera française, son microcosme, son ambiance préservée, où tout est à portée de mains.

A la recherche d'un "havre de paix"

"Ils ont l’habitude des grands espaces, et ce qu’ils recherchent ici, ce sont des maisons en périphérie avec un petit terrain ou une piscine, ou des immeubles avec un certain cachet, et pas forcément dans des quartiers résidentiels. Ils aiment les endroits pittoresques, comme la vieille ville de Menton, même si tout est pédestre... Un havre de paix où ils se sentent en toute sécurité" décrit le professionnel mentonnais.

Quand Ellen, nouvelle acquéreuse, parle de Menton, elle évoque "le parfait équilibre entre les contrastes sur cette terre magique... J’aime beaucoup son caractère vibrant et plein de vie mais aussi sa tranquillité, ses parfums enivrants qui se mêlent à une lumière extraordinaire, sa délicieuse fusion entre trésors français et italiens, que ce soit dans la cuisine ou l’architecture, son atmosphère détendue et ses rues bien entretenues, la simplicité des habitants...".

Thierry Chevallier, le président de l’association France - États-Unis French Riviera & Monaco, basée à Menton, confirme aussi cette tendance avec pas moins de 80 personnes, qui ont demandé à rejoindre son association depuis quelques mois. Pour être aidées dans leurs démarches d’installation.

Ils fuient Cannes... et Nice!

"La France reste leur pays de référence. On a le rêve américain, ils ont le rêve français! Certes, il y a eu l’effet Trump, mais ça reste modéré, car la situation politique tend à se stabiliser après toute une période d’annonces et de mesures hâtives" explique le spécialiste, qui se rendra aux cérémonies du D-Day en Normandie dans quelques jours. "Ils sont originaires de Californie, de Caroline du Nord, de Virginie, du Texas ou de la banlieue de New York... Et fait nouveau, certains sont venus vivre à Menton, après être passés par l’ouest du département, notamment Cannes qui a longtemps été une destination pour les Américains, mais qu’ils ont décidé de quitter, en raison de l’insécurité qui règne dans certains quartiers, malgré le travail du maire. Ville du Festival, Cannes est chère et peu accueillante selon eux. Menton est tout l’inverse... et également à 1h30 des stations de ski!".

Il semble que la métropole azuréenne, Nice, commence aussi à faire les frais de leur insatisfaction, toujours au profit de la cité frontalière mentonnaise.