Cette association propose aux femmes victimes de violence des ateliers de sport pour reprendre confiance en soi

Lucie n’ira pas jusqu’à donner son vrai prénom, mais de son propre aveu, elle n’aurait jamais parlé à la presse il y a de ça un mois.

Victime d’une agression dans sa résidence il y a deux ans, cette trentenaire a repris confiance en elle grâce à l’atelier S-team, destiné à des femmes victimes de violences ou en précarité.

Des séances de dépense physique et de relaxation à la Maison des sports de Cagnes-sur-Mer, comme celles de ce samedi, sont initiées par un policier national, Vincent.

"Ce n’est pas de la boxe pure, ni de l’autodéfense. Il faut 20 ans de Krav-maga pour désarmer quelqu’un. Je me sers de la boxe pour redonner confiance à ces personnes, à travers des postures, une attitude… Et leur regard change", précise-t-il.

"Reprendre possession de ses moyens"

La proposition du représentant des forces de l’ordre a trouvé un soutien auprès de la commissaire Audrey Basquin, puis de la Ville de Cagnes-sur-Mer. Et, c’est l’association Harpèges qui encadre le tout.

"On voulait viser les femmes qui ont eu un parcours compliqué, avec des violences ou de la précarité, explique Elisabeth de Burlet, directrice du pôle socio-judiciaire de l’association. L’objectif est de reprendre possession de ses moyens, de s’affirmer. Certaines personnes s’en sortent avec l’appui juridique ou psychologique, mais d’autres ont besoin de compléments."

"En arrivant ici, je n’avais aucune confiance en moi, retrace Lucie. Mon estime, c’est comme si elle avait été percée. Les premiers ateliers, j’étais incapable de rattraper une balle. Avec la motricité réaffirmée, il y a eu un alignement de mon corps et de mon esprit. Je ne suis pas dans la colère ou la vengeance, mais j’arrive à m’exprimer, avec ces mots qui ne vont pas mettre des étincelles."

"Ici, on se remuscle le cerveau"

Après avoir été violentée par un voisin dans sa résidence, elle a été orientée vers cet atelier. Elle essaie de combattre un syndrome post-traumatique puisqu’elle vit toujours au même endroit, son cerveau "pense que c’était hier".

Et puis, il y a cet engrenage. Le fait d’avoir été victime qui vous plonge, vous condamne à être de nouveau victime. "Avec cette agression et cette confiance perdue, inconsciemment, j’attirais des gens agressifs. Je le vois encore quand je suis fatiguée. Ça ne se fait pas en un jour, mais cet atelier, ça muscle. Ici, c’est ça qu’on fait: on se remuscle le cerveau".