Le maire Jean-Jacques Raffaele a été clair. Il ne voulait pas de ce projet dans sa ville. Dans les cartons depuis plusieurs années, la construction de 50 logements au 600 route de Nice (situé en contre-haut de la Grande corniche, à l’Ouest de la Turbie) verra bien le jour sur la commune. Pourtant, trois permis avaient été déposés par un bailleur pour trois refus de la municipalité.
La raison? "La commune avait des arguments juridiques au niveau du PLU", avance Jean-Jacques Raffaele, qui pointe du doigt l’impact de ce projet sur le paysage. "Nous pouvions faire appel mais si on perdait sur un projet comme celui-ci, on aurait pu nous demander une somme importante en dommages et intérêts, regrette l’édile. On aurait engagé des risques financiers avec l’argent des Turbiasques. Le maire doit prendre sa responsabilité et connaître la limite pour savoir où s’arrêter. un moment donné il faut dire stop. J’estime être allé au bout de la procédure."
"Un permis qui impacte le moins possible le paysage"
Même s’il s’est avoué vaincu sur le terrain juridique, Jean-Jacques Raffaele a tout de même souhaité ouvrir des négociations, se sachant dans une position délicate pour trouver un accord. "Le promoteur n’était pas obligé de venir discuter à notre table. Il aurait même pu demander des dommages et intérêts étant donné que le temps judiciaire est un temps long. On a fait appel en disant qu’on le retirerait si on trouvait un compromis avec le promoteur. L’idée était de se mettre d’accord, même si je ne suis pas favorable à ce projet et je l’ai dit au promoteur, sur un permis qui impacte le moins possible le paysage."
Résultat, une petite victoire au goût amer. "On a trouvé un compromis qui nous paraissait être, des trois permis qui avaient été déposés, celui qui posait le moins de préjudices visuels à la commune avec un logement plus restreint. Les autres permis prévoyaient entre 60 et 68 logements. Là, nous en sommes à 50 appartements avec un projet un peu plus valorisant au niveau paysager et 30% de logement social."
Vers une modification du PLU pour s’éviter un bis repetita
Lors du dernier conseil municipal, le protocole d’accord avec le bailleur a été officiellement approuvé après le vote de la délibération. Celle-ci a recueilli trois voix contre, par l’opposition représentée par Jean-Philippe Gispalou et Bernadette Keraudren ainsi que Valentin Lopez qui siège de manière indépendante.
La page désormais tournée, Jean-Jacques Raffaele entend modifier le plan local d’urbanisme (PLU), avancé dans la ligne de défense de la commune pour empêcher le projet de voir le jour. Et ce, pour éviter de voir d’autres projets de ce genre fleurir à La Turbie. "Dans la révision du PLU, c’est ce qu’on prépare pour l’année prochaine, promet l’édile. Il faut éliminer un certain nombre de lignes qui laissent des portes ouvertes à l’interprétation. C’est le travail qu’on a mené avec le bureau d’études. On essaie d’être le plus précis possible."
Une zone verte qui pose question
Car c’est la dimension environnementale – entre autres – qu’avait souhaité défendre le maire de La Turbie. La parcelle sur laquelle se situe le projet, se trouve en bordure de route mais surtout "en limite de zone biotope et Natura 2.000". Ainsi, Jean-Jacques Raffaele dit s’étonner de l’absence d’indignation de l’Association pour la protection du patrimoine et de l’environnement de La Turbie (Appelt) qui s’était opposée au maire et au projet de centre de vélo à la Tête de Chien. "Cette association qui se dit de la protection de l’environnement et de la qualité de vie des Turbiasques n’a pas bougé le petit doigt, peste l’édile. Je ne suis pas étonné mais c’est étonnant qu’une association de défense de l’environnement ne réagisse pas alors qu’on va probablement couper une centaine d’arbres."
"Ce terrain n’a aucun intérêt"
Réponse du président de l’Appelt. "La parcelle concernée n’est pas protégée, ce qui ne permet pas de dire que la construction n’a pas lieu d’être, réagit Bruno Lopez qui se définit comme un citoyen turbiasque défendant des projets pour sa commune et non comme un écologiste. D’autant que les documents administratifs prévoient cette zone comme un endroit à bâtir. C’est un lieu privé donc on ne peut pas proposer un projet de protection et de mise en valeur publique contrairement au site de la Tête de Chien qui est la propriété de l’établissement public foncier. Aussi, il n’y a pas de passage sur ce terrain, là encore opposé aux 150.000 visiteurs de la Tête de Chien. Et puis ce terrain n’a aucun intérêt. Il n’est pas un promontoire. D’accord il y a une forêt mais elle est sur un flanc de la montagne dans la continuité construite du village."
Toujours est-il que le projet, dont le permis de construire purgé de tout recours a été validé, entre en phase de précommercialisation pour un début des travaux en fin d’année ou début 2026.
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