"Impensable de laisser les automobilistes sans solution à cause d’un airbag défectueux", le ministre des Transports Philippe Tabarot impose de nouvelles obligations aux constructeurs

Le ministre des Transports avait haussé le ton après la mort d’une automobiliste en juin à Reims. Il annonce imposer de nouvelles obligations aux constructeurs.

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Denis Carreaux Publié le 25/07/2025 à 04:30, mis à jour le 25/07/2025 à 08:00
Pour le ministre des Transports Philippe Tabarot, " aucun automobiliste ne doit voir ses vacances compromises ". Photo François Vignola

Que dites-vous aux milliers d’automobilistes dont les vacances sont gâchées par l’immobilisation de leurs véhicules équipés d’airbags Takata?

Aucun automobiliste ne doit voir ses vacances compromises à cause d’un airbag défectueux. J’ai exigé que chaque personne concernée par une mesure de rappel urgente ait droit à un véhicule de remplacement le temps de la réparation, dès lors que le délai d’obtention d’un rendez-vous dépasse quinze jours. Elle peut aussi demander une intervention à domicile. C’est une obligation des constructeurs, je ne transigerai pas. Les airbags Takata présentent un risque grave pour la sécurité, potentiellement mortel. Ma responsabilité, en tant que ministre des Transports, est de protéger les automobilistes. Depuis ma nomination, ma ligne est claire: fermeté à l’égard des constructeurs et accompagnement des usagers, qui ne doivent pas être pénalisés. Ces mesures peuvent être impopulaires, mais elles sont indispensables.

Combien sont concernés?

Environ 1,7 million de véhicules font actuellement l’objet d’un rappel urgent ("stop drive"). 400.000 ont été réparés au dernier trimestre. C’est un progrès, mais il faut accélérer. J’appelle chaque conducteur à vérifier si son véhicule est concerné: chez son concessionnaire, en ligne sur le site du ministère ou du constructeur, avec le numéro d’identification du véhicule à 17 chiffres de la carte grise. Les rappels relèvent des constructeurs, mais chacun doit se mobiliser.

Notre région est-elle plus touchée que d’autres?

Ces airbags se dégradent sous l’effet de deux facteurs: un climat chaud et humide et l’ancienneté du véhicule. En France, les territoires d’Outre-Mer ont été touchés les premiers, puis la Corse et le Sud de la France. Aujourd’hui, tout le territoire national est concerné.

Y a-t-il des véhicules plus à risques que d’autres?

La situation de chaque modèle est différente, selon son âge, son type d’airbag, son exposition à l’humidité. C’est aux constructeurs de déterminer le niveau de risque pour chaque modèle, après avoir réalisé des tests. Les véhicules concernés par un rappel urgent doivent être réparés en priorité.

Quand sera publié le nouvel arrêté que vous avez annoncé à la suite du drame de Reims?

Il sera publié dans les prochains jours. Mais la mise en œuvre a déjà démarré.

Que contient-il?

L’arrêté impose de nouvelles obligations de sécurité aux constructeurs, notamment: délais moyens de réparation fixés à 15 jours pour les rappels urgents, stock minimum d’airbags disponibles, et surtout, mise à disposition obligatoire d’un véhicule de remplacement pour tout rappel urgent. Il était impensable de laisser les automobilistes sans solution.

Ces mesures seront-elles suffisantes?

Elles sont fortes, fermes et cohérentes avec la situation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ma boussole, c’est la sécurité. Si d’autres actions s’imposent, elles seront prises.

Les réponses des constructeurs sont-elles au niveau de l’enjeu?

À mon arrivée le 24 décembre, j’ai tout de suite constaté que les rappels étaient trop lents et qu’il y avait un manque de réactivité chez certains constructeurs. J’ai eu des échanges francs et directs avec eux. Aujourd’hui, ils sont mobilisés et déterminés à accélérer le rythme des rappels. Mais il ne faut pas oublier que le premier responsable de la situation, c’est la société Takata.

Comment se partagent les responsabilités entre Takata et les constructeurs?

Takata savait que ses airbags présentaient un risque de sécurité grave. Elle a menti pendant des années à ses clients constructeurs, et ainsi mis en danger la vie de millions d’automobilistes dans le monde. Cela étant, selon la loi, la responsabilité des rappels de véhicules incombe aux constructeurs qui ont l’obligation d’y procéder. Ce sont eux qui doivent identifier les véhicules concernés, prévenir les propriétaires, et mettre hors de nos véhicules ces airbags. Des sanctions financières sont prévues s’ils ne respectent pas leurs obligations.

Vous avez confié une mission à l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable. Quand rendra-t-elle ses conclusions?

La mission touche à sa fin. Ces rappels sont inédits par la nature du problème et leur ampleur. Plusieurs dizaines de millions de véhicules sont concernées dans le monde. La France n’est pas épargnée. J’ai souhaité un regard indépendant sur la manière de mieux encadrer ces rappels. Nous tirerons tous les enseignements des recommandations qui nous seront faites.

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